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« Crise, reconfiguration du pouvoir économique mondial et place de l'Algérie dans les relations internationales
Publié dans Le Financier le 20 - 09 - 2010

Stratégie américano- chinoise face à la cotation du dollar, fonds souverains et finance islamique
QUATRIEME PARTIE
Sans croissance, l'inflation est–elle la solution pour éponger la dette publique, limite des politiques monétaires classiques et, a t- on tiré toutes les leçons de la crise d'octobre 2008 ?
1-Sans croissance, l'inflation est–elle la solution pour éponger la dette publique ?
Concernant la situation spatio-temporelle de la dette publique, les différents Etats au cours de leur histoire, ont souvent eu recours à la dette pour faire face à de fortes dépenses, comme les guerres par exemple, mais après des périodes de fortes augmentations, la part de la dette dans le PIB a été rapidement réduite, principalement en raison d'une forte hausse de l'inflation, qui réduit la valeur réelle de la dette et d'une croissance forte du PIB. Le recours à la dévaluation a également été pratiqué, y compris à des moments de l'histoire où la monétisation des échanges, n'était pas forcément la règle. En effet, les Etats développés misent sur une forte croissance, pour pouvoir réduire les déficits budgétaires et diminuer l'endettement public, mais si la croissance ne dépasse pas 2% par an en termes réels dans les années à venir, comment rembourser la dette? Certes, existant d'autres options pour réduire la dette publique comme la pression fiscale ; mais le risque est la récession à la lumière de l'expérience nipponne de 1996 de la réduction des dépenses publiques et se heurtant aux mouvements sociaux.
Alors, certains évoquent le recours à l'inflation comme une solution. Selon l'INSEE (2009), pour la France un point d'inflation en plus donne autant de recettes fiscales qu'un point de croissance supplémentaire et dans sa note de conjoncture de mai 2010, la Deutsche Bank note qu'une accélération de l'inflation de 2 à 8% entraînerait une baisse de 21% de la valeur de la dette publique, mais avec le risque d'une inflation élevée compte d'une hausse inévitable du taux d'intérêt des nouvelles obligations. Mais, l'inflation ne se décrète pas et est le produit de la régulation. Or, à la différence de la période historique des Etats Nations, l'économie actuelle est globale et surtout l'introduction des pays émergents à très forte population, comme la Chine, l'Inde, le Brésil dont le coût salarial est extrêmement bas, explique que les Banques centrales ont beau injecter des centaines de milliards de liquidité, contribuant certes à des bulles d'actifs détruisant ainsi la liquidité injectée, mais ayant un impact limité sur le processus inflationniste. Et le risque de l'hyperinflation évoquée précédemment par Jacques Attali, ne peut se produire que si les coûts salariaux des pays émergents, approchent le niveau des pays développés et ce dans le cadre de l'hypothèse d‘une croissance faible, nous renvoyant à la fameuse théorie des années 1970 de l'échange inégal d'Emmanuel .Dès lors, l'inflation afin de réduire l'endettement ne peut provenir que de la mise en place des taxes à l'importation, expliquant les mesures récentes d'une taxe carbone, des droits et taxes des USA et de l'Europe. Comme conséquence, si le scénario du repli sur soi se réalise, l'on pourrait assister à plus d'inflation, de croissance, mais à court terme dans le cadre d'Etats Nations pris individuellement, permettant une dette publique maîtrisée et ce durant une courte période , mais avec le risque d'une implosion de l'endettement à moyen et long termes, la période pouvant être rallongée pour le cas de la Chine ou l'Inde, du fait de l'importance de leurs marchés intérieurs, mais avec des pertes de gain de compétitivité. Ces mesures protectionnistes et certaines dévaluations ou réévaluations par zones, ne pouvant se faire que lorsque la monnaie est autonome dollar, livre sterling, yen , Yuan, mais pas individuellement au niveau de chaque pays de la zone euro, puisque la monnaie est commune, expliquant le dilemme grecque, s'ils ont un impact sur la relance de l'économie interne, à chaque zone (re-localiser du travail quitte à ce que les produits soient plus chers), ne feront que diminuer le taux de croissance à l'échelle mondiale, pénalisant d'ailleurs les pays pauvres et émergents à moyen terme.
