«En venant ici à la CAN on avait de gros objectifs, il ne faut pas se mentir» Triste comme tous ses camarades, après cette défaite subie contre le Togo, synonyme d'élimination, le capitaine Lacen pense que maintenant que tout est joué pour l'EN, il faudra regarder l'avenir avec optimisme et penser dès maintenant aux prochaines échéances. Entretien. Comment expliquez-vous cet échec, après deux matchs perdus ? Dans l'ensemble, je dois dire qu'on a manqué d'expérience. Ils étaient trois ou quatre joueurs à avoir fait la dernière CAN, donc on peut dire qu'on a manqué d'expérience. Sur ce match face au Togo, je ne dirai pas que c'est l'expérience seulement qui nous a fait défaut, je pense qu'on a plutôt manqué de réalisme devant le but. Maintenant que vous êtes hors course, peut-on sincèrement endosser la responsabilité de cette élimination au coach Vahid Halilhodzic ? Non, je ne le pense pas. Il ne faut pas remettre en cause les choix du coach ni l'énorme travail effectué par le staff technique depuis pratiquement un mois. C'est vrai qu'on avait nourri beaucoup d'espoirs sur cette CAN, mais il faut rester lucides dans nos analyses. N'oubliez pas qu'il a réussi un travail exceptionnel depuis son arrivée, donc avec le potentiel énorme de cette équipe, le mieux c'est de continuer à travailler pour se remettre et préparer les prochaines échéances, surtout qu'on va se renforcer lors des prochains mois. C'est la déception dans le camp des Verts ? Il ne faut pas se mentir : avant notre arrivée ici à la CAN, on avait de gros objectifs. Qu'est-ce qui vous a empêchés de réaliser un meilleur parcours ? Peut-être que nous nous sommes vus trop beaux et puis le résultat est là. Il est clair, c'est deux matchs, deux défaites, zéro point et zéro but marqué. Les éliminatoires de la Coupe du monde approchent, on ne peut pas dire que c'est la meilleure manière de se rassurer et de prendre confiance avant cette échéance... C'est sûr, ce soir (samedi) c'est très dur pour tout le monde de penser à cette échéance. On doit d'abord se remettre de cet échec, après on aura le temps de se remettre en question pour revoir les choses qui n'ont pas marché, ce soir (entretien réalisé après le match). On ressent un seul sentiment : la déception. L'ambiance est comment dans le vestiaire ? C'est très triste pour tout le monde. Pour les joueurs qui ont joué et ceux qui n'ont pas participé à ce match. On avait l'ambition d'aller loin dans cette CAN, mais la réalité est là, on est éliminés. Ne regrettez-vous pas ce premier match de la Tunisie, largement à votre portée ? Ecoutez, tous les matchs se jouent pour être gagnés. Face à la Tunisie, on a eu de belles occasions, mais on n'a pas su en profiter, c'est cela notre plus grand regret. Ne croyez-vous pas qu'on aurait pu opter pour un autre choix tactique ? Non, je n'ai pas envie de parler de ça. J'ai déjà dit que le système mis en place par le coach était bien, du moment que nous avons fait le jeu lors des deux matchs. Maintenant, je vous laisse le soin d'en juger. Contre la Côte d'Ivoire, ça va être comment, un match de plus ou quoi ? Non, on va bien le préparer. On a un honneur et une fierté à défendre. On va jouer pour le gagner. On va essayer de quitter cette Coupe d'Afrique sur une bonne note en gagnant et en mettant des buts. Un dernier mot ? Je sais que tout le monde est déçu de cette élimination, nous en premier, c'est pour ça que j'ai envie de demander pardon au public, surtout à ceux qui se sont déplacés jusqu'ici. On est vraiment désolés. ---------------------- Très touché, le coach a apprécié la position de ses capés Vahid Halilhodzic, seul responsable de l'échec des Verts, cela peut paraître évident pour certains, mais les joueurs ne l'entendent pas du tout de cette oreille. Il faut dire que tactiquement et physiquement, les Verts étaient irréprochables, tant ils ont outrageusement dominé leurs adversaires. