Abdelkader Ghezzal revient dans cet entretien sur le bon parcours des Verts dans les éliminatoires jumelées CAN/CM 2010. Abdelkader Ghezzal revient dans cet entretien sur le bon parcours des Verts dans les éliminatoires jumelées CAN/CM 2010 et les circonstances dans lesquelles se sont déroulés les deux derniers matchs contre l'Egypte et la fête qui a suivi la qualification. Une qualification qu'il qualifie d'historique et merveilleuse. L'attaquant de Sienne promet que lui et ses camarades feront de leur mieux pour bien représenter l'Algérie dans toutes les compétitions internationales. * Alors Abdelkader, comment allez-vous ? Dieu merci, tout va bien. Je me sens chanceux, même ces jours-ci. Après la qualification historique et merveilleuse de mon pays au Mondial et qui a attiré l'attention de tout le monde, les choses commencent à s'améliorer ici à Sienne, car nous avons réalisé une victoire précieuse lors du dernier match contre Catania (3-2). * Vous avez dit que la qualification au Mondial est merveilleuse et historique, comment ça ? La qualification en elle-même est un exploit pour notre pays et pour tous les joueurs qui y ont participé. Ce sont les circonstances surtout des deux derniers matchs qui ont rendu cette qualification historique et donné une saveur particulière. * Qu'est-ce qui vous a surpris de plus ? Les événements se sont précipités et il n'est pas aisé pour celui qui les vécus de raconter ce qui s'est passé avec détails en un laps de temps court. Mais je crois que c'est l'agression dont on a été victimes sur le chemin entre l'aéroport et l'hôtel qui a donné à la rencontre face aux Egyptiens une tout autre dimension. * Que pensez-vous des accusations des Egyptiens qui prétendent que ce sont les joueurs algériens qui ont caillassé leur bus et provoqué leurs blessures ? Des déclarations pareilles relèvent de la mascarade et n'ont besoin d'aucun commentaire. La preuve, personne au monde ne les a crus. Ils voulaient induire la FIFA et l'opinion publique en erreur, mais le résultat était contraire à ce qu'ils espéraient. Le monde sportif et les médias ont été tous de notre côté. Et ceux qui ont planifié une telle embuscade, comme l'avaient qualifié certains journaux comme La Gazetta dello Sport, pensaient nous faire peur, mais c'était tout le contraire qui s'est produit. Cette agression nous a donné plus de motivation et de volonté pour décrocher le billet qualificatif pour la Coupe du monde. * Avez-vous eu peur de perdre cette qualification, après avoir encaissé un but très tôt en plus de la terrible pression du public du stade du Caire ? Jamais. En dépit de tout ce qui s'est passé, on était déterminés à revenir au pays avec la qualification en Coupe du monde. Je vous assure qu'à aucun moment nous n'avons douté. Nous avons construit cette qualification pierre par pierre en jouant des matchs qui n'étaient pas du tout faciles, que ce soit au Rwanda ou en Zambie. On était déterminés à ne pas faire la moindre concession à l'équipe d'Egypte que nous avons battue 3 à 1 à Blida. * Mais à quoi avez-vous pensé, après avoir encaissé le deuxième but ? En marquant le deuxième but, les Egyptiens croyaient dur comme fer qu'ils étaient déjà en Afrique du Sud. Leur grande joie à l'issue de la rencontre prouve, on ne peut plus clair, leur conviction que l'Algérie est une grande équipe. En ce qui nous concerne, on se disait que la joie durera encore plus longtemps pour celui qui gagnera à la fin. Et c'est ce qui s'est réalisé, du moment que la fête se poursuit toujours chez nous. * Comment était l'ambiance aux vestiaires à la fin de la rencontre ? En se déplaçant au Caire, notre unique objectif était de nous qualifier au Mondial. Et c'est la raison pour laquelle on était naturellement déçus de cette défaite, même si on n'a pas perdu totalement l'espoir. A ce moment, tout le monde pensait qu'on aurait pu changer la physionomie du match, si on avait réussi à mettre dedans une des nombreuses occasions qu'on s'est procurées. Cela étant, notre détermination à battre les Egyptiens dans le match d'appui était plus grande que jamais. En outre, les membres du staff technique et Raouraoua nous ont remonté le moral et motivés davantage. * Vous rappelez-vous de leur discours ? Ils nous ont exprimé leur satisfaction pour tous les efforts que nous avons fournis, en dépit des circonstances particulières qui ont entouré ce match. Je me souviens de la position extraordinaire de Monsieur Raouraoua qui a donné l'accolade à chacun de nous en nous gratifiant d'un discours encourageant en insistant sur notre bon rendement dans un climat très difficile. Il nous a dit qu'une autre équipe à notre place aurait perdu par un score qui l'aurait privée de la qualification au Mondial. Il a ajouté que la rencontre d'appui allait se dérouler dans un environnement différent, du moment qu'elle se jouera dans un pays neutre. * Quelles étaient vos premières impressions