Emiratis et Américains ne s'entendent plus parler sur le BlackBerry. Trop de cacophonie semble bloquer les conversations, car les lignes «ne sont pas sécuritaires» et l'on a tendance à s'aventurer vers un dialogue de sourds. Le silence du cellulaire risque de s'étendre à d'autres pays de la région. Il fallait s'y attendre un peu. Comme en Chine pour Google, entre autres, les Emirats arabes unis font mener la vie dure au Blackberry. Le téléphone intelligent pourrait devenir muet dans la région, car il présente des problèmes de sécurité. Mais Washington tente d'apaiser et de calmer les choses, en annonçant jeudi que des experts américains et émiratis discuteraient des services du BlackBerry, pour tenter de résoudre un conflit sur ce téléphone, que les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite ont décidé de suspendre et auquel d'autres pays pourraient bloquer l'accès. «Nous prenons le temps de nous concerter et d'analyser tout l'éventail des intérêts et des aspects du dossier, parce que nous sommes conscients que se posent des questions légitimes de sécurité. Mais il existe également un droit légitime à un accès et à une utilisation sans entraves» du BlackBerry, a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. «Je pense donc que nous allons mener des discussions techniques et d'experts», a-t-elle ajouté. Les Emirats arabes unis, centre d'affaires du Golfe, ont décidé dimanche de suspendre à partir du 11 octobre, les principaux services du téléphone multifonctions BlackBerry, car il soulèverait des «problèmes de sécurité». L'Arabie saoudite leur a emboîté le pas, en exigeant de pouvoir surveiller les téléphones multimédias du fabricant canadien Research in motion (RIM). Ces pays du Golfe censurent l'accès à Internet, notamment aux sites pornographiques ou présentant des images de nudité, ainsi qu'à certains sites politiques. Le smartphone canadien Or, les appareils de RIM présentent, selon les experts, un niveau de cryptage des données supérieur à la plupart des «smartphones», rendant très difficile la surveillance de leurs utilisateurs. À Beyrouth, les autorités libanaises ont à leur tour annoncé jeudi mener une évaluation des «questions de sécurité» liées au Blackberry, après des arrestations d'agents présumés d'Israël dans le secteur des télécoms, selon un responsable de cet organisme. «Ceci est dû à l'augmentation des problèmes de sécurité au sein des réseaux de télécommunications», dans le pays, souligne le PDG par intérim de l'Autorité de régulation des télécoms, ajoutant que celle-ci allait entamer des discussions avec RIM la semaine prochaine. Cette situation de cryptage et de manque de sécurité est intimement liée à l'arrestation au cours des dernières semaines, de trois employés travaillant dans le secteur de la téléphonie mobile, soupçonnés de collaboration avec Israel. De son côté le gouvernement indonésien a démenti jeudi, envisager de bloquer l'accès à certains services du Blackberry, tout en reconnaissant souhaiter des aménagements à son système de fonctionnement. «Il n'est pas vrai que nous prévoyons d'interdire les services de Blackberry en Indonésie. Nos souhaitons juste qu'il ouvre un centre de routage en Indonésie, afin que les données ne soient pas routées vers le Canada», siège du fabricant RIM, a déclaré un porte-parole du ministère de la Communication. En Inde, le gouvernement avait évoqué des questions de sécurité nationale et la difficulté d'un «monitoring du BlackBerry», menaçant d'interdire certains services des appareils de RIM dans le pays, l'un des marchés des télécommunications les plus attirants au monde. Le fabricant canadien du BlackBerry avait réaffirmé mardi que les données personnelles de ses clients étaient protégées partout de la même manière, et le resteraient. Il n'y a «qu'un système BlackBerry disponible dans le monde», rappelait la firme qui soulignait «coopérer avec tous les gouvernements avec la même cohérence, dans les normes (de sécurité) et le même degré de respect». Au Canada, on estime que ces interdictions risquent d'avoir «de vastes implications sur la libre circulation des communications et de l'information». Le Canada a également fait part de son inquiétude face à ces mesures qui interviennent, alors que ces pays, notamment les Etats arabes unis, tentent de se positionner comme des plateformes importantes pour faire des affaires dans le monde aujourd'hui.