Agression inverse… 20 ans après Il y a quelques jours, plus précisément lundi dernier, des responsables de la Fédération égyptienne de football (FEF) s'étaient réunis avec les meneurs des groupes de supporters ultras des clubs du Caire. Officiellement, cette réunion, présidée par Aymen Younès, l'un des proches de Samir Zaher, patron du football égyptien, avait pour objet la préparation de la vente des billets pour les supporters et leur sensibilisation pour qu'ils viennent nombreux au stade. Or, ce prétexte était trop gros pour être vrai. En effet, il n'est nul besoin de motiver les supporters lorsqu'il s'agit d'un match d'une telle importance et dont l'enjeu n'est ni plus ni moins qu'une qualification pour la Coupe du monde. Forcément, il y avait anguille sous roche. L'anguille a fini par apparaître à la surface jeudi dernier, avec l'agression qui a visé les joueurs de la sélection nationale. Les ultras ont eu tous les détails sur l'itinéraire des Algériens En effet, la présence curieuse d'ultras égyptiens décidés à en découdre tout au long de l'itinéraire du bus transportant les joueurs révèle le vrai objet de ladite réunion : les ultras ont été instruits d'intimider les joueurs algériens, quitte à les égratigner un peu, histoire de leur faire peur avant le match. Pour ce faire, l'itinéraire du cortège leur a été indiqué, ainsi que le hall par lequel les Algériens allaient sortir (le hall 4) et l'hôtel où ils allaient descendre. Rien d'étonnant donc à ce que ces supporters soient présents tout au long du parcours et encore plus nombreux aux abords de l'entrée de l'hôtel. Comme hors-d'œuvre, les agression contre le journaliste du Buteur et des supporters sur le Nil Comme preuve du conditionnement des supporters égyptiens, il y a eu la tentative d'agression envers l'un des envoyés spéciaux du Buteur et d'El Heddaf mardi dernier dans une salle omnisports au club Al Ahly et qui avait engendré une bataille rangées entre les ultras et les policiers. Il y a eu également le lendemain une autre tentative d'agression contre des supporters algériens sur les berges du Nil alors qu'ils revenaient d'une promenade en bateau-mouche. Notez bien que ces deux tentatives d'agression se sont produites après la réunion entre les groupes des ultras et les responsables de la FEF, ce qui montre bien que les supporters extrémistes ont été bien conditionnés, alors que les Algériens, avant cela, se promenaient ouvertement avec le drapeau algérien sans être inquiétés. Les supporters extrémistes invités à venger Annaba et Blida Afin de conditionner les ultras, les instigateurs de l'opération ont affirmé que les joueurs égyptiens avaient été agressés à Annaba en 2001, à l'occasion d'un match en éliminatoires de la Coupe du monde, et leur bus saccagé. Ils ont également ressorti l'affaire de la prétendue intoxication alimentaire dont des joueurs et le sélectionneur Hassan Shehata auraient été victimes avant le match de Blida de juin dernier et qui aurait influé sur le rendement de l'équipe durant la rencontre, provoquant sa défaite. Tout l'attirail des arguments belliqueux a été donc sorti pour convaincre les jeunes supporters, dans leur majorité des adolescents et jeunes désœuvrés, de la «justesse» de la cause. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux nous ont lancé à l'aéroport du Caire, jeudi : «On va vous égorger comme vous nous aviez égorgés à Annaba.» Bien sûr, Samir Zaher, qui avait déclaré que tout était permis aux supporters pour vaincre l'Algérie, s'en lave les mains. F. A-S. -------------- Agression inverse… 20 ans après Apparemment, la vengeance est un plat qui se mange très froid en Egypte après vingt ans de congélation. Les chauvins égyptiens qui ont agressé jeudi les joueurs algériens à leur arrivée au Caire en donnent la preuve. Alors que les médias égyptiens n'ont cessé, depuis que le tirage au sort a mis l'Algérie et l'Egypte dans le même groupe, de remettre au goût du jour l'affaire dite «Belloumi» qui aurait prétendument agressé un médecin égyptien, simple supporter, il y a vingt ans après la qualification de l'Egypte pour le Mondial 90 aux dépens de l'Algérie (il s'est révélé par la suite que Belloumi n'était pas le vrai agresseur et le joueur a vu son affaire réglée), les jeunes supporters égyptiens, chauffés à blanc, se sont vengés à leur manière en se faisant les agresseurs de joueurs algériens. Il y a vingt ans, c'était une agression d'un joueur contre un supporter ; là, c'est celle de supporters contre des joueurs. Il y a vingt ans, l'incident s'était déroulé après le match ; là, il a eu lieu avant. Il y a vingt ans, l'enjeu était une qualification en Coupe du monde ; là, l'enjeu est le même mais avec un plus grand pourcentage de chances pour les Algériens. Bref, tout l'inverse d'il y a vingt ans, avec les mêmes antagonistes. Espérons, au moins, pour que cette logique soit complète et parfaite, que le résultat du match soit également l'inverse que celui d'il y a… vingt ans. F. A. S.