Guendouz : «Le public du stade Mohamed V nous avait motivés par ses slogans» A partir d'aujourd'hui et ce, jusqu'à la rencontre face au Rwanda, nous allons faire revivre à nos lecteurs les matchs de légende de notre équipe nationale. Pas nécessairement les rencontres du genre Algérie-Allemagne. Mais des matchs contre des sélections dont on ne parle pas souvent. En voici un match de légende pour mettre le lecteur en appétit. 09.12.1979 Stade d'Honneur (Casablanca) éliminatoires des jeux Olympiques Arbitre : Michelotti (Italie) Buts : Bensaoula (15', 16', et 69'), Guemri (71'), Assad (87') (l'Algérie) ; Limane (32' s.p.) (Maroc) Maroc : Hazzaz, Hamdi, Larbi, Limane, Mustapha, Dolmy, Labied, Chicha, Jamel (Driss Ouadih), Faras, Cheita Entraîneur : Cluzeau Algérie : Cerbah, Derouaz, Kouici, Khedis, Guendouz, Mahiouz, Guemri, Fergani, Bensaoula, Belloumi, Assad. Entraîneur : Khalef et Raykov ------------------- Guendouz : «Le public du stade Mohamed V nous avait motivés par ses slogans» Il y a des matchs qui restent gravés dans les esprits et celui du 5 à 1, en 1979, à Casablanca, contre le Maroc est de ceux qui forcent l'admiration. Un des acteurs de cette rencontre, en l'occurrence Mahmoud Guendouz, qui n'a pas la langue de bois, revient sur les péripéties avant et après le match Maroc-Algérie * Rappelez-nous les objectifs avant le match en question pour les jeunes générations, si vous le voulez bien ? Ce match entrait dans le cadre des éliminatoires des jeux Olympiques de Moscou. L'aller face au Maroc devait se disputer à Casablanca et le retour à Alger, bien évidemment. Le match s'est joué au mois de décembre de l'année 79. L'équipe, je me souviens et je tiens à le préciser, était constituée de joueurs locaux. * Quelles étaient les conditions d'hébergement à l'époque ? On était hébergés à trente kilomètres de Casablanca. Et je me souviens d'un fait marquant, tout au long de notre séjour dans cette ville de Mohammadia. * Allez-y, racontez-nous… Il y avait tout au long de notre séjour à l'entrée de l'hôtel une patrouille de la police locale qui était supposée nous protéger. Le plus étonnant, c'est que les éléments de cette patrouille n'ont pas cessé depuis que nous avions mis les pieds dans cet hôtel de nous dissuader de quitter le lieu de notre hébergement. Certains flics en tenue civile nous avaient carrément interdit de quitter les lieux. * Et qui y avait-il d'inconvénient dans cette mise en garde ? Il faut d'abord revenir au contexte politique de l'époque, l'Espagne avait décidé de quitter le Sahara occidental quelques années avant et le Maroc avait envahi ce territoire. Cela s'est passé en 75. En 79, les événements étaient encore frais et je suppose que la police de l'hôtel avait profité pour nous mettre de la pression et pour nous déstabiliser. On nous avait dit qu'il était dangereux de sortir en ville. D'ailleurs, je me souviens qu'un vieillard avait tenté vainement de s'approcher de nous, sans succès. La police l'en avait empêché. * Puis, il y a eu le match… Pas encore, je dois vous raconter le trajet par bus de l'hôtel vers le stade Mohamed V. Durant tout le temps qu'avait duré le trajet, pas un seul joueur ou accompagnateur n'avait dit un mot. C'était le calme plat. Il y avait juste une chanson de Rabah Deriassa qui passait en boucle. Une chanson patriotique. Enfin, on arrive au stade. * Mohamed V n'est pas un petit stade, n'est-ce pas ? Il y avait, au bas mot, 120 000 supporters, tous acquis bien évidemment au Maroc. A notre arrivée, on s'est présentés sur le terrain pour voir l'état de la pelouse, comme cela se fait