Les prix du ciment s'affolent. Les chantiers sont en manque. Le gouvernement s'en mêle. Un million de tonnes de ciment pour contrecarrer la spéculation. Avec les extensions des capacités de production de l'ensemble des cimenteries publiques, la production globale nationale dépassera les 18 millions de tonnes à partir de l'année 2012. La déclaration a été faite par le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Hamid Temmar, dimanche dernier: «Pour faire face à la grande spéculation que connaît le marché national, le gouvernement a décidé d'importer un million de tonnes de ciment», a-t-il déclaré, lors d'un point de presse, tenu à l'issue de sa visite d'inspection, effectuée à la Société des ciments de la Mitidja située à Meftah (wilaya de Blida). Le raisonnement du gouvernement est simple: pour arriver à mettre fin à la spéculation, il faut inonder le marché tout en gardant une forte demande. Une forte demande est assurée par les projets immobiliers publics et privés qui sont en phase de battre tous les records, durant le prochain quinquennat. En fait, le gouvernement a adopté dernièrement une série de mesures pour mettre fin à la spéculation. En plus de l'importation du million de tonnes, le plafonnement des prix du ciment et les marges des différents intervenants sur le marché local sera appliqué après la publication prochaine d'un décret exécutif, a ajouté le ministre. Par ailleurs, le ministre a affirmé que le pays «ne connaît pas de problème de production du ciment et que les usines fonctionnement normalement et approvisionnent normalement le marché.» «La production nationale de ciment couvre totalement les besoins des projets inscrits dans le programme du président de la République», répond-il à une question relative à la baisse de la production nationale. Il avancera, dans la foulée, que plusieurs facteurs annoncent une augmentation substantielle de la production nationale de ciment. En effet, affirme-t-il, «la réalisation d'une nouvelle usine à Djelfa pour une capacité de 3 millions de tonnes/an en 2011ainsi que le lancement de deux autres à Relizane et à Bechar par le groupe Sonatrach vont booster considérablement la production du ciment. Pour rappel, le secteur cimentier public a atteint la capacité nominale globale installée de 11,5 millions de tonnes en produisant prés de 11,6 millions de tonnes. Avec les extensions des capacités de production, la production de l'ensemble des cimenteries publiques dépassera les 18 millions de tonnes à partir de l'année 2012, rappelle-t-on encore. Les expériences des pays du tiers monde Le problème du ciment est, semble-t-il, le propre des pays du tiers-monde. Pour continuer son programme de logements sociaux, le vénézuélien, Hugo Chavez, a choisi la solution la plus radicale, en lançant une nationalisation pure et simple du secteur en 2008. Le groupe Lafarge qui est un des acteurs importants, à l'instar de Cemex et Holcim, du ciment dans ce pays, a été brutalement pénalisé. De son côté, le gouvernement de l'Egypte a instauré, début 2008, une taxe à l'exportation de 85 livres égyptiennes par tonne exportée. Cette taxe a été rendue insignifiante par la hausse des prix des marchés internationaux. Les multinationales, les cimenteries ont continué à exporter, tout en payant cette taxe. Une dizaine de cimentiers ont été accusés et poursuivis en justice. Pour trancher le nœud gordien, le gouvernement libéral de d'Ahmad Nadhif a promulgué un mode procédural compliqué et l'exportation du ciment a été carrément interdite durant six mois. Ceci, pour mettre en relief «la préférence nationale». Au Nigeria, le gouvernement a choisi d'autoriser les revendeurs d'importer en vrac afin d'inonder le marché où les prix du ciment ont augmenté à cause de la spéculation. Des licences d'importation de 11,5 millions de tonnes ont été accordées afin de combler des besoins estimés à 16,5 millions de tonnes, alors que la production locale tourne autour de 6,5 millions de tonnes. L'effet a été réel sur les prix, le sac de ciment qui se vendait à 2.500 nairas à Lagos est descendu à 1.600 après cette mesure (1er semestre 2008, Ndlr). Le cas algérien Entre interventionnisme et libéralisme -cela peut sembler comme antagonique, le gouvernement algérien a toujours voulu créer des équilibres tout en protégeant les acquis nationaux et les partenariats étrangers. Maintenir ces partenariats pour acquérir un savoir faire adéquat et en finir avec la «gestion bancale» des cimenteries publiques est vital pour le secteur, avaient annoncé à plusieurs reprises les responsables algériens. Pour rappel, plusieurs affaires faisaient état d'actes de vandalisme perpétrés sur les équipements et les appareils des cimenteries publiques pour créer la pénurie, au profit des spéculateurs. Cependant, tous les efforts ont été vains devant les spéculateurs qui ont toujours redoublé de férocité. Hamid Temmar a montré son satisfecit en abordant le partenariat passé en septembre 2008 entre la Société des ciments de la Mitidja et Lafarge. A cet effet, le ministre a salué les résultats «positifs» obtenus en matière de gestion, de sécurité et du respect de l'environnement. Dans tous les cas de figures, le gouvernement semble déterminé à continuer de favoriser les partenariats et les investissements dans le domaine. A cet effet, Hamid Temmar a expliqué que de nouvelles mesures portant sur l'investissement visent à développer les activités économiques hors hydrocarbures et à favoriser le transfert de technologies et de savoir-faire. Quant au président du directoire de la SGP-Industrie des Ciments, Mokhtar Aibeche, a souligné que Lafarge «gère la Société des Ciments de la Mitidja conformément à un contrat de management d'une durée de 10 ans (depuis septembre 2008) extensible à 15 ans». Ce partenariat vise, dans une première phase, la réalisation de l'objectif d'une production de 1,1 million de tonnes de ciment en 2010, a indiqué ce responsable. Quant à la deuxième phase, il s'agira de «l'extension des capacités de l'usine pour arriver à une production de 1,7 millions de tonnes de ciment en 2012». Ce même responsable a souligné que d'autres opérations d'extension des capacités de production ont été effectuées au niveau des cimenteries de Chlef, d'Ain Kebira (Sétif) et de Béni Saf (Ain Temouchent) pour une production supplémentaire globale de 6 millions de tonnes.