En Amérique du nord, les nombreuses chaînes de télévision ont fait passer hier l'annonce du Ramadhan comme un jingle. Toute la soirée, elles se sont relayées pour donner l'information presque en boucle. Canal Algérie n'était pas en reste et l'a fait selon les règles de l'art à l'opposé des télévisions d'outre Atlantique. Que ce soit Radio Canada francophone et anglophone ou TVA ou encore le reste de la longue liste, toutes prônaient, comme un leitmotiv, les interdits du mois du Ramadhan. : « Il est défendu de manger du lever au coucher du soleil ». Il est interdit de boire. Il est prohibé de fumer. Il n'est pas permis d'avoir des relations sexuelles. Bref, toute la panoplie y passait. Mais silence-radio sur tous les autres aspects du Ramadhan, ce mois sacré dans la religion musulmane. Et à la presse écrite de rappeler qu'à travers le monde un milliard et demi de musulmans sont tenus et doivent observer le jeûne sous la chaleur accablante du mois d'août. Pour la seule province du Québec, on enregistre plus de 100 000 musulmans qui « devront, trente jours durant, s'abstenir de manger, de boire, de fumer et d'avoir des relations sexuelles ». Pour la présidente du Conseil canadien des femmes musulmanes, « il sera très difficile, c'est sûr, compte tenu du multiculturalisme de la province, donc là où toute la population ne fait pas le Ramadhan ». Les dangers sur la santé? Elle précise « nul doute qu'un musulman ne se laissera pas mourir de soif ». Car le Ramadhan n'est pas une punition, bien au contraire. L'abstinence permet le self contrôle, de faire ressortir le meilleur de nous-mêmes, d'ouvrir nos yeux et nos cœurs et notre conscience sur le reste du monde. À Montréal, bien avant l'annonce du début du Ramadhan, plusieurs grands magasins et supermarchés n'ont pas hésité du tout à garnir leurs comptoirs et étagères de produits halal, particulièrement les épiceries et boucheries tenues par des musulmans. Et je vous assure qu'elles me manquent. Elles naissent comme des champignons, autant que les petits restaurants, genre fast food où les plats halal sont aussi bien variés que diversifiés à prix généralement révisés à la baisse pour cette période de piété, d'abstinence et de solidarité. Si les règles du Ramadhan sont les mêmes partout et pour tous les musulmans, les soirées des uns et des autres diffèrent. Parce qu'il n'est pas possible de veiller chaque soir jusqu'au s'hour, car durs seront les lendemains de veille. D'autant plus que les horaires de travail ne subissent aucun arrangement. Sur ce point précis, aucun « arrangement raisonnable » n'est au programme. Mais les veillées de fin de semaine, par tradition, restent tout de même assez agréables et confortables. Surtout qu'elles se déroulent généralement en famille, sans cartes ni dominos et encore moins de bingo! Saha f'torkoum!