Le lobbying des aviculteurs algériens s'est, semble-t-il, effiloché, après la signature officielle par le Ministère de l'Agriculture d'un contrat important d'importation du poulet vidé, avec des entreprises industrielles brésiliennes. Les Brésiliens ont en trepris une sérieuse diplomatie d'influence pour avoir ce contrat, gelé depuis belle lurette. Les aviculteurs algériens sont dans l'expectative. En effet, ce contrat qui a été mis au placard pour des causes qualifiées de «défauts de procédures», par la partie algérienne, et de «bureaucratiques», par celle brésilienne, a été enfin signé, apprend-on. L'accord a été signé la semaine dernière, lors de la visite d'une importante délégation brésilienne, présidée par le ministre du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur, Miguel Jorge, effectuée la semaine passée à Alger. Selon le secrétaire général du syndicat brésilien des aviculteurs (UNABEF), Adriano Zerbini, «le Brésil ne veut pas concurrencer les aviculteurs locaux. Donc, nous croyons qu'il sera possible de négocier le levage de ces barrières protectionnistes -qui existent vraiment, selon l'Ubabe- bien que le marché algérien soit formellement ouvert au produit brésilien ». L'ironie serait mince, si on prend en considération l'évolution vertigineuse du secteur avicole brésilien, devant des aviculteurs algériens régissant leurs cultures par des normes archaïques. En effet, les exportations de volaille brésiliennes ont atteint 616 millions de dollars, pour seulement le mois août, enregistrant une croissance de 18 %, par rapport au même mois de 2009, selon l'Ubabef. De janvier à août, des exportations ont atteint 4.4 milliards de dollars, représentant une croissance de 17 %. D'après un aviculteur algérien, «c'est la mort directe du secteur qui patauge dans beaucoup de problèmes, si le poulet brésilien envahi le marché ». L'Algérie sollicite une assistance scientifique Sur ce registre de développement du secteur, Adriano Zerbini a indiqué que «nous voulons étendre et diversifier les marchés auxquels nous avons l'accès dans le continent africain et en Algérie. Ce sont nos objectifs principaux.», relève-t-on d'un rapport publié par l'UNABEF et signé par Adriano Zerbini. Les responsables brésiliens étaient tous enthousiastes à la signature de ce contrat, qualifié d'important, selon leurs déclarations rapportées par la presse brésilienne. Les premiers arrivages de la viande blanche brésilienne s'effectueront avant la fin de l'année, a-t-on également appris. On apprendra également que les représentants du Ministère brésilien de l'Agriculture, du Bétail et la Provision, l'Union(le Syndicat) de Volaille brésilienne (Ubabef), l'Industrie de Boeuf brésilienne et l'Association des Exportateurs (Abiec) , ainsi que des entreprises ont participé à une série de réunions, avec les responsables de la Division du Service Vétérinaire relevant du Ministère Algérien de l'Agriculture pour résoudre l' « impasse bureaucratique » qui a freiné les exportations. L'impasse bureaucratique tranchée Selon Adriano Zerbini, directeur des Relations du Marché à l'Ubabef, «le gouvernement du Brésil a affirmé qu'il pourrait seulement permettre l'exportation après l'inspection et l'approbation des unités de production par des services vétérinaires algériens. Les Algériens, à leur tour, ont répondu qu'ils ne pouvaient pas vraiment continuer l'inspection comme ils ont compris que les unités de production certifiées par le gouvernement brésilien sont dans la liste des abattoirs approuvés pour l'exportation par le Ministère de l'Agriculture. C'est-à-dire, ces abattoirs sont d'origine affectés pour l'exportation». Selon le même responsable, l'Ambassade brésilienne à Alger a envoyé un communiqué officiel pour clarifier l'impasse au Gouvernement Algérien. Dans ce communiqué, le Brésil acquiesce à la demande algérienne portant sur l'attribution de la liste de sociétés certifiées comme «exportatrices» par le Ministère de l'Agriculture du Brésil, selon les préceptes de l'abattage halal ». Et d'ajouter : « le Ministère des Affaires Etrangères algérien devrait aussi produire un document annulant l'impasse bureaucratique qui a interrompu les exportations ». Le secrétaire général à la Chambre de commerce brésilienne arabe, Michel Alaby qui a également assisté aux réunions, a précisé, qu' «il y a déjà eu la certification approuvée depuis 2002, et mise en place depuis 2008, mais il y avait toujours une autre entrave pour les exportations, à savoir l'approbation de la liste d'abattoirs brésiliens», relève-t-on. «Après cette rencontre, je crois que le Brésil peut finalement commencer à exporter le poulet traité en Algérie », a-t-il dit. Dans la foulée, l'Algérie a sollicité l'expérience brésilienne pour la réalisation et la gestion de trois abattoirs pour le bœuf et le mouton, avec une capacité pour 40,000 tonnes par an, apprend-on. Les représentants de ministères algériens ont aussi appelé à l'échange des informations scientifiques dans le domaine vétérinaire et dans les secteurs du bœuf et de la volaille. «Ils veulent échanger des informations quant aux produits animaux. La question sanitaire et la collaboration technique entre des laboratoires brésiliens et algériens dans le secteur vétérinaire sera renforcé. Les spécialistes brésiliens seront nombreux dans les séminaires et les forums, organisés par l'Algérie, portant sur les questions sanitaires et la production animale,», a déclaré Alaby, cité par la presse brésilienne. En attendant le feed-back des aviculteurs algériens, un responsable des services agricoles d'Oran a déclaré, à ce sujet, que «le marché algérien est important, il devra suffire aux fermiers locaux ». Dans tous les cas de figure, le consommateur algérien écrasé par la cherté du poulet à cause des spéculations aura, peut-être, l'opportunité de…manger du poulet régulièrement.