Cerbah : «Hosni Moubarak a menti» Raouraoua : «Tout a été planifié pour que l'EN soit battue» Bien que leur équipe ait pu décrocher in extremis le droit de jouer le match barrage mercredi au Soudan, les supporters égyptiens ne se sont pas contentés au coup de sifflet final de fêter seulement la victoire des Pharaons, comme le font les fans d'une façon générale. Les Egyptiens, qui se sont transformés en «skinhead», ont décidé de s'attaquer tout simplement aux Algériens à leur sortie du stade. Des barrages pour «attraper des Algériens» Le moins que l'on puisse dire est que la fin du match a tourné au cauchemar pour les Algériens. En effet, à leur sortie du stade, chaque fan des Verts a dû se débrouiller à sa manière pour regagner son lieu d'hébergement. Les Egyptiens, dans leur soif de vengeance, ont dressé des barrages dans les différentes rues du Caire pour attraper des Algériens, devenus leur cible privilégiée. Dès qu'on reconnaissait un ou plusieurs Algériens, on procédait systématiquement au matraquage, tabassage ou bien au bombardement des véhicules avec toutes sortes de projectiles avec l'intention de nuire à l'intégrité physique des fans ciblés, comme si on était dans une fête foraine. Les fans livrés à eux-mêmes Alors que dans tous les pays du monde, on procède à l'évacuation des supporters qu'après avoir évacué le stade et sécurisé le périmètre, afin de permettre aux supporters adverses de quitter l'enceinte du stade en toute sécurité, en Egypte, c'était loin d'être le cas pour les Algériens présents au Cairo Stadium, qui étaient livrés à eux-mêmes. Face à l'indifférence des forces de sécurité égyptiennes, les Algériens ont dû se débrouiller comme ils le pouvaient en essayant de se camoufler pour éviter de se faire lyncher dans les rues du Caire. Malheureusement, ce n'est pas tout le monde qui a pu passer à travers les mailles du filet, puisque bien nombre de supporters ont été victimes de guets-apens orchestrés par des voyous égyptiens. Certains ont scandé le nom de l'Egypte pour sauver leur peau Face à cette situation où il était question de vie ou de mort, certains fans des Fennecs ont dû à contre cœur scander le nom de l'Egypte en arrivant nez à nez avec les barrages. Ces Algériens, qui étaient en pleurs, ont été envahis d'un sentiment de trahison en scandant le nom des Pharaons. Et pourtant, il fallait le faire pour sauver leur vie face à des Egyptiens qui étaient prêts à tuer pour se venger. On n'ose même pas imaginer quel aurait été le sort des fans algériens en cas de qualification de la sélection nationale. Les femmes étaient en larmes Des femmes algériennes venues supporter les Verts étaient elles aussi livrées à elles-mêmes dans les rues du Caire. Malgré le risque de se faire carrément lyncher pour ne pas dire autre chose, ces femmes ont dû prendre leur courage à deux mains pour rejoindre leur lieu d'hébergement. C'est au risque de leur vie que ces Algériennes ont traversé les rues de la capitale égyptienne, alors qu'une chasse aux Algériennes était ouverte dans les rues du Caire. ---------------------- Nos ministres n'usent plus de la langue de bois La casse était tellement grande côté algérien que nos ministres ont fini par ne plus user de la langue de bois, comme cela a été le cas peu avant le coup d'envoi de cet Egypte-Algérie. * Ould Abbès : «Je présenterai un dossier très lourd au gouvernement» «Des symboles de la République ont été touchés en Egypte. A commencer par notre Equipe nationale dont le bus a été la cible de projectiles de la part de supporters égyptiens. Ensuite, il y a eu l'agression dont ont été victimes nos compatriotes. Enfin, il y a eu les huées du public égyptien au moment où l'hymne national a commencé à être entonné. Des actes inacceptables et devant lesquels on ne saurait se taire. Je ferai un rapport détaillé au Premier ministre.» * Djiar : «Ce qui s'est passé en Egypte est une honte» «J'ai rencontré les membres de l'équipe nationale après le match et tout semblait se passer de manière ordinaire. La rencontre ne s'est pas déroulée dans les meilleures conditions hélas. Ce que nous avons vécu en Egypte est une honte. Cela n'honore pas les Egyptiens. Le plus important, c'est que nous ne sommes pas éliminés. Nos chances restent