«Le match contre la Zambie a été le plus dur de toute ma carrière» En encaissant seulement 1 but durant les quatre matches disputés par l'Algérie durant le dernier tour éliminatoire pour le Mondial-2010 et la CAN-2010, Lounès Gaouaoui confirme la solidité du compartiment défensif de l'Algérie. A deux journées de la fin des éliminatoires, il fait le point sur les chances de l'Algérie. * Savourez-vous l'euphorie de la victoire ou bien êtes-vous absorbé, comme l'est une grande partie du peuple algérien, par les calculs sur les probabilités mathématiques de qualification pour la Coupe du monde ? Naturellement, je savoure surtout l'euphorie du précieux succès réalisé face à la Zambie car cette victoire nous permet de totaliser 10 points et de conserver la place de leader. Nous avons renforcé ainsi nos chances de qualification pour la Coupe du monde. Quant aux calculs dont vous me parlez, nous ne nous en préoccupons pas, nous les joueurs, et je vais vous expliquer pourquoi. * Allez-y… Le football se joue sur le terrain et non pas avec des calculettes. Ce n'est pas une science exacte. Tout y est possible et tout pronostic est aventureux. Il suffit juste de regarder les résultats dans notre poule pour s'en convaincre. Par exemple, qui aurait prévu que l'Egypte soit tenue en échec chez elle par la Zambie ? Qui attendait à ce que nous soyons tenus en échec au Rwanda ? Qui aurait parié sur une victoire de l'Algérie en Zambie ? Tout cela pour dire que les matches ne se ressemblent pas. Nous, joueurs, ne pensons qu'au match face au Rwanda que nous devons préparer dans les meilleures conditions afin de réaliser notre objectif, sans prendre en considération tout autre calcul. * Faut-il bien préparer ce match afin de le gagner par le score le plus large possible ? C'est effectivement cela. Nous voulons gagner sur un score lourd afin d'améliorer notre différence de buts et être à l'abri lors de notre déplacement au Caire. Seulement, j'aimerais souligner que la mission ne sera pas aussi simple qu'on le pense. A ce niveau, il n'y a pas matches faciles. Tous les matches sont difficiles pour la simple raison qu'il y a un enjeu dans chaque rencontre : certains jouent pour le Mondial, d'autres pour la CAN. * Préférez-vous en finir lors de la prochaine journée ou bien lier votre destin au résultat de votre dernière confrontation face à l'Egypte ? Il est vrai que nous n'aimerions pas que la qualification se joue lors du dernier match. Nous préférons régler la question lors de la prochaine journée en gagnant pas un gros score face au Rwanda afin d'éviter toute pression qui pourrait nous être fatale. * Pour revenir au match contre la Zambie, comment l'avez-vous vécu et comment avez-vous géré sa difficulté durant les dernières minutes ? Pour être tout à fait franc, je vais vous révéler quelque chose : c'était le match le plus dur de toute ma carrière. Je suis pourtant en sélection nationale depuis de longues années et j'ai disputé des matches très importants, que ce soit en sélection ou en club, mais jamais je n'ai joué une rencontre aussi difficile. Croyez-moi, sitôt que nous avons inscrit le but, j'ai senti que le temps n'avançait plus, mais reculait ! Heureusement que nous avons pu tenir le coup et obtenir les trois points et c'était le plus important. * Qu'est-ce qui vous fait dire que le match de dimanche passé a été le plus difficile de votre carrière, en dépit des matches importants, dont des finales, que vous avez disputés ? C'est parce qu'il s'agit d'éliminatoires pour la phase finale de la Coupe du monde, une compétition à laquelle nous n'avons plus participé depuis 24 ans. Imaginez-vous ma position : j'étais sur le terrain pour match qui, dans le cas où nous l'emportions, allait nous permettre de franchir un pas important vers le Mondial et, dans le cas où nous le perdions, nous ferait perdre une occasion qui, peut-être, ne se représenterait plus. * En quoi consistait la difficulté du match contre la Zambie alors que vous aviez battu cette même équipe chez elle et que vous aviez vaincu l'Egypte