«C'est le chargé de la sécurité qui a insisté pour citer Belloumi» Suite aux déclarations de Abdelhakim Serrar, à travers lesquelles il a infirmé que la sélection algérienne a subi des pressions au Caire en 1989 lors du match retour face à l'Egypte, nous avons eu une discussion avec l'entraîneur actuel de l'USMA, Noureddine Saâdi, qui n'était autre que l'adjoint du sélectionneur Abdelhamid Kermali à l'époque. Connu pour son franc-parler, il nous a raconté ce qui s'était réellement passé avant et après le match, à commencer par l'incident du médecin égyptien. «J'avais déjà affirmé que Belloumi était innocent dans l'affaire du médecin égyptien éborgné. Dieu merci, il a été innocenté de cette affaire dont le premier responsable n'est autre que le chauffeur du bus qui a énervé les joueurs. A l'issue de la rencontre et au lieu de nous transporter directement à l'hôtel Sheraton qui ne se situe pas loin du stade, ce dernier a fait exprès de prendre une autre destination. Là, on s'est retrouvés au carrefour du centre-ville et là les joueurs ont commencé à subir des provocations de la part des supporters égyptiens. Ce qui a énervé les joueurs qui ont eu une prise de bec avec le chauffeur du bus. Les choses ont failli prendre une autre tournure n'étaient l'intervention de Kermali et la mienne pour calmer les esprits. Ce chauffeur n'a pas cessé de nous traiter d'enfants de la France. Je me souviens très bien de cette phrase qui a fait plus qu'énerver les joueurs. A notre arrivée à l'hôtel, la colère s'était déjà emparée de tous les joueurs, Belloumi avait demandé les clefs de sa chambre au réceptionniste. Ce dernier est entré en polémique avec lui, j'étais présent en compagnie de Fergani. C'est à ce moment qu'un joueur dont je ne citerai pas le nom a jeté un verre sur la table et c'est de cette façon que le médecin égyptien a eu son accident à l'œil. Je tiens à préciser également que Belloumi n'était pas présent sur les lieux au moment de cet incident», nous dira Saâdi. «C'est le chargé de la sécurité qui a insisté pour citer Belloumi» «Le chauffeur du bus a reçu des instructions pour changer d'itinéraire. D'ailleurs, on a failli être agressés, voire lynchés à cause de lui. Pour revenir à la raison pour laquelle Belloumi est devenu le principal accusé dans l'affaire du médecin, je me souviens bien de ceci : le réceptionniste avec lequel Belloumi s'était disputé a voulu se venger de ce dernier en le citant comme l'auteur de l'acte. Le chargé de la sécurité au niveau de l'ambassade a insisté pour citer Belloumi comme étant celui qui a jeté le verre sur la table. Et il nous a demandé de clore le sujet définitivement tout en nous rassurant que l'ambassade allait régler le problème», affirme Saâdi encore. «300 supporters nous attendaient à l'aéroport… Nous avons trouvé des difficultés pour faire monter Kermali dans le bus» «A notre arrivée à l'aéroport du Caire, il y avait près de 300 supporters qui étaient là à nous attendre. Je ne pense pas que cela était dû à un simple hasard, surtout qu'on est arrivés en fin de soirée. Nous avons même trouvé des difficultés à arriver au bus, notamment en ce qui concerne Kermali envers lequel l'hostilité des Egyptiens était dirigée en premier. On a été contraints Fergani et moi de le placer entre nous pour qu'il puisse se frayer un chemin vers le bus qui devait emmener la sélection. La pression a commencé au niveau de l'aéroport», ajoute Saâdi. «A cause de la forte pression, les joueurs ne pouvaient même pas entendre les consignes à l'échauffement» «Tellement la pression était grande de la part des supporters égyptiens, ce qui était somme toute logique, nos joueurs ne pouvaient même pas entendre nos consignes à l'échauffement. On a donc été contraints de les faire revenir aux vestiaires pour qu'on puisse leur donner ces consignes. D'ailleurs, l'arbitre Benacer a été influencé par cette pression. Il a accordé un but entaché d'une faute aux Egyptiens en début de partie, mais ce match n'est pas sorti de son cadre sportif pour autant», nous a confié Saâdi. «Si la rencontre se joue à Alexandrie, on gagnera par un score lourd… Le match de barrage sera en faveur de l'Egypte» «L'Egypte sera contrainte d'ouvrir le jeu, ce qui nous permettra de marquer. Si la rencontre se déroule à Alexandrie, je suis persuadé qu'on gagnera par un score lourd, car ce stade ressemble à celui de Tchaker et convient à notre façon de jouer. Mais si on en arrive aux barrages, je crois bien que l'Egypte sera la mieux indiquée pour arracher la qualification au Mondial. Ils ont une meilleure équipe au niveau de la construction du jeu. Bon, je pense qu'on n'ira pas jusque-là et que ça se jouera ce 14 novembre», conclut Saâdi enfin.