Kouici : «Contre le Pérou, j'étais dopé à la garantita» 25/04/1982 Stade : 5-Juillet (Alger) Match amical Arbitre : Hansal (Algérie) Buts : Cueto 34' pour le Pérou. Madjer 89' pour l'Algérie. Algérie : Amara Mourad, Mansouri Fawzi, Kouici, Merzekane, Korichi, Guendouz, Bencheikh (Belloumi), Madjer, Maroc (Djadaoui), Tlemçani Djamel (Yahi), Bourebou. Entraîneur : Khalef. Pérou : Perou : Quirogua, Duarte, Diaz, Accha, Rojas, Velasques, Cueto, Leguia, Malasquez, Laroza, Uribe. Entraîneur : Tim. ------------------- Kouici : «Contre le Pérou, j'étais dopé à la garantita» Cette rencontre diffère des autres par le fait qu'elle ne rentrait pas dans le cadre d'un match de qualification. Elle préparait les Fennecs à l'aventure de Gijon. La presse de l'époque titrait : «Kouici était éblouissant» * Bonjour Mustapha, c'est le journal Le Buteur, on voudrait revenir avec vous, si vous le voulez bien, sur le match Algérie-Pérou de 1982… Ecoutez, je termine une séance de footing. On en discutera dans deux heures, si vous êtes d'accord. * Deux heures plus tard… Vous continuez à pratiquer du sport, malgré cela vous avez pris du poids. Ce n'est pas le cas de votre ancien coéquipier Mahmoud Guendouz qui a gardé la ligne… Mahmoud est comme ça, il peut manger deux quintaux, il ne changera pas de morphologie. Il restera toujours mince. Au fait, j'ai trouvé qu'il ne vous a pas tout dit au sujet de la rencontre contre le Maroc à Casa, en 1979. * On vous écoute… Durant notre séjour à l'hôtel, on avait fait voir à la police marocaine de toutes les couleurs. Les flics en civil avaient peur qu'un événement fâcheux nous arrive. Ils étaient partout, dans le hall, à la sortie de l'hôtel. On jouait avec eux au chat et à la souris. On leur balançait de nos chambres toutes sortes d'objets, parfois même des souliers, des tongs. On s'était bien marrés. * En 1982, vous jouiez un match amical face au Pérou et tout le monde s'accorde à dire que vous aviez brillé… On été déjà qualifiés au Mondial espagnol et on préparait cet événement par des matchs de haut niveau. On avait reçu, si mes souvenirs sont bons, le champion de l'Amérique du Sud, avec le célèbre numéro 10 Cubillas. On avait rencontré le Real Madrid, Nottingham Forest, Sheffield Wednesday, Anderlecht. Que des calibres de l'époque. * Expliquez-nous cette soirée mémorable face à Cubillas ? Il faut que je vous raconte une anecdote. La veille du match, j'avais demandé une autorisation spéciale de quitter le regroupement. Ma mère (aujourd'hui, décédée) était malade et il fallait absolument que j'aille la voir. * Khedis serait intervenu pour votre autorisation de quitter l'hôtel… Je suis sorti de l'hôtel et j'ai pu voir ma mère, mais dans mon quartier de Belcourt, j'avais rencontré des amis et en particulier Smaïl, qui possédait un fast-food et était spécialisé en garantita. Des amis ont insisté pour que j'en prenne un morceau. J'en ai pris un, puis deux, puis un nombre incalculable jusqu'à me goinfrer. * On craint le pire pour ce que vous allez ajouter… Justement, de retour à l'hôtel, j'étais pris d'une angoisse terrible. Quand tout le monde est passé à table, j'ai fait semblant de manger comme les autres, mais je n'ai rien pris. On est passés au speech d'avant-match, puis la collation, et je n'avais toujours rien mangé. Peut-être un café. * Et que s'est-il passé sur le terrain ? J'ai couru comme je n'avais jamais couru de ma carrière. Tout me réussissait, je faisais tout ce que je voulais avec le ballon. Je me souviens d'une action en solo où j'ai dribblé toute la défense du Pérou, malheureusement, un malentendu avec Madjer m'a empêché d'aller au bout de mon action qui pouvait se conclure par un but. * C'est pour cette raison que le coach du Pérou vous a accusé de dopage ? D'après ses déclarations, l'entraîneur du Pérou n'en croyait pas ses yeux, tellement il était étonné de me voir courir durant les 90 minutes. Mais je lui avais répondu. * Et qu'aviez-vous répondu ? Le lendemain, dans le journal, il lisait que j'étais dopé à la garantita. Cette même équipe du Pérou avait battu 3 jours plus tard la France de Michel Platini par un 1 à 0. J'avoue que les regroupements ont fini par avoir raison de nous. * Pourquoi dites-vous cela ? Parce que nous étions perpétuellement en stage bloqué. Et cela durait depuis huit ans. J'ai fini par en avoir marre, j'ai donc claqué la porte de l'EN. * Vous aviez continué à jouer… Au sein de mon club je n'avais pas encore arrêté, mais comme je venais de me marier, il ne m'était plus possible de continuer à supporter les stages. Pourtant, Rogov avait fait une tentative pour me convaincre de revenir en équipe nationale, mais j'avais décliné l'invitation. Entretien réalisé par Mouloud B. ------------------ Cela s'est passé ce jour-là * Beloumi recevait le Ballon d'Or africain à l'hôtel du 5-Juillet Jacques Fernand, le directeur de France Football (hebdomadaire à l'époque) remettait le trophée du Ballon d'Or africain version 1981 à Lakhdar Beloumi. Le responsable du magazine sportif avait assisté la veille à la rencontre Algérie-Pérou (1 à 1). Aujourd'hui, ce magazine est devenu un bihebdomadaire, avec une deuxième parution le vendredi. * Assad et Cerbah étaient absents Salah Assad et Mehdi Cerbah étaient absents face au Pérou. Ils étaient pris par un match contre le club de Kénitra, une rencontre comptant pour les qualifications de la Coupe d'Afrique des clubs. * Le RCK, la JSK et l'USMA qualifiés pour les Coupes d'Afrique L'Algérie présentait pour la première fois trois clubs qualifiés dans les différentes Coupes africaines. * La première foire du livre L'Algérie organisait la première Foire internationale du livre. * Algérie-Eire le 28 avril La presse nous annonçait les différents points de vente des billets d'accès au stade du 5-Juillet, à l'occasion du match face à l'Eire. Une semaine, seulement, après le nul face au Pérou. * Chadli, de l'Inde à la Chine A la même période, le président Chadli était hôte du Premier ministre indien, Indira Ghandi. Il quittait le géant Asiatique pour une autre visite, à la Chine.