auparavant ? Il y avait plusieurs facteurs qui ont rendu la mission compliquée. Le plus important a été la victoire la veille de l'Egypte au Rwanda. Je vous mentirais si je vous disais que ce résultat ne nous a pas affectés ou préoccupés. Ce résultat a, au contraire, ajouté à la pression que nous ressentions auparavant. Un autre facteur a rendu notre mission difficile : la force de l'adversaire. La Zambie a montré un visage autre que celui montré face à nous au match aller et a jeté toutes ses forces dans la bataille afin de s'accrocher à la qualification pour la Coupe du monde. Elle nous a posé pas mal de problèmes, mais nous avons pu la battre et réaliser l'essentiel. * Donc, votre rendement plutôt pâle n'a rien à voir avec le Ramadhan ? Si car jeûner, puis affronter des joueurs qui avaient mangé matin et soir a été également un facteur défavorable. J'ajoute un autre facteur : lorsque nous avions affronté la Zambie au match aller, nous étions en fin de saison et, donc, en possession de nos moyens alors que là, nous n'en sommes qu'au début de la saison et certains joueurs ne sont pas au meilleur de leur forme. * Le résultat est certainement dans pareils cas plus important que la manière, n'est-ce pas ? Evidemment. L'essentiel est que nous sommes sortis vainqueurs de ce match. C'est sur quoi a insisté le sélectionneur Rabah Saadane durant la causerie technique d'avant-match. Il nous a dit textuellement : «Le résultat prime sur la manière. Dans le contexte particulier de ce match, il est plus important de gagner que de produire une belle prestation.» C'est ce qui est arrivé effectivement car, au vu de la très bonne répartition des joueurs zambiens sur le terrain, il était primordial pour nous de sauter sur la moindre occasion pour marquer un but, sans se soucier de produire du beau jeu. Après une première mi-temps difficile, nous avons pu inscrire un but et présenter un meilleur rendement au cours de la deuxième période. * Pensez-vous que la Zambie, qui a bousculé l'Algérie à Blida, est capable de faire tomber l'Egypte à Chililabombwe ? Je ne pense pas que c'est par hasard que cette équipe a ramené le nul de son déplacement au Caire, surtout au vu de sa production contre nous dimanche passé. Franchement, la Zambie est organisée dans toutes ses lignes. Ses joueurs attaquent ensemble et défendent ensemble. Ils jouent un football propre et moderne, sans agressivité. S'ils jouent face aux Egyptiens comme ils l'ont fait face à nous, ils sont capables de les battre, surtout qu'ils n'ont pas encore assurés leur qualification pour la Coupe d'Afrique des nations. * C'est ce que vous souhaitez, vous les joueurs ? Oui, c'est ce que nous espérons. Cependant, je le dis et le répète : notre destin est entre nos mains. Une large victoire face au Rwanda nous permettra d'augmenter nos chances de qualification. Pour l'instant, il faut oublier le match Zambie-Egypte. * Votre rendement est à l'image de celui de l'Algérie. Plus même : vous n'avez encaissé qu'un seul but en quatre matches. Est-ce encourageant pour vous pour la suite ? C'est naturellement encourageant et motivant. Ce qui a favorisé mon rendement est le climat familial qui règne au sein de la sélection depuis 2004. De plus, l'intégration de Halliche, qui a nous apporté plus d'assurance en défense grâce à l'expérience qu'il a acquise, et de quelques professionnels a été déterminante. Non seulement la défense m'a aidé dans ma tâche, mais tous les autres joueurs car il n'y a pas que les défenseurs qui défendent. Un Djebbour, par exemple, revient souvent derrière pour défendre et c'est une chose positive. * Pour finir, avez-vous un mot à adresser au peuple algérien qui rêve toujours de Coupe du monde ? (Rires) J'ai remarqué que même des vieilles se mettent à faire des calculs au sujet des matches qui restent. Je demande aux supporters de rester derrière nous lors des deux dernières journées. Certes, nous sommes favoris pour aller au Mondial, mais il faut attendre que tout soit fait sur le terrain pour jubiler. Entretien réalisé par Farid Aït Saâda