en arrivant sur le sol soudanais ? Dès notre arrivée à Khartoum, on se sentait totalement sereins. L'environnement était complètement différent de celui du Caire. Ce qui nous a permis de nous préparer avec confiance et détermination pour décrocher cette qualification, surtout en apercevant nos compatriotes avec le drapeau algérien dans les rues de Khartoum. * Qu'avez-vous ressenti en rentrant sur le terrain ? Il est difficile d'exprimer ses sentiments en voyant le drapeau national dans chaque coin du stade et le nombre important de supporters qui ont rempli les gradins. C'est quelque chose d'extraordinaire. C'était incroyable, des milliers de citoyens qui ne reculent devant rien, ni la longue distance ni les aléas du voyage pour venir au Soudan et soutenir l'équipe de leur pays. Ce sont des images touchantes qui vous poussent à vous transcender pour être prêt à faire couler votre sang bien avant votre sueur juste pour défendre l'Algérie. * Et à partir de quel moment vous étiez persuadés que vous alliez gagner ? Depuis le début, bien avant le match, pour la simple raison que lors des deux rencontres contre l'Egypte, que ce soit à Blida ou au Caire et malgré ce que nous avons enduré, on a prouvé qu'on était meilleurs qu'eux sur tous les plans, et les plus méritants pour aller au Mondial. * A Blida comme au Caire, vous avez encaissé un but en fin du match ; n'aviez-vous pas peur que le même scénario ne se reproduise à Khartoum ? On a su comment gérer le match à notre guise, et comme on jouait pour ajouter un deuxième but, ce sont les Egyptiens qui se sont retrouvés en défense, excepté quelques moments. * Quel était votre sentiment au coup de sifflet final de l'arbitre ? Des moments uniques que vous ne pouvez jamais décrire. Et comme je vous l'ai déjà dit, on ne peut imaginer le degré de mon immense joie en voyant nos supporters présents au stade fêter la qualification et entendre tous leurs slogans s'élever dans le ciel de Khartoum. A un moment donné, je me suis retrouvé en possession d'un drapeau de mon pays. Franchement, on ne peut décrire ces moments de joie et les jours qui l'ont succédée. * Comment avez-vous passé la nuit ? Ce n'était pas une nuit ordinaire bien évidemment. Ce sont des moments de joie qui ont duré jusqu'aux premières heures de la matinée. Avec certains de mes coéquipiers dont Saïfi, on a fait la fête jusqu'à cinq heures du matin. Mais nous n'avons pas fermé l'œil après, mais c'est juste pour nous reposer un peu avant de prendre le vol pour rentrer au pays et partager notre joie avec notre peuple. * Surpris de voir tous ces milliers de supporters à l'accueil ? Je voudrais dire que le public nous a surpris dans toutes les occasions. Mais cette fois-ci, il nous a impressionnés. Joueurs, staffs technique et administratif sont très reconnaissants du rôle important qu'ont joué nos supporters qui se sont déplacés en masse au Soudan et leur soutien avant et pendant tout le match. L'accueil qui nous a été réservé aussi à notre retour a dépassé toutes nos prévisions, c'était de la pure fiction. Je voudrais aussi évoquer un point important. * Allez-y... Ma joie était plus grande lorsque j'ai vu que parmi les gens qui sont venus nous accueillir, il y avait de toutes les catégories : des jeunes, des enfants, des hommes et des femmes, et même des vieux et des vieilles. * Votre famille a sans doute participé à la fête ? Bien évidemment. Ma famille est venue en Algérie avant le premier match contre l'Egypte, parce qu'elle était persuadée, à l'instar de tous les Algériens, que la qualification ne pouvait nous échapper. Elle voulait fêter cet exploit avec le peuple algérien sur le sol algérien. Elle est restée jusqu'à la fin de la deuxième rencontre du Soudan et est rentrée en France juste quelques heures après notre retour au pays. Mais j'avais l'occasion de les voir quelques minutes à l'aéroport. * Que retenez-vous de la réception que vous a offerte le président ? La réception du président Abdelaziz Bouteflika est un honneur et un événement historique qu'on ne peut oublier. Tout était bien, et ce qui a attiré notre attention, c'est que le président est bien informé sur l'Equipe nationale et le sport en général. Il nous a dit des choses réconfortantes et encourageantes. * Et comment était votre retour à Sienne ? Le retour à la compétition en championnat n'était pas aisé (il rit), après une semaine riche en événements avec la sélection et l'obtention de la qualification au Mondial, et surtout la position difficile au classement de notre club. Mais les choses commencent à s'améliorer. Le club était en contact permanent avec moi par l'intermédiaire de certains joueurs et dirigeants. Juste après la fin du match de Khartoum, j'ai reçu des SMS de la part de Macaroni et Grosso. Ce dernier a même insisté pour m'attendre à l'aéroport de Florence pour m'accompagner à Sienne. Mais avant de parler de mon club, je veux évoquer d'autres