«L'Algérie est capable de créer la surprise au Brésil.» «Les joueurs algériens sont des guerriers et jouent avec cœur, cela pourrait faire la différence.» «Entrainer la sélection algérienne m'intéresse beaucoup.» «Quand Mostefa est positionné au milieu du terrain, on le sent comme un guerrier» L'ancienne star de la Juventus du Turin et de la sélection d'Italie, Fabrizio Ravanelli, a accepté de répondre à nos questions et de nous accorder cette interview exclusive. L'occasion pour nous d'évoquer avec lui la prochaine Coupe du Monde et avoir son avis sur la sélection algérienne. D'autres sujets ont été abordés au cours de cet entretien que nous vous invitons à lire. Quelles sont les nouvelles de Ravanelli ? Je vais bien merci. Trois mois nous séparent du début de la Coupe du Monde 2014. Comment voyez-vous ce tournoi planétaire ? Le Mondial est la plus grande des compétitions de football au monde. J'espère qu'on assistera à un tournoi 2014 qui sera de très haut niveau et que les observateurs seront bien servis. Une Coupe du Monde dans un pays comme le Brésil, il est clair que ça sera spécial. C'est une nation qui adule le football et je m'attends à beaucoup de spectacle. Parlons de la sélection algérienne qui va justement prendre part à cette compétition. Connaissez-vous des joueurs algériens ? Oui, je connais très bien Mehdi Mostefa, ainsi que Faouzi Ghoulam que j'ai suivi durant quelques matchs avec sa formation de Naples. Celui-ci a beaucoup de qualités et possède un pied gauche qui fait la différence. Je pense que Naples a fait la bonne affaire en le recrutant l'hiver dernier. En parlant de Mostefa, quel est votre avis sur ce joueur que vous avez drivé en début de saison avec l'AC Ajaccio ? Mostefa est un excellent joueur que j'ai eu le plaisir de driver à Ajaccio. Lui aussi a beaucoup de qualités, notamment physiques. C'est un véritable professionnel et je lui voue beaucoup de respect. Halilhodzic le fait jouer désormais en tant que milieu récupérateur en sélection alors qu'au début il évoluait plus en tant que latéral droit. Qu'en pensez-vous ? A mon avis et connaissant assez bien le joueur, je pense que le véritable registre où Mostefa se sent bien et sort de grands matchs, c'est au milieu du terrain. Moi personnellement, je ne l'ai jamais aligné en tant qu'arrière droit. J'ai toujours compté sur lui au milieu du terrain où il a très souvent donné satisfaction. C'est un joueur très physique, qui se donne à fond sur le terrain. Quand il est positionné au milieu du terrain, on le sent comme un guerrier. Il se donne à fond pour l'équipe et c'est ce qui a fait sa réussite. Et connaissez-vous le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic ? Non, je ne le connais pas. Au Brésil, l'Algérie sera opposé lors du 1er tour à la Belgique, la Russie et, enfin, la Corée du Sud. Comment voyez-vous ce groupe ? Bien évidemment, c'est un groupe très relevé. On retrouve surtout cette équipe de Belgique qui demeure l'une des plus fortes en Europe en ce moment, avec une génération de jeunes joueurs très talentueux. La Russie reste une très forte sélection surtout qu'elle est drivée par Fabio Capello, un coach de renommée mondiale. N'oublions pas aussi la Corée du Sud qu'il faudra prendre très au sérieux. L'Algérie a démontré par le passé qu'elle pouvait répondre positivement lors des grands rendez-vous. D'après vous l'Algérie peut-elle espérer passer le premier tour lors de ce Mondial ? Oui, bien sûr. L'Algérie est capable de créer l'exploit et se qualifier pour le second tour. Les Algériens jouent souvent avec volonté et une rage de vaincre qui, sans nul doute, va leur servir au Brésil. C'est un atout considérable pour une sélection de compter sur des guerriers sur un terrain. Je vais souhaiter que l'Algérie fasse une bonne Coupe du Monde et qu'elle puisse créer la surprise. Je serai surtout très content pour Mehdi Mostefa. Le 1er match face à la Belgique sera déterminant non ? Oui, le premier match d'un tournoi est toujours très important. Débuter par un bon résultat va vous aider à mieux enchainer par la suite. La Belgique ne sera pas facile à manier, mais tout peut arriver dans le football. Comme je l'ai dit, ce sera un match important, mais néanmoins, pas décisif. Il y aura ensuite deux autres matchs qu'il faudra savoir négocier aussi. Selon vous, comment l'Algérie doit elle jouer face à une équipe de la Russie drivée par un coach que vous connaissez très bien et face aussi à une armada de stars belges ? Jouer le contre suffira-t-il ? Je ne connais pas vraiment les forces et faiblesses de l'équipe algérienne et