BP semble avoir mis fin à l'hémorragie du pétrole dans le Golfe du Mexique, avec le nouvel entonnoir posé en fin de semaine, après presque trois mois de fuite. Jeudi ce fut un test crucial, visant à évaluer la résistance du puits endommagé avant d'envisager de stopper définitivement la fuite. «C'est bon de voir que le pétrole ne s'échappe plus dans le Golfe du Mexique», a déclaré jeudi le vice-président de BP Kent Wells. «Nous démarrons tout juste le test», a-t-il toutefois mis en garde, ajoutant qu'il était trop tôt pour dire si le puits avait été définitivement bouché. Cette opération sert à vérifier, en mesurant la pression, si le puits peut être scellé sans risque de nouvelles fuites, ailleurs dans le coffrage de l'installation, qui descend à 4 km de profondeur sous terre. «C'est un signe positif», s'est réjoui le président Barack Obama depuis la Maison Blanche. «Nous sommes toujours dans une phase de test», a-t-il toutefois mis en garde. On s'attendait que le président américain revienne hier sur la question, cette fois-ci pour le point, 24 heures après la pose du «bouchon» géant Le test doit permettre de déterminer si le nouvel entonnoir géant posé sur la fuite peut entrer en fonction. Ce nouveau dispositif est censé récupérer l'intégralité du pétrole qui s'échappe du puits ou, selon un autre scénario, stopper définitivement la marée noire. Le nouvel entonnoir remplace un précédent modèle, retiré la semaine dernière, qui ne captait qu'environ 25.000 barils de pétrole par jour, sur les 35.000 à 60.000 qui grossissent quotidiennement la marée noire. Le groupe britannique insiste sur le fait que ce nouveau dispositif n'a encore jamais été déployé «à cette profondeur et dans ces conditions». Si le puits ne parvenait pas être colmaté définitivement à l'aide de l'entonnoir, BP compte voir entrer en oeuvre début août le premier des deux puits de secours censés stopper définitivement la fuite. Mardi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que de 2,3 à 4,5 millions de barils de pétrole s'étaient déversés dans le Golfe du Mexique depuis fin avril. Les actions de BP ont bondi jeudi à la Bourse de New York. Le titre a fini la séance en hausse de 7,57% à 38,92 dollars. Depuis le début de la catastrophe, la valeur boursière de BP avait dégringolé. Le nouvel entonnoir de 75 tonnes, baptisé Top Hat 10 , a été installé au fond de l'Océan, à 1500 mètres de profondeur. Cela, afin de colmater la gigantesque fuite de pétrole du puits Deepwater Horizon, dans le Golfe du Mexique. Mercredi, la commission des Ressources naturelles de la Chambre des représentants a adopté un texte qui pourrait empêcher BP et d'autres compagnies pétrolières d'explorer des gisements gaziers et pétroliers pendant sept ans. Cette sanction s'appliquerait aux entreprises ayant connu plus de dix morts sur leurs installations à la suite d'infractions à la réglementation sur la santé ou sur l'environnement. Si cet amendement démocrate passait les différentes étapes législatives, BP tomberait sous le coup d'une telle interdiction. L'entreprise a admis sa culpabilité dans un accident au Texas en 2005 ayant entraîné la mort de 15 personnes. Quant à l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, qui a tué 11 personnes, l'enquête se poursuit pour en déterminer les causes. Si le puits résiste à la pression pendant 48 heures, il pourra être fermé indéfiniment, explique-t-on. Dans le cas contraire, BP devra changer de stratégie. Elle devrait colmater la fuite avec une armada de bateaux chargés de récupérer le pétrole en surface. Le pétrole pourrait alors être siphonné ou brûlé. S'il fonctionne, le nouvel entonnoir devrait permettre de contenir intégralement le pétrole qui se déverse dans l'Océan au cours des prochains jours. Selon les autorités américaines, le puits perd entre 35.000 et 60.000 barils par jour, des données contestées par certaines évaluations indépendantes, qui évoquent jusqu'à 100.000 barils par jour. Selon BP, 749 100 barils de pétrole ont été récupérés depuis le mois d'avril dernier. Le nouveau dôme remplace le couvercle qui captait quelque 25.000 barils de pétrole par jour, et qui a été retiré samedi.