Une trentaine de chercheurs algériens vont examiner aujourd'hui les moyens de lutter contre la leishmaniose cutanée, une maladie parasitaire qui constitue désormais un risque principal pour la santé publique dans notre pays. La propagation de cette maladie parasitaire véhiculée par un moucheron, le phlébotome, dépend étroitement des conditions de température et des conditions d'hygiène. La leishmaniose se déploie depuis quelques années en Algérie : des dizaines de foyers infectieux sont jusqu'à présent répertoriés au Nord comme au Sud. Si la maladie touche le plus souvent les chiens, il n'est pas exclu qu'elle affecte les humains, surtout s'ils sont immunodéprimés. Cette journée d'étude organisée par le CRASC d'Oran avec le soutien de la société canadienne CRDI aura pour thème : «L'exploration des scénarios d'adaptation de la leishmaniose cutanée». Le CRDI est une société d'Etat canadienne qui collabore étroitement avec les chercheurs des pays en développement et les appuie dans leur quête de moyens de créer des sociétés en meilleure santé, plus équitables et plus prospères. Les chercheurs vont exposer les études et les résultats des recherches menés dans deux foyers de cette maladie à savoir Aïn Sekhouna à Saïda et Draa El Mizane à Tizi Ouzou. La leishmaniose s'est rapidement propagée ces dernières années dans notre pays pour atteindre plus de 30.000 cas durant l'année 2005 avant de reculer à 8.442 cas en 2008. En 2005, la leishmaniose cutanée avait atteint un pic avec une incidence nationale de 93,78 cas par 100.000 habitants. Concernant l'année 2009, le ministère de la Santé a recensé 7.784 cas de leishmaniose. Les leishmanioses sont de deux types : la leishmaniose viscérale, dont le réservoir animal est le chien, et la leishmaniose cutanée. La forme cutanée apparaît sous forme de lésion localisée laissant des cicatrices indélébiles et inesthétiques. Elle se traduit par une grande fatigue et une anémie pouvant être fatale si aucun traitement n'est mis en œuvre rapidement. Une seule arme : une large et efficace campagne de désinsectisation des foyers et leur pourtour immédiat. Quarante wilayas sont concernées par cette maladie. Le pic d'alerte a été relevé en 2005 où 30.227 cas ont été recensés. La maladie est passée de 29 cas pour 100.000 habitants en 1997 à 94 cas pour 100.000 habitants en 2008. Avec 8.000 cas par an, la wilaya de Biskra est considérée comme le premier foyer de cette maladie parasitaire. Il est impossible d'éradiquer la maladie pour des raisons liées à la biodiversité. Il est plus rentable d'orienter les efforts à la réduction de cette endémie à travers la prévention et la campagne nationale d'aspersion d'insecticides. La dégradation du cadre de vie et de l'hygiène du milieu, l'urbanisation anarchique et le rapprochement des habitations en milieu rural, ainsi que les changements climatiques sont autant de facteurs favorisant la prolifération de cette maladie. C'est une maladie qui coûte excessivement cher au Trésor public, la prise en charge des malades étant estimée à 120 millions de dinars. L'OMS considère comme «prioritaire» cette maladie mortelle pour le chien et transmissible à l'homme. La parasitose représente, à elle seule, 35% des maladies à déclaration obligatoire.