«Mazzarri m'a dit qu'il me connaissait et que je suis à l'Inter pour apprendre et progresser» «J'ai rendu ma maman énormément heureuse en faisant le choix de jouer pour la sélection algérienne» En à peine deux ans, Saphir Taïder est passé de Grenoble à l'Inter Milan, après avoir fait ses preuves en Série A avec Bologne. Pour Francefootball.fr, le jeune milieu de terrain international algérien (21 ans) revient sur son ascension. Saphir, avant vous, un autre joueur a effectué ses premiers pas professionnels avec Grenoble, avant d'endosser le maillot nerazzurro de l'Inter Milan... Youri Djorkaeff. On ne m'en a pas parlé, mais il est très connu ici. Youri Djorkaeff, c'est Youri Djorkaeff, moi je suis Saphir Taïder. Et j'ai énormément de travail à effectuer. Arriver dans un grand club n'est pas une finalité. Bien au contraire, il s'agit maintenant de repousser encore mes limites pour aller plus loin. Avec d'autres joueurs de Série A, comme Paul Pogba, Jonathan Biabiany ou encore votre coéquipier Ishak Belfodil, vous partagez la particularité d'avoir tapé vos premiers ballons en France, avant de vous révéler au grand public en Italie... Certains joueurs n'osent pas s'en aller et préfèrent rester en France pour s'aguerrir. J'ai pris des risques, parce qu'on en a vu des jeunes joueurs partir à l'étranger et se brûler les ailes. Rien ne m'a fait aussi peur. C'est dans ma nature, j'ai toujours envie d'aller plus loin. Dans le football, il n'y a qu'une vérité, celle du terrain. C'est là que ça parle, il n'y a pas de secret. Le travail paie. Chacun a son petit bonhomme de chemin à effectuer. Pour moi, ça s'est plutôt bien passé mais ça aurait pu aussi mal se passer. Mais, je vous le dis, ça n'a pas été facile. Le championnat italien n'est pas celui où les jeunes peuvent le plus s'exprimer. Vous vous rappelez ces moments compliqués à votre arrivée en Italie, à Bologne, à l'été 2011 ? Ah oui, je me rappelle de tout. Ce n'était pas facile. Je ne comprenais pas la langue. Je n'avais pas de famille, pas d'amis, ici. J'étais le plus jeune de l'effectif. Il y avait beaucoup de joueurs expérimentés et ce n'était pas évident de se faire une place. Mais avec le travail, petit à petit, on gravit les échelons, on arrive à se faire sa place, à jouer, et à faire une saison complète. C'est pour ça que je suis aujourd'hui à l'Inter. La Série A est un gros championnat et mon objectif a toujours été de jouer dans un grand club. Vous étiez déboussolé, voire même un peu paumé ? Non, non. Parce que j'avais un objectif en tête en venant ici, je savais pourquoi je venais : faire du foot et rien d'autre. Je me suis mis ça dans la tête et, tous les jours à l'entraînement, je me donnais à fond. Vous êtes passés de la L2 avec Grenoble à l'Inter Milan, l'un des plus grands clubs au monde, en deux ans. On peut parler d'ascension fulgurante ? Quand on regarde comme ça, oui. Ça, c'est le résultat mais derrière tout ça, il y a beaucoup d'heures de travail, beaucoup de remises en question. Il y a énormément de sacrifices. Partir jeune à l'étranger, ce n'est pas donné à tout le monde. (Il insiste) C'est énormément de sacrifices. Je sais d'où je viens, je n'oublierai pas d'où je viens, et pour arriver où je suis, j'ai beaucoup travaillé. Quels ont été les mots de Walter Mazzarri à votre arrivée ? Le coach Mazzarri, on le connaît. Il a fait les beaux jours de Naples. C'est un grand coach, qui est très aimé en Italie. Il m'a simplement dit qu'il me connaissait avec mes deux saisons en Série A, qu'il fallait que je continue sur ma lancée, que j'étais venu ici pour apprendre et progresser. Et que le travail paiera. Cette saison encore, la Juventus Turin, double championne en titre, est la grande favorite pour le Scudetto... Oui, c'est sûr, la Juventus est une très grande équipe avec de très grands champions, et elle reste sur deux titres. Donc, forcément, ils sont favoris. Mais il ne faut pas oublier que l'Inter est un grand club qui a tout gagné. Après, les objectifs, je ne les connais pas personnellement. Le coach nous demande de travailler, de mouiller le maillot et de donner le maximum sur le terrain. Et avec le travail tout est réalisable. Dans la famille Boateng, il y a un international ghanéen, Kevin-Prince, et un international allemand, son demi-frère Jérôme. Chez les Taïder, il y a votre frère Nabil, international tunisien, et vous-même, qui portez le maillot de l'Algérie... C'est sympa. J'ai rendu ma maman (algérienne) énormément heureuse en faisant le choix de jouer pour la sélection algérienne. Mon papa (tunisien) était heureux également, car il est aussi algérien dans son cœur. C'est un choix footballistique mais aussi un choix guidé par la ferveur du public, l'engouement qu'il y a autour de cette sélection. Ça m'a toujours fasciné, depuis tout petit déjà, quand je regardais les matches en famille. Après ça reste du foot, et je n'oublierai jamais que j'ai en moi du sang tunisien et algérien. D'ailleurs, cette ferveur a accompagné vos débuts avec les Fennecs, qui ont soulevé l'enthousiasme... Pour ma première, contre le Bénin (3-1), je marque et je fais une passe décisive. Après, il y a le but contre le Rwanda (1-0), qui nous qualifie pour le barrage à la Coupe du monde. Mais sans les dix autres joueurs, et même sans tout le groupe, je ne peux rien faire. Et une carrière internationale, c'est dix ans et pas quelques matches. On a un objectif, avec la génération qu'on a, c'est de se qualifier pour le Mondial-2014 au Brésil, donc à nous de tout faire pour y aller.»