Le Premier ministre chinois Wen Jiabao étaitt en Europe ce week-end. Une tournée européenne qui a débuté en Grèce, pays sinistré de la crise et aux prises avec de sérieux problèmes économiques. Les nouvelles alliances qui se tissent entre les deux pays sont certes on ne peut plus bénéfiques pour la Grèce, mais se présentent comme étant de véritables aubaines pour la Chine dont le yuan, sous-évalué, est toujours pointé du doigt par les Etats-Unis. Ces derniers se considèrent lésés par sous-évaluation de la monnaie chinoise. Un Premier ministre chinois en Grèce, ça n'était pas arrivé depuis 24 ans. Un signe qui montre que les deux pays sont prêts à faire des affaires. Et chacun devrait y trouver son compte. D'un côté, pour Athènes, l'enjeu est de sortir de la récession rapidement. La crise a affaibli son économie. Elle manque d'investissements étrangers. La Chine pourrait donc devenir un partenaire privilégié. C'est un peu l'histoire du loup dans la bergerie. De l'autre côté, pour Pékin, la Grèce constitue d'abord un investissement avantageux du fait de sa faible santé économique. Mais, le pays est surtout une porte d'entrée importante dans les Balkans, avec un accès aux ressources naturelles non négligeables de la région. La présence chinoise n'est pas nouvelle. Pékin a déjà deux concessions de terminaux au célèbre port du Pirée. Aujourd'hui elle est prête à investir plusieurs milliards d'euros pour faire du port sa tête de pont dans la région. Pour l'instant, il ne doit s'agir que de négociations, mais la Grèce est pressée de conclure. Le ministre grec chargé des Investissements vient d'ailleurs de finaliser un projet de loi qui permettra dorénavant d'accélérer et de faciliter les investissements étrangers. Le gouvernement grec a présenté un projet de budget 2011 marqué par l'austérité pour arriver à sortir le pays de la crise de la dette. Une dette publique parmi les plus élevées de la zone euro. Athènes doit donc convaincre les investisseurs étrangers pour pouvoir emprunter sur les marchés à des taux abordables. La Chine a assuré Athènes de son soutien mais pourquoi cet intérêt chinois? Le premier ministre chinois a annoncé que son pays allait faire un effort pour soutenir les pays de la zone euro et en particulier la Grèce. La Grèce sauvée, on s'en souvient, in extremis de la faillite en mai dernier par le fonds de soutien de l'Union européenne et du Fond monétaire international. En échange, Pékin signe avec ce pays une série de 13 accords. Ils permettront le développement des investissements chinois en Grèce. C'est ce que le premier ministre grec Georges Papandréou a qualifié de "partenariat stratégique". La Chine profite des besoins en argent de la Grèce et veut utiliser ce pays comme tête de pont vers l'Europe mais aussi les Balkans, l'Afrique du nord et le moyen Orient. D'ores et déjà c'est une entreprise étatique chinoise de transport qui pilote le port à containers du Pirée à Athènes. Pékin s'intéresse aussi aux chemins de fer grecs et à d'autres branches de l'infrastructure du pays. En outre, les armateurs grecs, vont obtenir un crédit de 3,6 milliards d'euros pour acheter des bateaux qui serviront bien sûr à transporter des marchandises chinoises vers l'Europe. La crise économique n'a pas touché la Chine qui dispose d'importantes réserves financières à placer. Si possible avec un bon rendement. Les emprunts des pays en difficulté économique sont intéressants car ils rapportent beaucoup. Mais l'appétit chinois va au-delà : il se tourne vers les matières premières et les mines, mais aussi les firmes européennes. Pékin a déjà acheté des firmes prestigieuses comme Volvo ou le plus grand fabricant de piles au lithium, indispensables pour les voitures électriques. Seuls jusqu'à présent, la France et l'Australie ont interdit l'achat de leurs entreprises. Cela n'empêche pas Paris, comme Bruxelles de se féliciter du soutien du Goliath chinois à la petite Grèce.