El Hadi Larbi : «Je ne leur fais pas confiance, il faut un commando en Egypte» Algérie 0 - Egypte 0 8 octobre 1989 Stade Hamlaoui (Constantine) ` 50 000 spectateurs Eliminatoires Mondial 1990 Arbitre : Picon (île Maurice). Algérie : Larbi, Rahmouni Mourad, Adjas, Megharia, Adghigh, Ferhaoui, Hadj Adlane, Oudjani, Madjer, Belloumi, Medane (Saïb) Entraîneur : Lemoui Egypte : Shoubeïr, I. Hassan, Yassine, Ahmed, Yaken, Kassam, Abderassoul, Abdelghani, H. Hassan, Abdelhamid, El Kas Entraîneur : Al Gowhari ------------------ Egypte 1 - Algérie 0 17 novembre 1989 Le Caire 100 000 spectateurs Eliminatoires Mondial 1990 Arbitre : Benaceur (Tunisie) But : H. Hassan (4'). Algérie : Larbi (Osmani), Benhalima, Adjas, Megharia, Serrar, Amani, Ferhaoui, Chérif El Ouazzani, Menad, Belloumi, (Oudjani), Madjer. Entraîneur : Kermali. Egypte : Shoubeïr, I. Hassan, Yassine, Ramzi, Yaken, H. Ramzi, Abdelhamid, Abdelghani, Ettab (Rajeb). Entraîneur : Al Gowhari. ------------------ Octobre 1988, un an après Les deux confrontations de l'année 1989 étaient un peu particulières en plus du fait de désigner un des trois pays qui allaient représenter le continent africain au Mondial italien. La première confrontation coïncidait avec le premier anniversaire du soulèvement populaire. Elle s'est jouée le 8 octobre. Et le choix de la ville qui devait abriter cette rencontre n'était pas fortuit. Eviter tout dérapage, on éloigne le match à Constantine Ainsi, les autorités politiques de l'époque avaient décidé de faire jouer le match à Constantine. On avait certainement craint, à l'époque, que pour une raison ou une autre, la fin de la rencontre se transforme en manifestation. Les slogans tels «Bab El Oued chouhada» résonnaient encore en 1989 et même des années plus tard. Le pays connaissait aussi en cette année la fin du parti unique. Une loi autorisant la création d'associations à caractère politique fut votée en février. C'est dans ce contexte-là que les deux manches se sont déroulés. Laissé seul à l'hôtel, Lemoui déposait sa démission La première manche entre les deux équipes s'était terminée sur un score de parité zéro partout. Cela n'a pas été du goût des décideurs et de tout le peuple algérien qui attendaient une participation au Mondial italien. A la fin de la rencontre qui s'est déroulée à Constantine, le sélectionneur de l'époque, Kamel Lemoui, se serait retrouvé seul, à l'hôtel militaire de la ville du Vieux Rocher. Il aurait senti un lâchage de la part des responsables du football. C'est ce qui l'aurait poussé à démissionner. Il n'était pas présent le 17 novembre de la même année au stade du Caire. L'histoire de ces deux rencontres nous est racontée par un élément qui a vécu un cauchemar en Egypte. On a donné la parole à Mohamed El Hadi Larbi. M. B. ------------------ El Hadi Larbi : «Je ne leur fais pas confiance, il faut un commando en Egypte» El Hadi Larbi a vécu les pires cauchemars de sa carrière internationale ce 17 novembre 1989. Agressé dès les premières minutes du match, il fera une mauvaise chute en seconde période. «Je préconise un départ vers le 11 ou le 12 novembre. Il est important de s'adapter au climat du pays. Il faut être très vigilant sur le terrain. Personnellement, je ne fais pas confiance aux Egyptiens. Voyez comment réagissent certaines de leurs chaînes de télévision. Elles cultivent la haine, pourtant ce n'est qu'un match de foot. Il nous faut un commando en Egypte.» «La pluie nous a énormément gênés à l'aller» «A l'aller, on a joué dans des conditions très ordinaires. Le match s'est joué à Constantine, mais la préparation s'est faite dans la capitale. On n'avait pas bénéficié de stage à l'étranger. On a quitté Alger par la suite pour nous installer à l'hôtel militaire de Constantine. Le match s'est joué par temps de pluie et je pense bien qu'à cause du mauvais temps, on n'avait pas pu sortir avec un meilleur résultat. L'Egypte était très coriace et elle s'est même créé des occasions. J'ai gardé des coupures de journaux de l'époque, comme l'hebdomadaire El Hadef (à ne pas confondre avec notre confrère El Heddaf). Ce journal titrait : ‘‘Larbi ange gardien''. Eh bien, j'avais