intactes.» ---------------------- De retour à l'hôtel, le bus de l'EN ciblé par des jets de pierres sous le regard de la FIFA Le bus transportant la sélection nationale a été, samedi dernier à son retour à l'hôtel, la cible de jets de pierres sous les regards des représentants de la FIFA qui étaient parmi les passagers . Le Comité d'organisation de la coupe du monde relevant de la FIFA avait déjà demandé à la Fédération égyptienne «des garanties écrites» pour assurer la sécurité de la délégation algérienne suite au caillassage du bus transportant les joueurs vers leur hôtel près de l'aéroport. Raouraoua : «Tout a été planifié pour que l'EN soit battue» Le président de la FAF, M. Mohamed Raouaraoua, avait déclaré à la fin du match que «nous avons été victimes d'un guet-apens programmé et planifié pour battre la sélection nationale», ajoutant que le bus qui devait ramener les joueurs du stade à leur hôtel a été une seconde fois attaqué à coups de pierres, avec cette fois-ci le constat direct du délégué de la FIFA qui était dans notre bus.» Lemmouchia : «Si on s'était qualifiés, nos vies auraient été en danger» Le milieu international algérien Khaled Lemmouchia a affirmé dimanche que l'Equipe nationale ne va pas lésiner sur les efforts pour arracher sa qualification au Mondial 2010, lors du match barrage face à l'Egypte. «Rien n'est encore joué. Il nous reste encore une autre chance pour réaliser le rêve de tous les Algériens. Nous allons partir à chances égales sur un terrain neutre et les joueurs sont plus que jamais conscients de la tâche qui les attend. Si on s'était qualifiés ici au Caire, nos vies auraient été en danger. Franchement, les séquelles de l'agression étaient encore présentes le jour du match.» ---------------------- L'envoyé spécial du Buteur délesté de la carte mémoire de son appareil photo Les services de renseignements égyptiens ont arrêté et fouillé notre envoyé spécial au Caire. Ce journaliste avait pris en photo tous les Algériens tabassés en Egypte et filmé toutes les scènes qui montraient les agressions de nos supporters. La police secrète égyptienne a fouillé ses affaires, ensuite elle a confisqué toutes les cartes mémoires de son l'appareil photo et effacé toutes les photos compromettantes restées sur l'appareil. Ce n'est qu'à ce prix qu'il a pu embarquer sur l'appareil à destination de Khartoum. ---------------------- Retour des premiers groupes de supporters algériens Les premiers groupes de supporters algériens ont regagné dimanche le pays, après avoir assisté samedi à la rencontre de l'Equipe nationale au Cairo Stadium. Deux vols à destination d'Alger ont été programmés. Le 1er a été réservé aux supporters et le deuxième aux journalistes et personnalités sportives et artistiques. Les hôtels refusent d'accueillir les Algériens Le public algérien a subi durant son séjour au Caire toutes sortes de provocations et d'intimidations. Certains hôtels ont même refusé d'accueillir les supporteurs, comme ils nous l'ont affirmé. Ce qui illustre parfaitement l'hostilité des Egyptiens envers les Algériens. Raouraoua tire sur Zaher Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère avec son homologue égyptien. Il l'a rendu responsable en partie du mauvais accueil dont les joueurs ont fait l'objet pendant leur séjour au Caire et du carnage que les supporters ont subi après la fin de la partie. Raouraoua s'est demandé hier en s'adressant à des journalistes comment on oserait parler d'amitié entre les deux pays, suite à ces agressions viles et lâches dont nos compatriotes ont été la cible. ---------------------- Zaïm : «Une hostilité de tous les instants en Egypte» * Président, tout d'abord, tout se jouera dans un match d'appui au Soudan. Un commentaire ? Ce qu'il faut reconnaître en tout premier lieu, c'est que les Egyptiens ont échoué dans leur plan machiavélique. Je pèse mes mots en disant cela. Il y a eu toute une stratégie bien élaborée pour que notre Equipe nationale soit éliminée au coup de sifflet final du match. * Ce sont là de graves accusations que vous portez. Qu'est-ce qui vous pousse à le faire ? Je veux d'abord vous parler de la délégation de l'EN. Les services chargés de sa sécurité ont été «instruits» pour laisser sévir des personnes, manifestement choisies, agresser