La plaidoirie des Egyptiens fait rire les enquêteurs. L'avocat italien a refusé de commenter l'agression du 13 novembre. Le journal égyptien Le Septième jour a publié, hier jeudi, les déclarations des membres de la délégation égyptienne, auditionnés mercredi par la Commission de discipline de la FIFA, à propos de l'affaire du bus algérien caillassé la veille du match retour Egypte-Algérie disputé le 14 novembre passé au Caire, décisif pour une qualification en Coupe du monde 2010. La version plaidée par les responsables égyptiens n'a pas du tout convaincu la commission compétente au sein de la Fédération internationale de football. De l'avis même des spécialistes égyptiens, les arguments présentés par le bureau de Samir Zaher ne tiennent pas la route. C'est pourquoi ils ont, à l'unanimité, conclu que l'Egypte n'échappera pas aux sanctions de la FIFA. Devant le rapport détaillé des événements établi par les dirigeants algériens et les preuves en béton déposées par Raouraoua et ses représentants, les Egyptiens ont perdu toute crédibilité envers l'instance de Blatter. Le scénario monté de toutes pièces par les Pharaons, qui ont essayé de faire croire à une mise en scène des Algériens pour assurer une protection présidentielle avant, durant et après la rencontre du mois de novembre dernier, a été déjoué par le président de la FAF, Mohamed Raouraoua. Ce dernier, par sa présence d'esprit et sa vigilance professionnelle, a pu rassembler toutes les preuves qui ont mis à nu les pratiques insalubres de Samir Zaher et sa fédération aux yeux du monde entier. Aymen Hafez a tout nié Aymen Hafez, le directeur d'administration de l'équipe nationale olympique égyptien, était le premier à paraître devant le conseil de discipline de la FIFA. Ce dernier a signifié aux enquêteurs que les responsables algériens avaient catégoriquement refusé sa présence dans le car qui transportait la délégation algérienne de l'aéroport à l'hôtel. A la grande stupéfaction de ses interlocuteurs, il a essayé de tout nié au sujet des attaques barbares dont a été victime la délégation algérienne un certain 13 novembre 2009 : «Tout était bien préparé pour bien accueillir nos frères algériens. Il ne s'est rien passé jusqu'à ce que certains joueurs algériens aient commencé à saluer des supporters égyptiens rangés sur les trottoirs de la route menant de l'aéroport au lieu de résidence de l'équipe nationale algérienne. C'est là que quelques petits enfants ont commencé à jeter des pierres en direction du bus algérien mais sans faire de blessés ni provoquer le vol en éclat des vitres du car. La police égyptienne s'est vite précipitée sur les lieux pour protéger le transport algérien.» Quel culot ! Amr Wahbi essaye de dribler et parle d'un accueil royal De son côté, Amr Wahbi, le responsable égyptien qui avait été désigné pour accueillir la délégation algérienne le 13 novembre dernier, a certifié que les Algériens ont eu droit à un accueil des plus chaleureux. «C'est le cas des joueurs et des supporters algériens qui ont été mis dans d'excellentes conditions», a-t-il déclaré. «Les rapports des émissaires de la FIFA et des délégués de la rencontre sont là pour consolider mes propos», ajoutera-t-il sans pour autant persuader personne. L'avocat italien a refusé de commenter l'agression du 13 novembre Après avoir entendu les deux représentants de la Fédération égyptienne cités, c'était au tour de l'avocat chargé par la FEF de défendre sa cause dans ce litige l'opposant à la FAF, de s'exprimer. Ce dernier est passé directement à la qualité de l'accueil réservé aux Algériens sans trouver nécessaire de revenir sur les incidents du 13 novembre 2009, dont les images de l'attaque barbare perpétrée contre la délégation algérienne ont fait le tour du monde. L'avocat était, semble-il, à court d'arguments, jugeant certainement que les prétextes avancés par les Egyptiens étaient approximatifs et pas du tout fondés. Par ailleurs, on est tenté de croire qu'en refusant de commenter les incidents qui ont émaillé l'arrivée de la délégation algérienne au Caire, l'avocat italien a, en quelque sorte, reconnu la culpabilité de l'Egypte et des Egyptiens dans cette affaire. Zaher : «On refuse que le football soit assimilé au terrorisme et à la violence» Au terme de son intervention, le président de la Fédération égyptienne, Samir Zaher, qui a évité de reparler les incidents du bus algérien caillassé par des supporters égyptiens qu'il avait lui-même manipulés, a tout simplement usé de la langue de bois. Ce sieur, qui avait monté la population égyptienne contre les Algériens, est