La production nationale de ciment couvre totalement les besoins des projets inscrits dans le Programme quinquennal. L'Etat algérien va devoir importer 1 million de tonnes de ciment pour contrecarrer la spéculation enregistrée ces derniers mois sur ce marché. Le boom de la construction - l'Algérie s'est lancée depuis peu dans la réalisation de 2 millions de logements ainsi que les diverses infrastructures de base comme les autoroutes - n'explique pas en partie cette tension sur un produit, au demeurant, encore accessible il y a quelque temps. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, a beau expliquer que le gouvernement pour faire face à la «grande spéculation» que connaît le marché national, va recourir à cette ultime solution. Est-ce la seule? Pourquoi mettre autant d'argent dans un produit dont la production nationale a doublé en l'espace de quelques années alors que la crise économique bat son plein? L'argent déboursé inutilement doit servir d'abord à d'autres projets prioritaires. Pourtant, le ministre répond clairement au problème lorsqu'il affirme que «l'Algérie ne connaît pas de problème de production du ciment et que les usines fonctionnement normalement et approvisionnent normalement le marché». L'Etat tout-puissant n'arrive-t-il plus à contrôler et à régler un marché où la demande n'est pas identique par exemple à celle de la pomme de terre et dont le contrôle devient très difficile? Un simple contrôle au niveau des différents points de vente de ce produit mènerait nos fins limiers à débusquer le spéculateur, du consommateur. La première mesure décidée a été de plafonner les prix du ciment et les marges des différents intervenants sur le marché national du ciment à travers l'élaboration d'undécret qui sera publié prochainement. Pourquoi a-t-il fallu attendre ce moment précis pour pondre une telle mesure administrative? La spéculation c'est le fait d'acheter n'importe quoi en anticipant une hausse. Tant que les gens achètent parce que ça va encore monter, ça continuera à monter. Le concept est assez simple: quand il y a une activité économique qui connaît une forte croissance, ça attire naturellement les «requins» qui y voient une façon rapide de dégager de gros bénéfices. A un moment donné, les prix proposés par les vendeurs vont atteindre des niveaux exagérés, au-delà de leur niveau réel. Les prix augmentant donc artificiellement, sans plus aucun rapport avec la valeur réelle des biens, seulement parce qu'il y a un effet de mode et que tout le monde veut en tirer bénéfice. Ce «tout le monde», ce sont bien sûr, surtout les spéculateurs, c'est-à-dire ceux qui ont beaucoup d'argent et dont le métier est de le faire fructifier. Par quel effet magique le ciment cédé à 500 DA le prix d'usine, a atteint la somme de 700 DA sur le marché? Le ministre qui doit bien avoir ne serait-ce qu'un début de réponse, devrait avant d'entamer une quelconque action, dépêcher des enquêteurs sur place au niveau de tous les points de vente pour débusquer les «spéculateurs» qui ont totalement pris en otage le marché du ciment. Les barons du ciment sont pourtant faciles à «repérer et à répertorier» à partir de registres du commerce ou de leur immatriculation fiscale sauf si le gouvernement évite de s'engager dans une bataille de crainte de perdre la face. La production nationale de ciment couvre totalement les besoins des projets inscrits dans le Programme quinquennal. La production nationale de ciment est même appelée à augmenter à travers, notamment, la réalisation d'une nouvelle usine à Djelfa pour une capacité de 3 millions de tonnes/an à l'horizon 2011, et ce, dans le cadre d'un investissement étranger ainsi que le lancement de deux autres à Relizane et à Béchar par le groupe Sonatrach. Le secteur cimentier public a atteint la capacité nominale globale installée de 11,5 millions de tonnes et produisant près de 11,6 millions de tonnes. Avec les extensions des capacités de production, la production de l'ensemble des cimenteries publiques dépassera les 18 millions de tonnes à partir de l'année 2012.