« Le programme d'investissements publics 2010-2014 fera l'objet d'une évaluation annuelle pour tenir compte de la situation de nos finances publiques », a souligné, dimanche, le président Abdelaziz Bouteflika, lors d'une réunion restreinte d'évaluation consacrée au secteur des Finances. Le chef de l'Etat a également ordonné au gouvernement de veiller, grâce à l'ensemble des mesures arrêtées en matière de dépenses publiques, « à prévenir les réévaluations coûteuses des projets et à prohiber toutes formes de gaspillage ». En effet La plupart des grands projets de développement infrastructurel lancés depuis 2004, ont connu des surcoûts, des dépassements de délais, générant un gaspillage des deniers publics. Plus de 31 grands chantiers, tous secteurs confondus, sont en souffrance, avaient déjà constaté, en janvier dernier, les cadres de la Caisse nationale d'équipement pour le développement. Le conseil des ministres a récemment dégagé 9.700 milliards DA (soit environ 130 milliards de dollars) pour le parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau. Du coup on comprend mieux cette mise en garde du premier magistrat du pays. Le manque de maturation des projets, additionné à une très faible maîtrise des coûts par les pouvoirs publics et aux dégâts causés par la corruption ont pour ainsi dire, transformé certains chantiers en véritables gouffres financiers. En parlant de corruption, le chef de l'Etat a souligné la détermination des pouvoirs publics à réprimer ce phénomène et l'atteinte au patrimoine public, et à faire prévaloir la transparence et le respect de la loi dans toutes les transactions économiques. Le président de la République annonce d'autres mesures, « y compris législatives » qui vendront « consolidés les mesures déjà prises à cette effet ». Seulement le Chef de l'Etat sait que ces mesures, à elles seules ne suffisent pas à juguler la corruption, qui fait-il le souligné a atteint ces dernières années des propositions alarmantes. « L'avènement graduel d'un environnement économique marqué par la seule règle du droit et par une saine compétition, exige la poursuite de la modernisation de nos administrations financières et économiques », a indiqué le premier magistrat du pays. Le ministre des Finances a dressé un bilan plutôt positif de la situation économique et financière du pays. La croissance économique hors Hydrocarbures a atteint le niveau de 9,3% en 2009 contre 6,1% en 2008, « portée par la bonne performance de la production agricole qui vient s'ajouter à la poursuite des bons niveaux de croissance des secteurs du Bâtiment et Travaux Publics et des services » relève le compte rendu de la réunion publié par l'APS. La variation de l'indice général des prix à la consommation indique que le niveau de l'inflation se stabilise à 5,75% en 2009. L'année 2009 est également caractérisée par la poursuite de l'augmentation appréciable du niveau des crédits à l'économie dans un contexte de réforme du marché financier. En effet, de 2.615,5 milliards de DA en 2008, les crédits à l'économie sont passés à 3.045,2 milliards de DA en 2009, soit une augmentation de 16,4%. La valeur courante des importations a enregistré une baisse de 1 % en 2009. Les exportations ont reculé de plus de 40 % du fait d'un recul équivalent enregistré par le prix des hydrocarbures. Malgré le choc externe induit par la crise financière et économique internationale à travers le comportement du prix du baril de pétrole brut sur le marché mondial, la balance des paiements a affiché un solde des paiements courants de 520 millions de dollars US pour l'année 2009. Dans ce contexte, les réserves de change étaient de 147,2 milliards de dollars US à la fin de l'année 2009. Le niveau de la dette extérieure à moyen et long termes s'est situé à 3,92 milliards de dollars US à la fin de l'année 2009. L'encours de la dette interne a augmenté légèrement, atteignant, à fin décembre 2009, à 814 milliards de DA contre 734 milliards de DA à fin décembre 2008. La dette publique externe dont l'encours s'est situé, à fin décembre 2009, à 480 millions de dollars US contre 460 millions de dollars US à fin décembre 2008. La situation des opérations du Trésor, arrêtée à fin avril 2010, indique un solde global excédentaire de 35 milliards de DA contre un déficit de 65 milliards de DA à fin avril 2009. Le taux de chômage, appréhendé à travers l'enquête de l'Office national des statistiques, s'est positionné à 10,2% en 2009, contre 11,3% en 2008, « en relation avec l'exécution des programmes d'investissement publics, la croissance économique hors hydrocarbures et le renforcement des dispositifs publics de l'emploi ». En d'autres termes tous les clignotants ont en vert. Pour autant en dépit de cette situation financière qui peut paraître bonne, l'économie nationale demeure vulnérable. La croissance enregistrée, est extensive, reposant sur l'injection massive de l'argent et de travail, alors que la productivité du travail en Algérie est parmi la plus faible. Elle est coûteuse, et le retour sur investissement est faible. Elle est, enfin éphémère, dépendant de ressources financières volatiles et non renouvelables. En d'autre terme, cette croissance risque de s'arrêter lorsque l'injection d'argent s'arrêtera. Il n y a donc pas de quoi pavoiser. Le régime actuel de la croissance en Algérie n'est pas bon. «Il faut réduire la dépendance nationale excessive envers les hydrocarbures» Le président de la République l'a compris. Il a évoqué la nécessité de dynamiser la diversification de la production économique du pays pour réduire la dépendance nationale excessive envers les Hydrocarbures, relevant les importantes mesures mises en place pour encourager et soutenir l'épanouissement des entreprises nationales, publiques ou privées. A cet égard, il a instruit le gouvernement de dynamiser encore l'accès des entreprises au financement par les banques et le marché financier, dans la transparence et le respect des critères universels. «Les dispositifs de garanties des crédits aux entreprises doivent être davantage actifs, la modernisation du système bancaire et financier doit se poursuivre aussi, avec le concours de partenaires dans des fonds mixtes et même, le cas échéant, le recours à l'expertise étrangère à même de participer à l'amélioration de la gestion des banques et établissements financiers publics», a ordonné le chef de l'Etat.