«Je rêve d'entraîner Messi au Barça. J'ai le droit de rêver, non ?» «Ronaldo est un animal» «El Kun serait la solution pour l'avenir du Real» Diego Armando Maradona a accueilli Marca à l'hôtel Palace de Madrid, quelques instants avant de s'envoler à Manchester à bord d'un jet privé, pour aller rendre visite à son petit-fils Benjamín et à sa fille Giannina, et en profiter pour assister au match United-Real Madrid d'aujourd'hui. Quand il est en confiance, le numéro 10 est très divertissant. Il se passionne vite en expliquant «son» football et il souhaite encore redescendre sur le terrain pour faire ce qu'il aime : entraîner à défaut de jouer. Pendant une demi-heure, Maradona a parlé de Mou, Pep, CR7 - qu'il admire baucoup - et, naturellement, de Messi. Vous aviez envie de parler de l'Espagne. Qu'est-ce qu'il y a de nouveau ? A Dubaï, on ne voit pas beaucoup de football, il y a des matchs, mais il n'y a pas de foot. En plus, les commentaires sont en arabe, je ne sais donc pas si les joueurs vont à droite ou à gauche, si c'est X qui a joué ou c'est Y. Comment avez-vous trouvé les derniers Clásicos ? Les avez-vous tous vus ? Oui bien sûr, je n'en ai raté aucun. Et ? Ils sont plus équilibrés qu'avant, évidemment. Il me semble que Mourinho a profité de la mauvaise préparation du Barça en été. Que voulez-vous dire par là ? Je veux dire que le Barça a effectué une très mauvaise intersaison. Ils sont allés jouer directement des matchs amicaux parce qu'on leur a donné des fortunes, que ce soit en Malaisie ou en Chine. On m'a appris que le travail effectué en été, c'est la base pour toute l'année, et la base, on ne peut pas l'avoir en jouant des matchs amicaux, on l'acquiert en s'entraînant matin et soir. Moi, je suis un défenseur de l'entraînement avec ballon. Je ne croirais jamais qu'il faut courir 50 kilomètres pour être prêt. Quand je vois les kilomètres que parcourent les cyclistes, je me dis qu'ils sont fous, oui c'est vrai, ils sont fous. Y a-t-il un changement de tendance dans les rencontres Real-Barça, après la domination totale du Barça de Guardiola ? Pep et Mou sont deux grands qui jouaient au jeu d'échecs. Aujourd'hui, Mou joue seul, même si Tito est un charmant garçon à qui je souhaite un prompt rétablissement, et un grand technicien, mais Pep a donné un sens au jeu collectif du Barça. Sans lui, le Barça s'est complètement démembré. Au lieu de faire trois passes pour arriver au but et marquer, on fait autre chose. Ils font plusieurs passes sans aucun sens. Le Barça est à mon avis fatigué, en face d'une équipe du Real remplie de remplaçants, il n'a jamais convaincu. Et Messi, qu'est-ce qu'il a ? (Diego élève le ton) Si on veut l'appeler Lionel, d'accord ; mais si on veut l'appeler le Sauveur, ce n'est pas son nom. Je veux être juste, que tout le monde me comprenne parce que je n'ai pas envie de le défendre pour le défendre, mais je ne veux pas non plus le critiquer injustement. Messi ne peut pas sauver le Barça dans tous les matchs. Que les gens se mettent bien en tête qu'il s'appelle Lionel, qu'il ne s'appelle pas le Sauveur comme ce raté de Bilardo (Ndlr. Maradona et Bilardo ne se supportent plus depuis le dernier Mondial-2010). Il s'appelle Leo. Le Barça passe par des moments compliqués et Messi, à l'intérieur de cette structure, va mal comme beaucoup d'autres joueurs qui ont effectué une mauvaise préparation. En été, on le faisait jouer 60 minutes dans des matchs qui n'avaient pas de sens parce que les organisateurs payaient pour ça. Finalement, on l'a fondu comme on a fondu beaucoup d'autres joueurs dans l'équipe. Mourinho en a tiré profit. Le Real a mieux planifié sa saison que le Barça. On dit en Espagne que CR7 est légèrement au-dessus de Leo au jour d'aujourd'hui. Etes-vous d'accord ? Non, même au jour d'aujourd'hui. Je ne crois pas que deux matchs ratés peuvent tuer Messi qui met cinq buts par match. Ce n'est pas possible. Les gens croient que Cristiano est meilleur, moi je dis que CR7 a toujours été ce qu'il est, un phénomène, il n'est pas plus fort maintenant ni plus faible dans un passé récent. C'est un animal. Je l'ai rencontré samedi et il m'a paru encore plus grand, il m'a paru un géant. En plus, c'est un grand professionnel qui a toujours envie de jouer. On ne peut pas accuser Messi de tous les maux parce que le Real a