Or, même la Chine connaissant un déficit budgétaire de 750 milliards de yuan ($109 Md) en 2009, contre 570 milliards de yuan ($83 Md) en 2008, du fait de l'important plan de relance par la dépense publique, a pris des mesures récentes afin de parer au risque d'un processus inflationniste incontrôlé. e au En effet, la Banque centrale de Chine a annoncé le 11 février 2010 un nouveau relèvement du taux de réserves obligatoires des banques et les autorités souhaitent renforcer le contrôle du crédit.
2-A- t- on tiré toutes les leçons de la crise des prêts hypothécaires d'août 2007 ?
D'une manière générale, pour résumer cette première partie, les thérapeutiques sur les perspectives de sortie de la crise, sont contradictoires entre les partisans de l'orthodoxie monétaire et les partisans de la relance, par le déficit budgétaire.
Ainsi, «la grande majorité des économistes s'accorde aujourd'hui sur la nécessité d'asseoir la macroéconomie sur des fondements microéconomiques». Selon Valérie Mignon professeur de Sciences économiques à l'Université Paris-X et conseiller scientifique au Cepii., je cite : « voir les phénomènes de bulles et de surendettement est une chose, anticiper les crises en est une autre; les économistes sont mal armés pour analyser le systémique et les phénomènes d'anticipation collective qui provoquent une crise», reconnaît Patrick Artus, directeur des études économiques de Natixis, bien que la crise a modifié les comportements par une prise de conscience que la boîte à outils doit changer, que les modèles mathématiques ne permettent pas de prévoir les crises, les économistes devant avoir une approche pluridisciplinaire et travailler plus avec les sociologues et les spécialistes de l'opinion». Et selon Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE, «nous ne sommes pas mieux armés, alors que l'Europe, «fin 2008, le message était encore de dire que l'Europe, serait peu touchée, alors qu'elle était déjà entrée en récession à l'été en même temps que les Etats-Unis» La crise a également relancé le débat sur la façon de mener les politiques conjoncturelles, prédit Xavier Timbeau. Mathilde Lemoine, directrice des études économiques chez HSBC France. L'Américain Paul Krugman néo-keynésien qui a obtenu, en 2008, le prix Nobel d'économie pour ses travaux sur le libre échange et la mondialisation, a dénoncé dans sa colonne quotidienne du New York Times le 19 août 2010 le culte de «Dieux invisibles» dans les appels à réduire les dépenses budgétaires pour contrer la hausse de la dette publique dans les pays occidentaux. Les Dieux invisibles sont selon M. Krugman les investisseurs sur le marché des emprunts d'Etat, dont il trouve l'influence exagérée, invoquant, selon lui les conséquences catastrophiques des programmes d'austérité en Grèce et en Irlande.
Toujours, selon le même économiste, dans sa conférence le 10 août 2009 à Kuala Lampur (Malaisie) devant un Forum international des chefs d'entreprise « le monde a échappé à une grande dépression, mais cela va prendre au moins deux ans minimum, sinon plus avant que l'économie mondiale ne se redresse totalement sous réserve de thérapeutiques efficaces, ce qui n'est pas évident et que même si le pire de la crise financière soit passé, le monde fait face maintenant à un ralentissement économique durable». Et à une question posée, il affirmera humblement que les gouvernants et les économistes sont désemparés, faute d'un nouveau modèle, tenant compte de la complexité du monde actuel.
Ces conflits des doctrines ayant des impacts sur les politiques économiques, est résumé par Nouriel Roubini économiste professeur d'économie à l'Université de New York, qui avait prédit avec précision en 2006 la crise d'octobre 2008, dans son dernier ouvrage ( 2010) en collaboration avec Stephen Mihm, professeur d'histoire à l'Université de Géorgie qui redoute qu'un retour prématuré à la discipline budgétaire, n'étouffe la reprise économique qui s'amorce, mais le problème des dettes publiques excessives, n'étant pas la solution, et ce à partir d'une analyse poussée des différentes doctrines économiques entre les «keynésiens», les «marxistes», les «néo-libéraux» les «monétaristes» dont Milton Friedman et ses disciples , les Chicago Boys et les «Autrichiens», donc une profonde divergence de la théorie économique face à la crise, interprétant chacune les événements économiques d'après leur conception de l'homme et du monde et de conclure , je le cite : «seule une méthode globale permet de comprendre la crise. «Il nous faut déposer notre idéologie au vestiaire et considérer le problème calmement. Les crises peuvent prendre des formes très diverses et ce qui est adéquat dans une situation déterminée, peut ne pas fonctionner dans une autre. La situation actuelle est insupportable et dangereuse et conduira au chaos, si l'on n'entreprend pas de réformes profondes. Si les Etats-Unis ne mettent pas de l'ordre dans leur budget et ne font pas davantage d'économies, ils vont au-devant des problèmes douloureux. Pour l'Europe, des pays comme la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne, seront tôt ou tard menacés d'insolvabilité et l'Union européenne redoutera tôt ou tard, que ces pays ne sombrent dans un chaos semblable à celui de l'Argentine en 2002 et de l'Islande en 2008.