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les joueurs de l'EN ont tenu à montrer toute leur solidarité avec Halilhodzic. Ce dernier, très touché par la correction de ses capés, a apprécié. ---------------------- Les joueurs solidaires avec Halilhodzic Les joueurs de l'EN ont affiché leur soutien au coach Vahid Halilhodzic. Les coéquipiers de Sofiane Feghouli ne veulent pas entendre parler du départ de leur coach. Solidaires avec leur entraîneur, ils l'ont clairement signifié à Halilhodzic lors de la réunion improvisée, tenue quelques instants avant le départ pour la séance d'entraînement de la matinée consacrée, pour rappel, au décrassage. D'autres n'ont pas attendu la matinée de l'entraînement pour lui afficher leur soutien. Ils sont allés le soir du match dans sa chambre pour le consoler. ----------------------- L'inexpérience n'explique pas tout ! L'entraîneur national, Vahid Halilhodzic, à l'instar de l'ensemble de ses joueurs, a mis en avant l'inexpérience de ses joueurs et le manque de réussite chez certains attaquants de son effectif, pour expliquer une élimination amère, compte tenu des prestations loin d'être mauvaises sur le plan du jeu des Verts. Si pour cette inefficacité, qui nous fait défaut depuis maintenant quatre matchs officiels, tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit bien de la malchance, il reste que l'inexpérience de ses éléments dans cette CAN demeure un vrai-faux prétexte. La Tunisie et le Togo sont dans la même situation que nous En effet, si on compare la moyenne d'âge des Tunisiens et des Togolais eux aussi, pour la plupart d'entre eux, en sont à leur première participation à une phase finale de CAN, c'est dire que cet alibi de manque d'expérience ne tient pas la route. En tout cas, si c'était vraiment le cas, pourquoi l'entraîneur national s'est alors passé des services de certains éléments au capital expérience non négligeable, à l'image d'un Karim Matmour, Karim Ziani ou Madjid Bougherra ? C'est vrai que Bougherra n'est pas au mieux de sa forme, mais Cadamuro, qui ne compte pas plus d'un match dans ses jambes ou Rafik Halliche, auteur de trois apparitions cette saison avec son club, ne sont pas en grande forme. Du moins, c'est ce que nous avons pu constater lors des deux précédentes rencontres des Verts. C'est l'avis même du sélectionneur national qui a tenu à le signaler lors de la conférence de presse d'après-match : «C'est vrai que certains de mes joueurs ont manqué d'expérience sur certaines situations de la rencontre, mais cela n'explique pas tout. On a raté des occasions nettes et on a commis deux erreurs de placement en défense qui nous ont coûté cher.» Un axe inédit en match officiel, c'était risqué On doit dire que Vahid Halilhodzic a bousculé les habitudes dans cette Equipe nationale, mais il reste que sur certains choix, le driver des Verts s'est peut-être précipité à prendre des décisions décisives. Les techniciens sont unanimes, un axe inédit devant un attaquant de la trempe d'Adebayor était un pari risqué. Si sur la majorité de la rencontre, cela semble avoir bien fonctionné, il n'en demeure pas moins que sur le premier but encaissé, l'entente entre les deux défenseurs centraux n'était pas parfaite. Et ce n'est pas cette grande explication entre Halliche et Belkalem, survenue juste après l'ouverture du score des Togolais, qui va nous contredire. Les changements poste pour poste n'ont rien apporté Le système de jeu mis en place par Vahid Halilhodzic contre le Togo est, de l'avis des spécialistes, irréprochable sur le plan du jeu, mais ce qu'on a reproché notamment au sélectionneur national, ce sont ces changements, poste pour poste, effectués vers la fin du match. Il faut dire que les présents parmi les consultants des différentes chaînes algériennes et étrangères n'ont pas compris l'incorporation de Bouazza à la place de Lacen qui était avec Feghouli de loin l'un des meilleurs éléments algériens sur le terrain. Certains estiment que l'apport d'un joueur aux qualités techniques indéniables, comme Boudebouz, aurait peut-être pu faire changer la donne, notamment dans les ultimes moments de la rencontre où la défense togolaise s'est regroupée derrière. Il aurait fallu faire entrer un technicien capable de porter le danger dans la surface adverse et aller provoquer en dribble l'arrière-garde togolaise qui n'a eu aucun mal à repousser les multiples centres des Algériens en direction de Slimani et Soudani, toujours hors champ dans cette CAN.