En effet, le déficit public s'établit à 3.600 milliards de DA, soit le tiers du PIB, enregistrant une augmentation substantielle de 906 milliards de dinars par rapport aux prévisions énoncées dans la LFC10. D'après l'économiste, Abdelmalek Serai, «ce n'est pas du tout une bonne chose». Pour son collègue, Abderahmane Mebtoul, président de l‘Association pour le Développement de l'Economie de Marché, «c'est quelque chose de grave». Ce dernier indique que «le déficit du trésor n'est pas du à l‘augmentation des salaires, mais à l'envolée des dépenses publiques». Sous d'autres cieux, l'austérité est devenue une mesure salutaire pour sauvegarder l'équilibre du Trésor public. Chez nous, les dépenses sont à contrario en perpétuel essor. Pour se mettre au diapason de cet ordre économique mondial, le mot d'ordre des économistes est de rationaliser les dépenses publiques et limiter les dépenses improductives. Selon leurs explications, cette augmentation «intempestive» est inhérente au fait que l'Etat a injecté, comme énoncé par la LFC10, 608 milliards de crédits additionnels au budget de fonctionnement, et d'une baisse des prévisions de recette de la fiscalité pétrolière à hauteur de 344 milliards de dinars, qui est partiellement compensée par une augmentation des revenus de la fiscalité ordinaire de 176 milliards de dinars. Pis encore, l'Etat a puisé dans le Fonds de Régulation des Recettes (FRR), pour espérer éponger ce déficit et rééquilibrer un tant soit peu la balance du Trésor public. Conformément à cette politique financière, le FRR sera carrément vidé puisque des 4.380 dinars qu'il contient, 3.615 milliards de dinars seront «réaffectés» au Trésor public pour éponger son déficit. En somme il ne restera dans les caisses de ce Fonds que 664 milliards de dinars. Il faut savoir que l'Etat verse dans le FRR, créé en l'an 2000, la différence entre les recettes réelles des Hydrocarbures et le prix de référence du baril de pétrole fixé par la Loi de Finances. Il faut aussi savoir que la LFC10 qui est élaborée sur la base d'un prix de baril du pétrole à 37 dollars et un prix de change à 73 DA pour un dollar, prévoit un taux d'inflation de 3,5%, soit les mêmes chiffres de la LF initiale. Cependant, la croissance économique est cependant en baisse à 4%, contre 4,6 % dans la LFC09 et LFC10, tandis que la croissance hors Hydrocarbures s'élève à 6 %, contre 5,5 % précédemment.