points importants sur l'Equipe nationale. * Lesquels ? Parmi les paramètres qui font la force de notre équipe, c'est de ne pas avoir un groupe de joueurs et un staff technique, mais plutôt une famille. La cohésion sur le terrain et en dehors est totale. Et c'est pour cela que nous avons réussi à nous qualifier en Coupe du monde. Le mérite revient également aux responsables à tous les niveaux. Je suis persuadé que les joueurs ont réalisé 50 % du travail, et la deuxième moitié, c'est la FAF et Raouraoua qui l'ont réalisée. Ils ont mis tous les moyens nécessaires à notre disposition et ce, pendant tous les matchs. Ils ne lésinaient pas sur les moyens, à commencer par ce centre de préparation de Coverciano, le meilleur au monde, et en mettant tout en œuvre à chaque déplacement et non seulement lors du dernier match contre l'Egypte. Je n'oublierai pas notre merveilleux public qui nous a soutenus sans relâche. * En parlant d'Egypte, que pensez-vous de la campagne médiatique menée contre l'Algérie ? Je ne croyais pas qu'on en arrivera là. Mais je ne faisais pas cas de ce qu'ils racontaient. Ce match contre l'Egypte fait partie désormais du passé, c'est l'avenir qui nous préoccupe le plus, la Coupe d'Afrique est très proche, et juste après, c'est la Coupe du monde. Nous n'avons pas donc de temps à perdre dans les futilités. * Mais Amr Zaki a déclaré quant à son éventuel transfert du Zamalek à Portsmouth qu'il… (Il nous coupe). Je suis au courant de ce qu'il a dit. Mais comme je vous l'ai dit, je ne suis pas prêt à perdre du temps pour des choses pareilles. Nous devons concentrer nos efforts sur notre préparation pour les phases finales de la Coupe d'Afrique et la Coupe du monde 2010. * En se qualifiant en Coupe du monde, l'Algérie sera parmi les favoris pour décrocher le titre de champion d'Afrique ; qu'en pensez-vous ? Nonobstant des pronostics des spécialistes, nous allons faire de notre mieux pour que les couleurs nationales soient bien représentées dans cette Coupe d'Afrique que nous allons préparer avec le plus grand sérieux. Ce n'est pas grâce à notre statut de mondialistes que nous allons faire des résultats, mais grâce à notre rendement sur le terrain. Nos ambitions sont grandes, comme l'Algérie est grande par ses enfants et ses capacités. * Quelle lecture faites-vous du groupe de l'Algérie en Coupe du monde ? Je crois que ce n'est pas un groupe difficile, comparativement à d'autres, comme celui de la Côte d'Ivoire. La bonne préparation reste un paramètre important pour réaliser de bons résultats. Le fait de jouer le premier match contre le Slovénie le 13 juin sera peut-être en notre faveur pour espérer un début réussi. Chaque match a ses spécificités et caractéristiques, en dehors de l'identité de l'adversaire. Et comme dans notre équipe on ne se contente plus de peu, on va batailler pour aller le plus loin possible. * Avez-vous une préférence pour une certaine équipe que vous voulez affronter au Mondial ? Toutes les équipes qualifiées en Coupe du monde ont prouvé qu'elles possèdent de grandes qualités. Ce serait faux de croire que certaines équipes vont se contenter du simple rôle de figurants. Mais chaque équipe défendra ses chances. Ce qui a été dit sur moi à propos de mon souhait d'affronter l'équipe de France pour rencontrer Karim Benzema ou autre joueur est complètement faux. S'il y a une équipe que je voudrais affronter, c'est bien l'Italie. Ce n'est pas parce qu'elle est championne du monde, mais c'est parce que je joue en Italie et que je connais tous ses joueurs. * Croyez-vous que l'Algérie pourrait se qualifier au deuxième tour ? Il n'est pas de mes habitudes de tenir des promesses. Mais ce que je pourrais dire, c'est qu'on va défendre notre drapeau avec toutes nos forces. Inch'Allah, nous allons essayer de faire durer encore la joie à notre chers pays et peuple. * Vous faites partie de la liste des joueurs nominés pour le Ballon d'Or algérien… (Il nous coupe.) Je remercie ceux qui l'ont fait. Mais le plus important pour moi, c'est l'amélioration du rendement de l'Equipe nationale et ses réalisations dans les événements planétaires. Les titres individuels n'ont pas plus de valeur, comparativement à ce que réalise la sélection. Ce que nous avons vécu avec notre peuple lors de la qualification en Coupe du monde en est la meilleure preuve. Pour le Ballon d'Or, je félicite à l'avance l'heureux gagnant. * Un dernier mot ? Mes salutations les plus chaleureuses à mes compatriotes en Algérie ou ailleurs, et que la joie et la fête durent. Je leur dirai qu'on est déterminés plus que jamais à continuer sur la même voie pour hisser le drapeau algérien très haut dans les compétitions internationales. Inch'Allah, nous serons toujours à la hauteur de leurs attentes, et nous n'oublierons pas les efforts qu'ils déploient pour nous soutenir. Je salue à la fin les lecteurs d'El Heddaf et du Buteur. Entretien réalisé par Ahmed Lakrout
