Les terrains et les hôtels, les chantiers prioritaires. Mohamed Raouraoua ne s'en est pas caché : la FAF compte sérieusement déposer la candidature de l'Algérie à l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations 2019. 23 ans après la seule et dernière fois que notre pays a abrité le plus grand rendez-vous du football africain, il était vraiment temps qu'il postule à nouveau à l'organiser, d'autant plus qu'il n'est pas moins loti, sur les plans de l'infrastructure et des moyens, que certains des pays qui ont accueilli cette compétition bisannuelle ces dernières années. Aucune CAN organisée en Algérie depuis 1990, c'est frustrant ! Dans le cas où la candidature de l'Algérie se confirmerait et que l'organisation de l'édition de 2019 lui serait attribuée, 39 ans auront passés depuis 1990, une éternité pour un pays du football comme l'Algérie. Chez beaucoup d'Algériens, c'est même un sentiment de profonde injustice qui prévaut. En effet, ce n'est pas logique que la Tunisie, le Ghana et l'Afrique du Sud aient abrité la CAN à deux reprises après 1990, et pas l'Algérie. Certes, le pays avait vécu une période sécuritaire difficile durant les années 90, ce qui rendait délicat l'organisation de manifestations de grande envergure, mais il s'est relevé de cette douloureuse parenthèse et a donné la preuve, en diverses occasions, de ses capacités organisationnelles. Les terrains et les hôtels, les chantiers prioritaires Pour pouvoir se faire octroyer l'organisation d'une phase finale de Coupe d'Afrique des nations, trois paramètres fondamentaux doivent être réunis, en sus, bien sûr, de l'engagement de l'Etat à s'investir dans l'événement : des infrastructures aux normes internationales pour les matchs et les entraînements, des capacités hôtelières raisonnables afin d'accueillir les délégations participantes, les officiels, les représentants des médias et les supporters étrangers et des aéroports dans les villes devant abriter la compétition. Ce sont des chantiers prioritaires sur lesquels les autorités algériennes doivent accélérer les choses, afin d'être au diapason des besoins que requièrent une telle compétition, aujourd'hui suivie dans le monde entier. Le 5-Juillet et le 19-Mai sont désuets et doivent être rénovés Pour ce qui est des infrastructures sportives, celles qui existent actuellement ne sont pas aux normes internationales. Jadis une des perles de l'Afrique, le stade du 5-Juillet est aujourd'hui dépassé, car étant resté le même depuis son inauguration au début des années 70. Aujourd'hui, les standards internationaux sont que les gradins soient compartimentés, qu'ils aient des entrées séparées, qu'il y ait un système de télésurveillance, qu'il existe une zone mixte pour les rencontres d'après-match entre les joueurs et les journalistes, qu'il y ait des tribunes aménagées pour les VIP avec espaces de restauration, qu'il y ait des emplacements spécifiques pour les caméras, qu'il y ait une salle de contrôle dominant toute la cuvette du stade. Le stade du 5-Juillet, le plus grand d'Algérie, ne répond actuellement pas à ces standards, tout comme le stade du 19-Mai-1956 d'Annaba. En résumé, les deux stades ayant abrité les matchs de la CAN-90 (à l'époque, il n'y avait que huit sélections participantes et deux stades suffisaient) sont désuets et ont besoin d'un sérieux toilettage. Alger, Annaba et Oran en pole position A supposer que ces deux stades (les plus grands du pays à l'heure actuelle) soient rénovés et mis aux normes, il restera à choisir deux autres. Celui actuellement en construction à Oran pourrait très bien être l'un d'eux, vu qu'il a été conçu justement pour répondre aux exigences modernes en matière de commodités. Parmi les paramètres à prendre en considération, il y a les terrains d'entraînement, au nombre de quatre par ville (un pour chaque sélection d'un groupe). Concernant Alger et Annaba, il ne doit pas y avoir de problème puisque chacune de ces villes possède d'ores et déjà au moins quatre terrains gazonnés dans un rayon de 40 kilomètres (Rouiba, Koléa, les nouveaux stades de Douéra et de Baraki, à Alger, les stades Chabou et El Hadjar et l'annexe du stade du 19-Mai 1956 à Annaba). Pour Oran, il faudra faire l'effort de remettre du gazon aux nombreux stades existant dans la capitale de l'Ouest. Sétif, Tizi Ouzou, Béjaïa et Tlemcen, 4 options pour les sites complémentaires Restera à trancher quant à la quatrième ville devant abriter les compétitions. Quatre villes semblent être les plus armées : Sétif et Tizi Ouzou, où deux nouveaux grands stades répondant aux standards internationaux sont en train d'être construits, ainsi que Béjaïa et Tlemcen, dont les stades pourraient être rénovés et qui possèdent l'avantage de posséder chacune un aéroport international et d'être relativement bien dotés en matière d'hôtellerie. Ce serait vraiment «chaud» entre ces quatre villes, si quatre sites seulement (ce qui est le minimum) seraient retenus pour la CAN-2019. Dans le cas où il serait décidé de retenir cinq ou six sites (à titre d'exemple, la CAN-2013 en Afrique du Sud s'était jouée dans cinq villes différentes), deux ou trois de ces villes seraient retenues. Bien sûr, tout cela sous réserve que lesdites villes fassent des efforts pour se renforcer davantage en structures hôtelières. Le Ghana, l'Angola, le Gabon et le Maroc ont bien construit de nouveaux stades en 4 ans En somme, alors que six années nous séparent de la CAN-2019, l'Algérie possède, a priori, les capacités d'abriter un tel événement, à condition que les grands stades déjà existants soient rénovés et mis à niveau. Cela pourrait se faire, pour peu que l'Etat algérien s'y engage fermement. Lorsqu'on voit que le Ghana, l'Angola, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Maroc ont construit, en 4 ans, des stades spécialement pour les CAN qu'ils ont abritées ou qu'ils sont appelés à abriter, il n'y a pas de raison que l'Algérie n'y parvienne pas, pour peu que la décision soit prise et communiquée rapidement aux autorités compétentes. Une prédisposition à suppléer la Libye en 2017 au cas où... Cette prédisposition (sous certaines réserves, faut-il encore le rappeler) de l'Algérie à organiser la Coupe d'Afrique des nations peut même constituer un atout décisif pour postuler à accueillir la CAN-2017, dans le cas où l'organisation de cette dernière serait retirée à la Libye qui vit une situation politico-sécuritaire interne précaire, à tel point que même ses clubs sont, à ce jour, interdits d'organisation de matchs officiels interclubs. Comme ce n'est pas dans tous les coins d'Afrique qu'on peut trouver des pays économiquement puissants comme l'Afrique du Sud, à même de constituer une alternative crédible, comme elle l'a été pour la CAN-2013, l'Algérie pourrait constituer une solution sérieuse à une éventuelle défection de la Libye. Encore faut-il que les Algériens s'y mettent dès maintenant en matière de rénovation des grands stades déjà existants.