Depuis que le ministère de la Justice menace de les expulser, les exploitants du Centre commercial de Ben Aknoun sont dans la tourmente. Installés depuis 26 ans pour la plupart, sur ce lieu devenu la Mecque de l'habillement chic à Alger, ces derniers risquent aujourd'hui de mettre la clef sous la porte. Le Centre qui compte 250 magasins, ferait pourtant vivre pas moins de 1.500 familles. Genèse du conflit : En Novembre dernier, un avis d'expulsion est signifié par la Justice aux exploitants du Centre commercial de Ben Aknoun (les commerçants). Il les intime de quitter les lieux, qui appartiendraient au ministère de la Justice depuis 1976. Ces derniers sont pourtant en règle avec la loi. Dans les années 1980, ils ont obtenus des concessions sur ce Centre, bâti par l'APC d'El Biar. Ils étaient anciens moudjahid ou ayants droits, invalides, ou bénéficiant d'emplois de jeunes, et s'y sont installés depuis 26 ans pour la plupart. Tous ont des contrats de location en règle, payent de impôts et s'acquittent ainsi de tout ce qui est de leur devoir, vis-à-vis de la législation algérienne. Mais voila, le terrain est l'objet d'un litige dont le ministère de la Justice est partie prenante. 15 ha que celui-ci le réclame, et prétend en être propriétaire en vertu d'une cession qui date de 1976 de la part d'une école au nom de Bon pasteur. Que nenni répliquent les commerçants. Le lot de terrain est propriété de l'APC d'El Biar, acheté aux domaines en 1981. Ils ont pour le prouver des documents attestant de la transaction. L'APC a par ailleurs construit le Centre et cédé des concessions aux commerçants. Mieux, les exploitants actuels brandissent pour leurs défenses l'article 4 et 5 de la loi du 23 Avril 1976, selon laquelle les biens meubles et immeubles privés et vacants, sont placés sous l'autorité du wali. L'article 5 signifie clairement pour sa part qu'aucun établissement ne peut être cédé ni à titre gratuit ni à titre onéreux. Les commerçants contestent ainsi l'acquisition faite par le ministère. La Justice des paradoxes Selon eux, l'affaire est entachée par plusieurs contradictions, notamment dans la procédure dont ils sont victimes. Etonnant lorsque l'on sait que c'est le ministère de la Justice lui-même qui est partie prenante dans cette affaire. Ils expliquent : «D'abord, un avis d'expulsion nous est signifié en Novembre 2009, à nous les commerçants, alors que les locaux appartiennent à l'APC d'El Biar ». Selon les commerçants, la logique aurait voulu que la notification d'expulsion soit signifiée au propriétaire des lieux, et non aux locataires. Pire, selon eux, malgré un dossier en béton, constitué de pas mal de documents officiels, notamment ceux délivrés par les domaines, attestant de leur situation plus que régulière, ils bénéficient régulièrement de la visite d'un huissier de justice, préalable à une probable expulsion. Contrats de locations en bonne et du forme, documents attestant de la propriété de l'APC d' El Biar sur le terrain, ainsi que d'une expertise que la justice a jugé irrecevable. Rien n'y fait. Pris de cours, les commerçants refusent de se laisser faire et continuent à se battre documents à la main, pour prouver leur bonne foie. Ils comptent pour autant défendre, bec et ongles, leurs intérêts. Ils estiment en outre, qu'ils sont victime d'une injustice. Pour sa part, le jugement rendu le 4 Aout dernier reste inchangé. Annulation des documents de location, expulsion des occupants, et démolition des bâtisses. Affaire à suivre.