Raouraoua ne veut pas d'une participation banale L'attention de l'opinion publique nationale est tellement focalisée sur la course pour la qualification à la phase finale de la Coupe du monde qu'un petit «événement» est presque passé inaperçu : l'Algérie est qualifiée pour la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations, qui aura lieu du 10 au 31 janvier 2010 en Angola. Oui, c'est un petit «événement» si l'on tient compte du fait que l'Algérie a été absente des deux dernières CAN, ce qui fait que ce retour sur le devant de la scène africaine mérite d'être signalé. L'euphorie entourant la probabilité d'une participation au Mondial cache pour l'instant l'événement, mais il faudra bien s'y pencher bientôt puisque janvier, c'est dans moins de quatre mois. Lors de la conférence de presse qu'il a animée trois jours après la victoire obtenue face à la Zambie, le sélectionneur Rabah Saâdane avait éludé la question en répondant vaguement qu'il fallait attendre le tirage au sort (prévu le 20 novembre) et la constitution des poules pour commencer la préparation du tournoi. Cependant, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, tient à ce que la préparation se fasse dès maintenant, et le plus sérieusement possible, pour ce rendez-vous continental qu'il ne veut pas du tout rater. Raouraoua-Saâdane, c'était déjà le duo en 2004 On se le rappelle : la dernière participation algérienne à une CAN était en 2004 à Tunis. Une participation très honorable, au demeurant, avec une qualification pour les quarts de finale, et des résultats très positifs contre le Cameroun (nul) et l'Egypte (victoire à 11 contre 10). Il se trouve que les patrons de la FAF et de la sélection étaient… Raouraoua et Saâdane. En janvier, le duo gagnant aura donc à cœur de rééditer la performance d'il y a six ans et, pourquoi pas, à faire encore mieux. Du moins, c'est l'ambition clairement affichée par le patron de la FAF qui, ambitieux comme il est, tient à ce que la performance de l'Algérie en Angola soit à la hauteur de son histoire et de son standing. Pas question de s'attirer les railleries des Egyptiens Ce n'est pas simplement une question de prestige. C'est surtout pour le souci d'être digne du parcours actuel de la sélection algérienne en éliminatoires pour la Coupe du monde et de la perspective très plausible d'une présence au Mondial sud-africain. Non seulement cela ne ferait pas sérieux d'aller en Coupe du monde et faire mauvaise figure à la CAN, mais cela attirerait railleries et critiques, surtout de la part des médias égyptiens qui ne mettraient pas les gants pour qualifier de chanceuse une éventuelle qualification algérienne au Mondial. De plus, dans le cas où, par un concours de circonstances exceptionnel, l'Algérie et l'Egypte tomberaient dans la même poule, une victoire égyptienne diminuerait de la saveur de la qualification obtenue aux dépens de cette équipe –toujours dans le cas où l'Algérie se qualifierait pour le Mondial-. Saâdane a retenu la leçon de 1986 Outre le souci de préserver un certain standing, Rabah Saâdane doit encore tenir compte d'une donnée importante : une mauvaise participation à la CAN pourrait influer sur la préparation de la Coupe du monde. Il en avait fait l'amère expérience en 1986 lorsque les résultats catastrophiques obtenus à la CAN en Egypte avaient provoqué un profond malaise et la mise à l'écart de plusieurs joueurs locaux, sacrifiés sur l'autel de changement, ce qui avait constitué le prélude de la crise vécue par le groupe qui avait été retenu pour la Coupe du monde au Mexique. Sachant que les places seront chères, un mauvais tournoi en Angola inciterait les médias à réclamer des têtes et certains joueurs écartés à réclamer leur retour et c'est comme ça que commencent les problèmes. Quand on bat l'Egypte, on ne doit pas être gagne-petit Autre facteur qui plaide en faveur d'une participation forte, sinon retentissante, de la sélection nationale à la Coupe d'Afrique des nations : la qualité de l'effectif actuel. Jamais, dans l'histoire du football algérien, il n'y avait autant de joueurs internationaux évoluant dans les plus grands championnats européens : 4 en Bundesliga allemande, 3 en Premier League anglaise, 2 en Serie A italienne, 1 en Ligue 1 française, 1 en Super League écossaise, 1 en Superliga portugaise, 1 dans le championnat portugais… Cela sans compter ceux qui évoluent en deuxième division en Europe. Il y a également quelques joueurs expérimentés dans le championnat d'Algérie qui peuvent apporter quelque chose. Par rapport à 2004, l'effectif est donc plus riche et plus mature et il s'est même permis le luxe de mettre trois buts au champion d'Afrique des deux précédentes éditions, l'Egypte. Un tel groupe ne peut donc se permettre d'être gagne-petit. Ce sont donc autant de raisons qui feront de la CAN un objectif sérieux pour la sélection nationale. Il ne sera donc pas question d'en faire un tournoi de participation des joueurs qui n'iront pas au Mondial (en cas d'une qualification, faut-il le répéter) afin de leur faire plaisir. Il s'agira d'y faire participer les meilleurs avec comme objectif minimal les demi-finales. F. A-S.