écarté quatre tentatives dangereuses à moi seul.» «C'est Ahmed Ramzi qui m'a frappé avec le coude, puis avec le genou sur l'action du but» «Au match retour, c'était un autre staff technique qui nous a accompagnés. Il y avait à la tête de ce staff technique cheikh Kermali assisté de Saâdi et Fergani en plus de l'entraîneur des gardiens, Abdelouahab Allah Yerahmou. On avait encaissé dans les premières minutes du match. Suite à un corner, Ahmed Ramzi m'a asséné un coup de coude sur le visage et en retombant il m'a donné un coup avec son genou. Les Egyptiens avaient marqué et malgré toutes les contestations qui fusaient de notre banc et des joueurs sur le terrain, le but a été validé par l'arbitre Benacer. J'étais vraiment sonné, mais le médecin de l'équipe est resté derrière moi à m'encourager pour terminer la première mi-temps. J'y suis arrivé, mais malheureusement pour moi, ce n'était pas mon jour de chance. Sur une balle aérienne, en seconde période, je suis mal tombé et à cet instant j'ai avalé ma langue, ce qui a nécessité mon transfert à l'hôpital. Je suis resté neuf heures dans le coma. Tikanouine était resté à mon chevet.» «Nos joueurs devront se méfier du tunnel du Caïro Stadium» Il n'a pas été possible de finir l'entretien que nous a accordé l'ancien gardien de but de l'équipe nationale sans que ce dernier aborde le sujet qui retient toutes les attentions : cet Egypte-Algérie du 14. Quelles sont les précautions à prendre afin d'éviter de tomber dans les pièges du stade du Caire ? Fort de son expérience, Larbi recommande une délégation de joueurs à l'esprit de commando. «Je recommande de faire très attention une fois à l'intérieur du tunnel du Caïro-Stadium.» Quand Larbi parle de tunnel, le tunnel du stade du 20-Aout nous revient à l'esprit car il est long et surtout sombre. Les deux tunnels se ressemblent-ils ?, avons-nous demandé à Larbi. «Le tunnel du Caïro Stadium est plus long. Le problème, c'est qu'il y a risque que l'éclairage soit coupé. Il y aura probablement des militaires matraque à la main pour soi-disant assurer notre sécurité, mais dès que la lumière se coupe, ils risquent d'y avoir matraquage sans pitié. Attention, là aussi, ils savent à quels endroits frapper. Ils ne frappent jamais à la tête. Ils visent les pieds pour handicaper le joueur. Ils savent que si le joueur sort la tête blessée, l'arbitre va trouver cela bizarre et comprendra facilement qu'il s'est passé des choses graves dans le tunnel. Il ne faut pas oublier que l'arbitre a déjà vu tous les joueurs au moment de la vérification des passeports. En plus, des joueurs blessés à la tête, cela ne peut pas passer inaperçu.» M. B. ------------------ Cela s'est passé ce jour-là * L'année des bouleversements politiques mondiaux C'est sans conteste l'année des bouleversements politiques. Qui aurait prédit la chute du Mur de Berlin, dont on dit aujourd'hui qu'il avait fait éviter la troisième Guerre Mondiale. J. F. Kennedy, dit-on, s'était réjoui, en privé, à l'annonce de la construction du mur. L'effondrement du système soviétique basé sur le mensonge et la répression. * 1989, les associations à caractère politique voient le jour L'année 1989 connaissait aussi la fin du parti unique. Le FLN perd son statut de seul parti dans le paysage politique. Une loi avait été votée par l'Assemblée nationale grâce à laquelle une foultitude d'associations à caractère politique voient le jour. La nouvelle Constitution avait été votée le 23 février. * La chute du Mur de Berlin Lors du match aller qui s'est déroulé le 8 octobre, personne n'avait prédit la chute du Mur de la honte, comme on aime à l'appeler en Occident. Lors du match retour, le Mur de Berlin avait disparu. Les briques de ce mur sont aujourd'hui éparpillées dans le monde entier, placées sur des places publiques, mais on ne sait pas si l'une d'elles se trouve en Algérie. * Kasdi Merbah Premier ministre Le défunt Kasdi Merbah est nommé Premier ministre ; il ne fera pas long feu à la tête de son gouvernement. Il connaîtra lui aussi une multitude de grèves, jugées inexplicables. Il finira par jeter l'éponge. Il introduira une taxe liée au véhicule automobile.