Le métro d'Alger ne sortira, semble-t-il, jamais du tunnel. En tous les cas, pas prochainement comme l'ont déclaré les responsables, à l'instar du ministre des Transports, Amar Tou. Dernier coup théâtre : le groupement Siemens Vinci-Caf (SVC) –Siemens (Allemagne), Vinci (France) et Caf (Espagne)-, en charge de la réalisation de la première ligne du métro d'Alger, réclame à l'Entreprise du Métro d'Alger (EMA) des indemnisations de 100 millions d'euros, rapporte le journal on-line TSA. D'après la même source, le montant du préjudice subi par le groupement a été arrêté à 110 millions d'euros et transmis à l'EMA le 17 juin dernier. Pour rappel, le montant des travaux est estimé à 380 millions d'euros et 20 autres millions sont le prix des travaux supplémentaires, non encore réglés. En somme, Le coût total de la première phase de la ligne 1 s'élèverait à 77 milliards de DA, dont 30 milliards pour le génie civil et 47 milliards pour l'équipement, soit près de 900 millions d'euros. Autre réalité : les chantiers connaissent un retard considérable et d'autres points bloquants. «Le métro ne sera pas opérationnel avant novembre 2010. Logiquement, ça va aller jusqu'à fin 2011», relèvent les travailleurs de la RATP EL Djazaïr. Selon d'autres sources, des problèmes de génie civil seraient à l'origine des retards constatés pour la livraison du métro. La procédure d'arbitrage «éreinterait» à jamais le métro algérois Si le conflit entre Siemens et l'EMA ne sera pas aplani dans les prochaines semaines, il devrait être porté devant un tribunal international d'arbitrage. Cette procédure de justice pourrait durer des mois voire des années, note-t-on. Ceci va faire perdurer à l'infini la réception du métro. D'après TSA, le montant réclamé par Siemens concerne «les retards provoqués par l'EMA et l'immobilisation de salariés et de matériel ». Sur plus de 900 salariés présents sur le site à la fin 2009, il ne reste aujourd'hui que près de 80 travailleurs, essentiellement des ouvriers et des gardiens, rapporte TSA qui cite une source proche du dossier : «le groupement maintient ces salariés pour ne pas se trouver en défaut d'exécution du contrat. Mais en réalité les travaux sont presque à l'arrêt ». Aussi, d'autres problèmes d'ordre stratégique entravent les travaux. Il s'agit surtout de l'absence d'un planning et d'une visibilité dans le pilotage du projet. A ce sujet, la source de TSA relève «des désaccords entre l'EMA et le groupement sur certains aspects du contrat initial et sur les coûts de certains travaux supplémentaires – selon une expertise indépendante dont TSA a eu connaissance, SVC a exagéré certains coûts ; des retards sur les études et l'approvisionnement et une absence totale de confiance entre les deux parties ». Les pouvoirs publics algériens doutent de la volonté du groupement germano-franco-espagnol d'effectuer «un bon travail et les responsables du groupement craignent de ne pas recevoir leur paiement». Les tribulations d'un métro nommé «El Djazaïr» Le métro d'Alger date des années 1970. Lancé dans les années 1980, il a été ralenti du fait de difficultés financières et de l'insécurité dans les années 1990. Le projet a été relancé en 2003. La première phase de la ligne 1 «Haï el Badr » - « Tafourah-Grande poste», 8,6 km, 10 stations, est actuellement en construction. Il constitue, avec le métro du Caire, le seul métro lourd du continent africain. Dès la fin des années 1920, une étude sur la réorganisation des transports publics algérois menée par l'exploitant du réseau parisien préconisait, compte tenu de la topographie de la ville, la création d'une ligne de métro mais le coût élevé de ce projet ne permet pas sa concrétisation. Après plusieurs projets de mise en souterrain partiel du réseau de tramways de la ville qui n'aboutirent pas plus, une nouvelle étude de la RATP remise en 1959, préconise à nouveau la création d'une ligne du même type que le métro sur pneus exploité à Paris. Ce projet, compte tenu des événements en Algérie, sera à son tour, abandonné.