redevenu tout d'un coup sage. Dans une déclaration reprise par le site officiel de la FEF, Zaher a appelé les deux parties à dépasser cette crise engendrée par le comportement indigne de certaines personnes irresponsables : «Le football est un sport qui rassemble les peuples et non le contraire. Le terrorisme sportif peut en effet atténuer les excellentes relations fraternelles qui lient les deux pays. C'est pourquoi j'appelle tout le monde à oublier les événements qui ont secoué les relations entre les deux pays frères.» Par ailleurs, ne pouvant dissimuler sa ciguë envers tout ce qui est algérien, Zaher a exigé avant l'entame des travaux de cette rencontre extraordinaire consacrée à l'étude du dossier Egypte-Algérie d'exclure l'Algérien Hamid Hadadj du conseil de discipline de la FIFA. En qualifiant les supporters algériens de terroristes, il s'est enfoncé Dans une tentative de sensibiliser les enquêteurs de la FIFA et de gagner leur estime, Samir Zaher a commis la grave erreur de qualifier de nouveau dans son discours les supporters algériens de terroristes. Contrairement à Raouraoua, calme et lucide, Zaher fabulait et donner l'impression d'être aux abois : «Ce que nous avons enduré à Khartoum de la part des fans algériens est tout simplement du terrorisme. Cette violence pratiquée contre nous au Soudan est d'une rare férocité», a-t-il conclu, histoire d'éviter à son pays les sanctions extrêmes qui s'imposent dans pareils cas. Il est utile de préciser que faute de preuves tangibles, les membres du conseil de discipline ont refusé d'ouvrir une enquête sur les prétendus incidents qui auraient émaillé la fin de rencontre d'appui disputée le 18 novembre à Oum Dourmane. Les sanctions dans quelques jours La commission de discipline au sein de la FIFA rendra bientôt son verdict à propos de ce dossier minutieusement ficelé par les enquêteurs de la FIFA. Samir Zaher a annoncé à la presse égyptienne que les sentences seront connues d'ici la fin du mois d'avril prochain. Chose démentie par le président du conseil de discipline de la FIFA, Marcel Matir, qui a rassuré que ladite commission se réunira les prochains jours pour trancher définitivement cette affaire. Enfin, tous les indices (rapport des délégués de match, le résultat de l'enquête des émissaires de la FIFA et la solidité du dossier déposé par l'Algérie) mènent à conclure que l'Egypte court une sanction très lourde. Une forte amende, assortie deux matchs de suspension sur terrain neutre applicable lors des prochaines éliminatoires de la Coupe du monde 2014, serait la sanction que la commission de discipline prononcera sous peu. Les témoignages qui enfonceront les Egyptiens Comme on le sait, les présidents des fédérations algérienne et égyptienne, à savoir Mohamed Raouraoua et Samir Zaher, ont été entendus par la Commission de discipline de la FIFA, avant-hier en son siège, pour statuer de manière définitive sur cette affaire de caillasage du bus des joueurs algériens lors du match qui a opposé les deux pays au mois de novembre dernier et prendre les mesures qui s'imposent. Zaher, malin comme il est, est allé jusqu'à affirmer sans scrupule aucun aux membres de ladite commission que rien de grave n'avait été vraiment enregistré et que des joueurs algériens avaient dramatisé les choses, en provoquant eux-mêmes leurs blessures. Cependant, quelle fut grande la surprise de l'Egyptien d'avoir su par la suite que Raouraoua avait emmené avec lui les deux médecins étrangers qui étaient en compagnie de la sélection algérienne, dans ce même bus caillassé, pour témoigner et donner leurs versions des faits. En effet, et ne voulant rien laisser au hasard, le président de la FAF avait invité l'actuel médecin de l'équipe de Bochum, l'Allemand Shubert ainsi que le Français Gaillou, (les deux médecins s'occupaient de certains de nos joueurs blessés en ce temps-là et donc étaient du voyage avec l'équipe au Caire et présent lors du caillassage), à se présenter à Zurich, pour apporter devant les membres de la commission leur témoignage et raconter avec détails ce qui s'est réellement passé. Des aveux de poids qui enfonceront certainement encore plus les Egyptiens et pousseront la FIFA à sévir avec fermeté, car il faut savoir que les deux médecins en question, de par leur nationalité, constituent en soi des témoins neutres et oculaires qui seront du coup un avantage supplémentaire pour l'Algérie. Le verdict final n'a pas été encore dévoilé et rien n'a filtré de la réunion qui a regroupé l'ensemble des membres de la commission. On en saura davantage le 20 mars prochain.