verbalement et même physiquement nos joueurs. Cela a commencé par la police des frontières qui a affiché un véritable mépris envers tout ce qui est Algérien. Il y a ensuite eu ce lâche guet-apens perpétré contre le bus de la délégation. * Y a-t-il eu d'autres exactions ? Bien sûr, c'était pratiquement la chasse à l'Algérien et cela surtout après l'annonce de la décision de la FIFA de maintenir le match. L'instance internationale a nettement montré qu'elle a penché pour le camp égyptien, en annonçant des mesures extrêmement faibles et d'aucune mesure avec la gravité des faits. * Et pour ce qui est du match, en lui-même ? Je pense que tout a été dit à ce sujet. C'était un non-match, vu qu'il s'est déroulé dans une conjoncture nauséabonde. Nos joueurs ont un peu perdu leur football et cela se comprend parfaitement. Malgré cela, ils sont à féliciter car ils ont déjoué les plans des Egyptiens. * Expliquez-vous… C'est clair, pour les Egyptiens, le billet pour l'Afrique du Sud aurait dû être arraché à la fin du match. Tout le monde s'était mobilisé pour cela, y compris les autorités du pays. Vous voulez dire que les Egyptiens craignent ce match d'appui au Soudan ? Exactement. Ils savent que techniquement, ils sont un ton au-dessous de l'EN. Sur le plan purement sportif, et dans un match qui se déroule dans des conditions normales, ils n'ont aucune chance. Entretien réalisé par Slimane Baghdali Un bus et son chauffeur pris à partie Vous vous souvenez certainement du reportage réalisé dans ces mêmes colonnes et dans lequel on a évoqué le bus de l'agence de Menani qui a effectué le déplacement au Caire par route. Et bien, il a été complètement saccagé par les supporters égyptiens à la fin du match et le chauffeur a été atteint par des projectiles. Un supporter des Verts poignardé Parmi ceux qui étaient dans le car, il y avait un supporter qui a été carrément poignardé avec une arme blanche. Il a été aussitôt transféré à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires. ---------------- Cerbah : «Hosni Moubarak a menti» C'est un Mehdi Cerbah extrêmement révolté que nous avons eu hier matin au bout du fil. L'ex-gardien de but international nous a appelés pour nous dire toute sa révolte et sa colère après ce qui s'est passé samedi au Caire. «Hosni Moubarak nous a menti», a-t-il vociféré. «En 1984, Hosni Moubarak nous avait promis, après un match houleux, de nous accueillir en Egypte de la meilleure des façons. Il s'est engagé en personne à ce que l'Algérie soit traitée comme chez elle en Egypte. Il nous avait même fait une proposition de séjourner quelques jours au Caire à ses frais, une invitation que nous avions déclinée poliment. Vingt-cinq ans après, on se rend compte qu'il nous a menti. Honte à lui !» --------------------- Où sont passés Medhat, Adib et Zaher ? Les Algériens se demandent pourquoi tant de silence de la part de ceux qui ont condamné l'utilisation des fumigènes à Blida. On fait allusion à Medhat Chalabi, Amr Adib et le président de la Fédération égyptienne, qui ont préféré faire la fête au lieu d'évoquer le comportement de leur galerie. Raouraoua passe à l'attaque Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, n'est pas resté indifférent à l'égard du comportement des Egyptiens. Il a en effet sollicité le représentant de la FIFA pour rédiger un rapport détaillé sur les incidents qui ont émaillé la rencontre. L'Egypte risque une amnde et un match à huis clos Même s'il serait impossible de tronquer les points de la victoire aux Egyptiens, après leur succès face à l'Algérie, il se peut que la FIFA double sa sanction financière envers la Fédération égyptienne de football suite à ces incidents déplorables et un match à huis clos. --------------------- Pour un match de qualification au Mondial 70 Le Honduras et le Salvador se sont déclaré la guerre en 69 Le football n'est pas qu'un jeu plaisant et attrayant. Il est aussi source de conflits, comme c'est le cas avec ce triste Egypte-Algérie. En 1969, le Honduras et le Salvador se sont déclaré carrément la guerre à cause d'un «banal» match de qualification pour le Mondial 70 au Mexique. Des milliers de victimes ont été recensées alors. Espérons que l'Algérie et l'Egypte n'arriveront pas jusqu'à se déclarer la guerre.