Ces chocs vont bouleverser une nouvelle fois l'économie mondiale. Mais en comparaison du ‹grand séisme› que représenterait un effondrement rapide et incontrôlé du dollar, ces événements paraissent anodins»
Pour preuve de cette mésentente entre les économises, des propositions qui ne s'attaquent pas à l'essentiel, lors des différentes réunions du G20, tenues à Londres et à Pittsburg entre 2009/2010 composées du G8 et des 12 autres pays dont l'Espagne en tant qu'invité, de l'Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie représentant 85% du PIB mondial et 2/3 de la population mondiale. Certes, les actions concrètes proposées se sont articulées autour de cinq objectifs :
-premièrement : de dégager une réponse commune à la crise financière ;
-deuxièmement : ouvrir les pistes d'une réforme en profondeur du système financier international par un «Code de bonne conduite»;
-troisièmement : prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires et imposer aux banques de nouvelles normes comptables ;
-quatrièmement : des règles plus strictes sur les agences de notation, la titrisation et les parachutes dorés ;
-et enfin cinquièmement : accroître les dépenses publiques à travers des déficits budgétaires coordonnées/ciblés et enfin le renforcement du système de régulation qui ne saurait signifier protectionnisme, en attendant la reprise par l'entreprise privée. Mais, ces réunions ont évité d'aborder des sujets qui fâchent comme la suprématie du dollar, la refonte des relations économiques et financières internationales. Elles ne sont pas parvenues à avancer sur des sujets aussi complexes, tels que la protection de l'environnement (suite logique du résultat mitigé de la réunion de Copenhague), la régulation des produits dérivés, le projet d'une taxe sur les transactions financières (divergence entre les USA et l'Europe à Toronto) et le rythme de retrait des plans de relance.
Ces difficultés posent clairement la question de la méthode de gouvernance mondiale et du processus de prise de décision à vingt pays.
Or, outre le fait de se poser la question, si face à la crise mondiale qui est structurelle et non conjoncturelle, les politiques contradictoires en l'espace de deux années, des dépenses publiques dites néo-keynésiennes avec un rôle central à l'Etat régulateur courant 2009 et celles plus monétaristes depuis le début 2010, avec les restrictions budgétaires, s'avèreront-elles efficaces ? Le prix Nobel d'économie de 2001 Joseph Stiglitz estime que ces actions ne sont qu'une solution à court terme, les comparant à "une transfusion sanguine massive à une personne souffrant d'une grave hémorragie interne", comme le note avec pertinence l'économiste Jean Marc Vittori, dans le financier français les Echos en date du 10 juin 2009, je cite ; "il flotte comme un étrange parfum d'irréalité.
Alors que le monde entier affronte une profonde récession après avoir encaissé un choc financier colossal, tout se passe comme si la page avait déjà été tournée. Même s'il serait plus agréable de proclamer que la crise est finie, force est de constater qu'elle ne fait que commencer. La dette fait des trous partout, dans les comptes des entreprises, des particuliers, des Etats.
Nous nous comportons comme un malade qui sortirait de l'hôpital, juste après avoir réchappé d'un infarctus, sans avoir changé ni son régime alimentaire, ni son mode de vie, sans même avoir fait les examens nécessaires pour vérifier qu'il ne court plus de risque à court terme. Nous n'avons pas tiré les leçons de la crise. Au risque de subir très vite un choc encore plus grand". Car les gouvernements n'ont pas voulu examiner les origines de la crise, et d'autre part, ils ne sont pas prêts à renoncer aux " instruments financiers novateurs (LBO, dérivés, titrisations,) qui sont en partie à l'origine de la crise". Ce retour aux parachutes dorés est mis en relief par Günther Bräunig, membre du conseil de la Banque de reconstruction allemande (KfW), lors d'une conférence sur la Finance à Francfort, le 06 juin 2009, pour qui les banques recommençant à nouveau à offrir des titrisations, c'est-à-dire la vente d'obligations de crédit qui leurs sont liés, en faisant miroiter de fortes rémunérations, qui ne sont offertes que sur les marchés à très hauts risques.
