Grèves, négociations tendues, et déboires judiciaires agrémentent les relations entre le syndicat des salariés et la direction du complexe d'Arcelor Mittal Annaba depuis bientôt 4 mois. Alors que la convention de partenariat qui lie l'entreprise à l'état algérien prendra fin en 2011, l'heure est au bilan. Pour Smain Kouadria, les accords signés en 2001 entre l'Etat algérien et IPSAT, pour reprendre le complexe, n'ont pas été respectés. Selon lui, l'accord de partenariat, engageait Arcelor Mittal à maintenir les effectifs qui étaient de 12.000 à cette époque, et même à en créer. Une décennie plus tard, il n'en est rien. «Au terme de 9 années d'activité, nous sommes aujourd'hui environ 6000 employés et aucun poste de travail n'a été créé» souligne le syndicaliste. Même les objectifs de productions, de 1,5 million de tonnes d'acier par an ne se sont pas encore concrétisés selon lui. Un état de fait lié aux restrictions des investissements de l'entreprise. Il explique: «Sur les 175 millions de dollars d'investissement promis, à peine une centaine de millions a été mobilisée». Pourtant, argue-t-il, les avantages fiscaux et parafiscaux, les facilitées accordées, les bas coûts des lubrifiants, des huiles, de l'électricité, de l'eau, et la priorité au niveau du port, permettent à l'entreprise d'engranger d'importants bénéfices. De plus, la main d'œuvre algérienne d'Arcelor Mittal est quasi gratuite selon Smain Kouadria. Les niveaux de salaires entre un salarié algérien et un salarié européen ne sont en rien comparables, selon lui. Sur le plan social, l'entreprise ne s'en sort pas mieux. Alors que la fédération nationale des travailleurs de la métallurgie, de la mécanique, de l'électrique et de l'électronique ((FNTMMEE) avait négocié dans le cadre de la Tripartite, un avenant à la convention de branche, celui-ci n'a pas été retenu par la direction. Les dispositions du cadre juridique et l'espace constitutionnel de la Tripartite, n'auraient selon Smain Kouadria pas été reconnues et ni mises en application par la direction d'Arcelor Mittal. L'avenant portait pourtant sur l'augmentation de 13% à 20% des salaires et sur la révision des régimes indemnitaires. Le DRH fait la fine bouche C'est d'ailleurs cette situation qui avait abouti, dès lors, à la grève du mois de juin. Aujourd'hui, devant ce bilan mitigé, Smain Kouadria prône un retour de l'état dans le capital de son entreprise. «Il faut qu'il ait un droit de regard sur la gestion de cette entreprise» dit-il. Selon le syndicaliste la solution est toute trouvé, en la renégociation de la formule de partenariat. La proportion du capital la plus convenable devrait selon lui se situer à 51%-49%. Du coté de l'entreprise, on brandit la rentabilité de la filiale algérienne d'Arcelor Mittal, par rapport à d'autres antennes comme celle de Dunkerque en France. «Le complexe d'Annaba est peu productif» a-t-il déclaré le DRH »On recense des complexes où la production d'acier est plus importante avec un nombre d'effectif moindre». le ratio ouvrier/tonne d'acier produit s'est, selon le DRH, grandement dégradé à partir de 2007-2008, où il a atteint 70 tonnes d'acier produit par personne et par an. Concernant le bilan de la présence d'Arcelor Mittal en Algérie, ce dernier est jugé raisonnable, surtout grâce aux performances enregistrées cette dernière année. Et ce malgré l'effondrement du marché en 2008 après le boom des années 2001-2006. Selon Daniel Atlan, « le complexe d'El Hadjar vit toujours .Il ne faut pas oublier la raison pour laquelle l'Etat algérien a cherché un partenaire, c'est parce que sans ce partenaire, l'entreprise était condamnée». Cet investissement fait par la maison mère, «n'est pas l'un des meilleurs, mais pas non plus le pire» souligne-t-il. «Evidemment, on n'a pas fait tout ce qu'on aurait pu faire» a enchaîné le responsable, sans que personne n'en doute.