perdu deux matchs ni affirmer que Ronaldo est plus fort parce que le Real a gagné deux matchs. Je ne vois pas les choses comme ça. Vous même avez vécu ça durant toute votre carrière. A chaque fois que Naples ou l'équipe d'Argentine perdait deux matchs, vous étiez systématiquement montré du doigt... Mais, je n'ai jamais perdu deux matchs de suite (il rit franchement). Il paraît que Mou va partir. Manquera-t-il au Real ? Evidemment. Les grands nous manquent toujours. Et Mou en est un, comme Pep. A Barcelone, on le pleure jusqu'à maintenant. L'autre jour, vous avez surpris tout le monde en disant que vous étiez plus grand que Messi. Non, j'ai dit que ma mère, de là où elle se trouve dans le ciel, dira toujours que je suis le plus grand de tous, mais la mère de Messi dira aussi que Leo est le plus grand. Je n'ai pas dit et je ne dirai pas que je suis meilleur que Leo. Non, non et non ! Ce que pensent les mamans est normal, c'est l'amour d'une mère. En aucun cas, je n'oserai dire que je suis meilleur que Messi. J'ai été avec Leo au Bernabéu et il tombé dans mes bras. Je l'aime beaucoup et mon rêve, c'est de le rencontrer un jour au Barça. Ce n'est qu'un rêve car je n'ai pas envie d'avoir des problèmes avec Tito, s'il vous plaît. Mais samedi quand j'ai vu Mascherano et Messi sortir du vestiaire, mon cœur a commencé à battre la chamade. J'ai le droit de rêver, j'ai le droit de vouloir entraîner un jour Leo au Barça. Je l'ai félicité pour son fils, même si je l'avais déjà fait au téléphone. Qu'est-ce qu'il vous a dit ? Vous savez ? Parler au téléphone avec Messi, c'est comme essayer de parler avec Obama, c'est presque impossible ! C'est incroyable (il rit encore). Ne nous dites pas qu'il est plus difficile de parler avec lui que de parler avec Maradona. Ben, je ne sais pas. Nous sommes à égalité, je crois. Il y a deux ans, vous nous aviez dit que Kun Agüero est destiné à jouer au Real. Vous le voyez toujours au Bernabéu ? El Kun serait la solution pour l'avenir du Real et le complément parfait de Ronaldo. Sergio, c'est le mouvement pur, alors que Benzema et El Pipita sont deux tanks impressionnants qui écrasent les défenseurs, certes, mais qui gênent CR7. Un jour, Cristiano se mettra devant l'un des deux pour être à l'aise. Parfois, je pense qu'ils vont devoir mettre un feu rouge pour réguler la circulation entre eux. Que peut apporter El Kun au Real à votre avis ? Il créerait de l'espace à Cristiano. Ce serait spectaculaire. Je le vois encore à Madrid, même si en vérité, il est heureux à City. Bon, c'est vrai que vivre à Manchester, c'est comme si on est dans un congélateur (Diego se tord de rire). Pepe est un grand joueur qui perd parfois la tête. Etes-vous d'accord avec cette affirmation ? Ecoutez, Pepe est un joueur de mon époque, il donne tout à chaque duel. Il est prêt à tuer, à mourir, comme le faisaient 95% des joueurs de mon époque. Carrete (Ndlr : joueur mythique du FC Valence) a réalisé un retourné acrobatique avec ma bouche. Goicoechea, par exemple, m'a ruiné ce jour-là. Un autre exemple des joueurs de notre époque, c'est Maceda, le grand blond du Real Madrid qui, lors de la finale de la Coupe du Roi face au Barça, sortait du vestiaire très beau avant de casser la jambe de Migueli. Qu'il plaise ou non aux gens, moi j'aimerais avoir Pepe dans mon équipe. Je ne souhaiterais jamais l'avoir en face. Après Mou, qui pourra venir au Real ? Je ne vois pas un successeur possible à Mourinho. Autre chose, c'est ce que veulent inventer les journalistes qui prétendent que son caractère ne plaît pas aux dirigeants. Mais mon opinion est qu'il n'y a pas de possible successeur pour lui. Qui vont-ils ramener ? L'autre jour, j'ai lu un truc du philosophe Valdano qui disait que le successeur devrait être un technicien espagnol, mais quel est l'entraîneur espagnol qui va venir ? En plus, en Espagne, il y a une sorte de cercle vicieux entre techniciens espagnols. Míchel s'en va, on ramène Emery à Séville. Celui-là part, on ramène celui-ci. On parle de Rafa Benítez. Mais lui, il est à Chelsea. Rafa est un bon entraîneur, mais ça s'est mal passé pour lui à l'Inter. Pour terminer, croyez-vous que le Real se qualifiera à Manchester ? Ça va être une bataille entre deux équipes expérimentées. C'est un choc ouvert, je crois. Le Real n'aura pas la partie facile.