je ne peux comme ça donner mon avis sur la façon dont il faudra jouer ces équipes que vous venez de citer. Je pense que l'Algérie doit jouer son jeu habituel lors de cette Coupe du Monde et ne pas se compliquer les choses. Il faudra surtout qu'elle joue à l'unisson. Après, chaque match diffère d'un autre. Le staff technique en place saura gérer tout ça. Plus de 2000 supporters algériens feront le déplacement au Brésil pour encourager leur sélection. Pensez-vous que cela va avoir un effet positif sur les joueurs ? Evidemment. C'est une bonne chose pour un joueur de voir qu'il est soutenu et encouragé par ses supporters. Cela va donner plus d'assurance et de courage aux joueurs afin qu'ils puissent tout donner sur le terrain et réaliser le meilleur des résultats possible. L'Algérie a joué dernièrement un match amical face à la Slovénie. Que pensez-vous du choix de cet adversaire qui, rappelons-le, n'est pas qualifié pour la Coupe du Monde ? Vous savez, quand vous affrontez des sélections fortes, c'est toujours bénéfique et ça vous permet de progresser et d'évoluer. Ça permet aussi au sélectionneur de voir le niveau de préparation de son équipe à quelques mois du début d'une grande compétition. Pour l'Algérie qui est qualifiée pour le Mondial, il aurait été plus judicieux d'affronter des sélections plus fortes afin d'en tirer des conclusions plus intéressantes. Quel votre favori pour cette Coupe du Monde, celui que vous voyez remporter le trophée final ? Ça va être très serré, puisque pas mal de sélections peuvent prétendre brandir ce trophée. Je miserais sur le Brésil, mais attention à des sélections comme l'Allemagne, l'Espagne et enfin, l'Argentine. Les sélections européennes pourraient trouver quelques difficultés à s'habituer au climat au Brésil, non ? Non, non, je ne le pense pas. Les équipes européennes ont tout calculé et la plupart d'entre-elles vont sans doute se déplacer plusieurs jours avant le début de la compétition pour s'acclimater et être prêtes pour le coup d'envoi du tournoi. Vous êtes un ancien international italien et c'est normal que l'on vous pose une question sur les chances de la Squadra Azzurra lors de ce Mondial... L'Italie a les moyens pour aller le plus loin possible dans cette Coupe du Monde. L'équipe dispose d'un grand coach qui pourra mener à bien sa mission. Je suis très optimiste quant à la participation de mon pays durant ce tournoi malgré les quelques difficultés qui entourent la sélection en ce moment. Ne pensez-vous pas que le fait que Prandelli mise surtout sur de jeunes joueurs risquerait de coûter assez cher à la sélection italienne et ne lui permettrait pas d'aller très loin ? Je ne vois pas les choses sous cet angle. Prandelli va sans doute faire appel aux meilleurs 23 joueurs du moment. L'Italie sait se surpasser lors des phases finales que ce soit d'un Mondial ou bien de l'Euro. D'ailleurs, on a bien vu que, lors de l'Euro 2012, la sélection italienne a pu atteindre la finale, alors que presque personne ne misait sur elle. Parlons un peu de la Serie A. La Juventus domine outrageusement le championnat. Mérité d'après-vous ? Plus que mérité ! La Juventus est largement plus forte que les autres. Elle domine de la tête et des épaules le championnat et file tout droit vers un troisième sacre d'affilée. C'est un club bien structuré qui compte des joueurs de très haut niveau, encadrés par un entraineur de classe mondiale. Entrainer en Serie A vous intéresserait-il ? Bien entendu que oui. Entrainer un club italien est un rêve pour n'importe quel coach. Certes, j'ai débuté ma carrière d'entraineur en France, mais j'ambitionne de revenir en Italie et prendre un club. C'est un challenge difficile, mais je ferai tout pour l'atteindre. Vous préféreriez un club ou une sélection ? Je n'ai pas de préférence particulière. Il faut juste que je prenne acte des objectifs et de la vision des responsables. Trappatoni va entrainer la Côte-d'Ivoire après le Mondial. Qu'en pensez-vous ? La Côte-d'Ivoire compte dans ses rangs plusieurs joueurs de haut niveau et c'est une bonne chose pour Trappatoni. Avez-vous déjà visité l'Algérie ? Non, pas encore. Le Buteur organise annuellement la cérémonie du Ballon d'Or récompensant le meilleur joueur algérien. On pourrait vous avoir parmi nos invités ? Oui, pourquoi pas. Je serai honoré d'assister à une telle cérémonie. Si la Fédération algérienne vous contacte et vous propose de prendre en main la sélection, quelle serait votre réponse ? Je prendrai la sollicitation très au sérieux. L'Algérie a une grande équipe et je serais très intéressé de l'entrainer.