Urgence d'un nou veau modèle de consommation énergétique au niveau mondial et l'atténuation de la bipolarisation des inégalités Nord/Sud
1._ Urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique
Pour éviter une crise planétaire, doit être prise en compte la protection de l'environnement pour un développement durable tel que défini par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, dans le Rapport Brundtland, « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », consistant aussi à partager la responsabilité a travers les partenariats, débats, innovation, pérennité, réversibilité, solidarité sociale, géographique et entre générations. A cet égard, nous ne pouvons que rendre hommage aux mouvements écologistes qui n'ont cessé d'alerter les gouvernements et les opinions sur les dangers inhérents à une consommation d'énergie débridée et ont réussi à convaincre de la nécessité d‘opter pour un développement qui puisse répondre aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. La bonne gouvernance devra prendre en compte cette richesse et l'organiser, dans une optique d'équité. Somme toute, l'objectif est d'aboutir à une prise en compte conjointe des impérat-ifs économiques, techniques et sociaux. La gouvernance institutionnelle permettra, conjointement avec le management d'entreprise, une meilleure prise en compte du développement durable en considérant simultanément toutes les dimensions du développement économique et du progrès social. Parmi les objectifs du développement durable, l'accroissement de l'efficacité économique basé sur l'efficacité énergétique avec la nécessité de réduire les émanations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Il s'ensuit que la réponse à ces nombreux défis ne peut être que globale Dans ce cadre, il est utile de préciser que certains pays font des efforts dans ce domaine. Sans compter sur le projet français au sein de l'union pour la Méditerranée et le projet Désertic dont le coût est évalué à plus de 500 milliards de dollars, selon une étude qu'a publiée l'Office fédéral de l'environnement (UBA) sur la production publiée en juillet 2010, l'Allemagne serait à même d'assurer 100 % de son approvisionnement en électricité grâce aux seules énergies renouvelables d'ici à 2050.Ce scénario contredit une contribution pessimiste parue la mi septembre 2010 des forces de sécurité allemandes qui prédisent des luttes pour contrôler les réserves énergétiques du Moyen Orient à l'horizon 2020/2030. Dans le premier scénario étudié, chaque région utiliserait au mieux son potentiel en éolien, solaire, ou encore hydroélectrique, et les mieux loties approvisionnent celles qui ont moins d'atouts naturels. On estime en 2009, 40 % des émissions de gaz à effet de serre de l'Allemagne proviennent de la production d'électricité, la part des renouvelables dans le bouquet énergétique du pays étant de l'ordre de 17 %. Dans la même lignée, le rapport Char pin (2010) sur la filière solaire en France à la demande du gouvernement français , qui pourtant privilégie le nucléaire, préconise de dépenser moins en subventions (pour les panneaux solaires notamment) mais plus pour la recherche, et demande que le fonds d'investissement consacré soit de 100 à 150 millions d'euros dans une première phase d'urgence (contre seulement 26 millions d'euros en 2009) afin de créer une filière industrielle capable de rivaliser avec la Chine et l'Allemagne et se libérer des énergies fossiles horizon 20320/2030 et de respecter son engagement européen de disposer de 23 % d'énergie renouvelable en 2020, alors qu'elle atteignait 14 % en 2009.