en général. On prend aussi la température et l'ambiance des lieux. Et là, je ne l'oublierai jamais, les Marocains ont tous scandé d'une même voix : «Sahara marocaine.» Je rappelle qu'il faut se mettre dans le contexte politique de l'époque pour comprendre réellement ce que je raconte. Le match sortait de son cadre sportif et devenait pratiquement un match politique. * Comment aviez-vous réagi à cette provocation des supporters marocains ? Il n'était pas question de rentrer au pays les mains vides. C'est simple, les Marocains nous avaient donné une raison supplémentaire pour nous motiver à les battre. Et c'est ce que nous avions réussi à faire, au bout du compte. A la fin du match, on est retournés à l'hôtel. La police était déjà partie. * Et que s'est-il passé après le départ de la police ? Figurez-vous que le vieux est arrivé enfin à se rapprocher de nous. Il nous a demandé si, comme on le racontait à la télévision marocaine et la radio lors des émissions spéciales, on manquait de tout et parfois on mourrait de faim en Algérie. * Qu'aviez-vous répondu au vieux ? Si vraiment on crevait la dalle, on n'aurait pas pu battre le Maroc par 5 buts à 1. * Et pour conclure… Je dois juste rappeler que ce sont uniquement les locaux qui avaient battu le Maroc. Nous avions rencontré le Maroc qui avait fait la campagne mexicaine de 78. Lors du match retour, on avait battu nos voisins, avec les Bouderbala et Badou Zaki, qui n'avaient pas joué à l'aller, par un score de 3 à 0. Je me souviens, pour conclure, qu'à notre retour au pays, on nous avait fait comme cadeau un livret de compte épargne Entretien réalisé par Mouloud B. Bensaoula : «Ma préférence va pour le second but» Lors de la même rencontre, Tedj Bensaoula s'est amusé en marquant 3 des buts algériens. La presse de l'époque, il n' y avait d'ailleurs pas beaucoup de journaux, ne l'avait pas tari d'éloges. L'ancienne gloire s'en souvient, mais il préfère rester dans le contexte purement sportif. «Je parlerai de ce match dans son contexte footballistique. Le résultat de 5 buts à 1 acquis en terre marocaine n'est pas le fruit du hasard. Les joueurs étaient ensemble depuis une année. On était installés à l'hôtel du 5-Juillet. Des trois buts que j'ai marqués, ma préférence va pour le second but. Le ballon avait ricoché sur la tête de Salah Assad et sur les défenseurs marocains, je n'avais pas pris la peine de contrôler le ballon. J'ai tapé dans le ballon comme il venait. A cette époque, il y avait de la concurrence avec les Belahcène et Bahbouh.» Cela s'est passé ce jour-là * Au TNA, on jouait «Rih Samsar» A cette période, le Théâtre national n'avait pas pris le nom de Mahieddine Bachtarzi. On y jouait une pièce théatrale intitulée «Rih Samsar» du metteur en scène Mahcène Amar. * «Apocalypse Now» et «Affreux, sales et méchants» dans les salles obscures Le cinéma L'Algéria passait «Affreux, sales et méchants» d'Ettore Scola, prix de la mise en scène au Festival de Cannes 76 avec Nino Manfredi. «Apocalypse Now» de Francis Ford Coppola, avec Martin Shean dans le rôle principal, passait au cinéma El Hillal (ex-Triomphe). * Le Polisario abattait un Mirage F1 marocain C'est ce que nous apprend le quotidien El Moudjahid à cette période. Le Polisario était en guerre contre le Maroc. «Un mirage F1 abattu et son pilote capturé», lit-on notamment. * L'OPEP préparait la réunion de Caracas Dans les mêmes colonnes du journal El Moudjahid, Omar Belhouchet et Mohamed Benchicou avec d'autres collègues se relayaient dans la page économie, à la veille de la réunion qui devait se dérouler à Caracas au Venezuela.