Ramadhan vient à peine de commencer. Les musulmans en Amérique commencent à avoir peur de l'Aid El Fitr qui coïncidera avec le 11 septembre. Les imams du Canada dénoncent les musulmans radicaux. Obama n'est pas contre une mosquée au Ground Zero. Les républicains dénoncent cet appui déguisé. «Nous croyons à la coexistence pacifique, au dialogue, à la coopération et à la construction de ponts entre les différentes confessions et les gens pour le bien de l'humanité. L'Islam ne permet pas de tuer des gens innocents, quelles que soient leurs croyances, leurs origines ethniques, leurs races ou leurs nationalités. Le caractère sacré de la vie humaine l'emporte sur les lois religieuses». C'est la déclaration faite en début du mois du Ramadhan par une quarantaine d'imams du Canada pour dénoncer l'islam radical. La déclaration commune fait la promotion de la paix et de l'égalité entre les hommes et les femmes. La déclaration en sept points, signée par 38 imams influents, doit être lue dans des centaines de mosquées canadiennes. Le texte condamne le radicalisme et lance un appel à la paix. Cette initiative du Conseil des imams du Canada porte aussi sur la place de l'homme et de la femme dans la société. «Nous croyons à l'égalité entre les hommes et les femmes qui ont le droit divin à l'éducation, droit d'apporter leur contribution à la société, de travailler et d'être traités avec respect et dignité», ajoute la déclaration. Les imams canadiens défendent aussi la liberté de religion, incluant le droit de se vêtir selon le goût de chacun. En 2001, la population musulmane au Canada comprenait 579 000 personnes contre 253 000 en 1991 et la majorité vivait dans la province de Toronto où les personnes d'origine pakistanaise composaient le groupe le plus important alors que la région montréalaise constituait un second centre de concentration. Au total, 120 000 personnes se déclarant de confession musulmane et majoritairement d'origine arabe résidaient dans la métropole. L'islamophobie américaine Plus au sud, aux Etats-Unis, la fin du ramadan coïncidera cette année avec le 11 septembre, jour anniversaire des attentats de 2001. Des associations de musulmans américains ont prié la police de renforcer sa surveillance pour éviter toute flambée antimusulmane. Une porte-parole du Conseil des affaires publiques musulmanes (MPAC) basé à Los Angeles, a ainsi indiqué qu'à travers tout le pays, les forces de l'ordre ont reçu la consigne d'être sur le qui-vive lors de l'Aïd El Fitr, qui marque la fin du Ramadhan. Selon Edina Lekovic, cet ordre résulte de ce qu'elle appelle «un climat d'islamophobie exacerbé», qui n'a, selon elle, cessé de s'amplifier ces derniers mois. Elle en veut pour exemple la vague d'indignation qui a suivi l'annonce qu'une mosquée pourrait être construite à proximité de Ground Zero à New York, où se dressaient les tours jumelles du World Trade Center détruites lors des attentats du 11 septembre. «Nous observons un nombre significatif de manifestations organisées devant certaines mosquées par des groupes islamophobes», a dit Mme Lekovic. D'ordinaire, note-t-elle, le ramadhan et la fête qui le clôt passent relativement inaperçus aux Etats-Unis. Mais la colère provoquée par les plans de construction de la mosquée à New York ainsi que l'annonce d'une église de Floride d'organiser un «autodafé d'exemplaires du Coran» le 11 septembre prochain pousse les musulmans à s'inquiéter de possibles attaques les visant. «Nous demandons aux forces de l'ordre locales et fédérales d'être vigilantes. Nous demandons aux autorités fédérales d'enquêter sur les actes de violence commis contre les musulmans et les mosquées», a ajouté Edina Lekovic. De son côté, le président Barack Obama a défendu vendredi le droit d'installer une mosquée près du site des attentats du 11 septembre à New York, au nom de la liberté de culte garantie par la Constitution américaine. «En tant que citoyen, en tant que président, je crois que les musulmans ont le même droit de pratiquer leur religion que quiconque dans ce pays. Cela comprend le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire dans une propriété privée dans le sud de Manhattan», a-t-il affirmé à l'occasion d'un repas de ramadhan à la Maison-Blanche.Pour la toute première fois, Obama se prononce en faveur de cette affaire qui provoque une polémique de grande ampleur depuis que le conseil municipal de New York a approuvé en mai la construction de cette mosquée. Les propos de Barack Obama défendant ce droit de bâtir une mosquée près de Ground Zero a provoqué de vifs remous samedi aux Etats-Unis, conduisant le président américain à effectuer une mise au point et insister sur le fait qu'il s'agissait d'une question de principes. «Nous sommes abasourdis que le président soit prêt à faire fi de ce dont les Américains devraient être fiers: notre générosité envers autrui le 11 septembre, un jour où la dignité humaine a triomphé de la perversité», a ajouté l'organisation Familles de victimes du 11 septembre pour des Etats-Unis forts et sûrs dans un communiqué. Face à la controverse déclenchée par ses propos, Obama a effectué une forme de mise au point samedi. «Je ne m'exprimais pas, et je ne m'exprimerai pas, sur le bien-fondé de prendre la décision d'installer une mosquée là-bas», a expliqué le président. «Je m'exprimais très spécifiquement sur le droit que les gens ont, et qui date de la fondation» du pays, a-t-il ajouté, en allusion à la Constitution des Etats-Unis qui garantit la liberté de culte. L'opposition républicaine s'est aussitôt engouffrée dans cette brèche. Le représentant de New York à la Chambre basse du Congrès Peter King a ainsi accusé le président d'avoir «cédé au politiquement correct» . Pour l'élu républicain, la communauté musulmane «abuse» de ses droits et «offense inutilement» de nombreuses personnes avec ce projet. La position de Barack Obama à propos d'une mosquée au Ground Zero, a été favorablement accueillie par le Centre pour les relations islamo-américaines (CAIR) ainsi que par un groupe de défense des droits civiques des musulmans basé à Washington.