Car le plus inquiétant pour l'avenir est l'Inde et surtout la Chine, cette dernière ayant consommé en 2009, 2.252 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), soit 4 % de plus que les Etats-Unis (2.170 millions de tep). Ces chiffres, révélés selon le site du « Wall Street Journal », données qui seront publiées en novembre 2010 dans le rapport annuel de l'AIE, le World Energy Outlook, alors que selon les précédents rapports de l'AIE, ce dépassement était prévu en 2015, cela étant due à la crise, (récession de l'économie américaine) mais aussi à une demande chinoise du fait de sa forte croissance, cette dernière activant dans la recherche pour le gaz non conventionnel les énergies renouvelables dont selon certaines prospectives elle deviendrait leader. En effet, pour assurer son développement, la Chine aura besoin de 4.000 milliards de dollars d'investissements énergétiques dans les vingt ans à venir. Pour les USA, le programme du président Barack Obama prévoit 200 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Pour l'Europe. dans une étude intéressante publiée par la commission économique européenne en date du 17 août 2010, réalisée par Jean Marc OLLAGNIER directeur général du secteur Energie et ressources naturelles en Europe, il est mis en relief que depuis des années, l'Europe concentre son action sur la production et soutient massivement l'éolien, le solaire et le captage stockage du carbone et pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 et de la consommation d'énergie fixés par l'Union européenne pour 2020, l'Europe aura besoin de près de 890 milliards d'euros en plus des investissements habituels. Par exemple, les aides pour la filière solaire et éolienne devraient atteindre respectivement 85 milliards et 67 milliards d'euros au cours de la prochaine décennie, tandis que les coûts en crédits carbones pour la production d'électricité seront supérieurs à 200 milliards d'euros. Les nouvelles capacités de production représenteront 40 % des 890 milliards d'euros estimés, dont les deux tiers consacrés à l'éolien, au solaire à la biomasse et à l'hydraulique - la part des énergies renouvelables sera ainsi portée à 30 % en 2020. Mais le rapport souligne qu'il faut impérativement une généralisation de ces technologies pour réduire sensiblement les coûts. Je cite le rapport : « au total, le coût global des objectifs de l'Union européenne pour 2020 se traduira par une augmentation moyenne de 25 % de la facture d'électricité des ménages européens ». Et de poser cette question : « dès lors, comment l'Europe peut-elle arriver à résoudre la difficile équation d'accélérer sa transition vers une économie décarbonée tout en en réduisant le coût ? »
2.- Urgence de l'atténuation de la bipolarisation des inégalités Nord/Sud
L'émergence d'une économie et d'une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l'empire soviétique, remettent en cause la capacité des Etats- nations à faire face à ces bouleversements. Les gouvernements à travers les Etats Nations – et la crise actuelle en est la démonstration, sont désormais dans l'impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l'apparition de sous-systèmes fragmentés, de l'incertitude liée à l'avenir et de la crise de la représentation politique, d'où l'exigence de s'intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Se pose donc cette question : les institutions internationales telles que le FMI ou la Banque Mondiale, les organisations multilatérales telles que l'OCDE et les organisations à vocation universelle comme les Nations Unies et ses organes subsidiaires (UNESCO, FAO, ...) peuvent –elles servir de régulation mondiale? En l'absence d'institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeure les forces du marché à l'origine d'ailleurs la crise mondiale actuelle. Ce qui explique la position officielle de la majorité des pays de l'Afrique, demandant l'élargissement du G20 (ce continent étant représenté uniquement par l'Afrique du Sud) et au niveau des instances onusiennes pour une meilleure démocratisation du système des Nations unies, en réclamant deux sièges permanents avec droit de veto au sein du Conseil de sécurité. L'actuelle crise financière est me semble t- il une crise de confiance, une crise de régulation mais aussi une crise morale due à l'opacité des flux financiers. Cette régulation mondiale est rendue d'autant plus urgente avec cette financiarisation accrue car il s'échange chaque jour 4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes, trois fois plus qu'il y a une décennie, selon l'enquête triennale publiée fin août 2010 par la Banque des règlements internationaux. Les acteurs non bancaires font désormais la moitié des transactions, la City renforçant sa prééminence, avec 37 % des échanges de monnaies et 46 % des transactions sur les dérivés de taux d'intérêt. Paris avec 3 % du négoce de devises et 7 % sur les dérivés (troisième rang derrière Londres et New York). Nous assistons à l'entrée du dollar australien, le won coréen, la lire turque, la roupie indienne, ces monnaies qui progressent, au détriment du billet vert et l'introduction du yuan chinois sur ce marché dans un proche avenir devraient entraîner de profonds bouleversements. Aussi, selon la BIRD, si le marché des changes a été relativement préservé dans la crise récente, il pourrait en être tout autrement dans les prochaines années, les régulateurs financiers devant mieux surveiller les « non-banques », les « hedge funds » et autres acteurs de plus en plus actifs sur les marchés des changes, la supervision financière britannique ayant révélé sa profonde inefficacité. Rapportées au PIB, les pertes des banques implantées au Royaume-Uni ont été six fois supérieures à ce qui a été enregistré sur le Continent ou aux Etats-Unis. Aussi, l'objectif stratégique est de repenser tout le système des relations économiques internationales et notamment le système financier mondial issu de Breeton Woods en 1945 en intégrant le défi écologique, car en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L'abondance et l'opulence y côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Sur les sept milliards d'habitants que compte la planète, un cinquième - dont 44% en Asie du Sud à moins d'un (01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d'individus - dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement - on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris.
*Expert International professeur d'Université en management stratégique (Algérie)


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