La sonnette d'alarme a été tirée en 2005 suite aux statistiques inquiétantes indiquant que la maladie allait crescendo. Plus de 30 220 cas avaient été recensés. Il fallait agir pour stopper cette avancée. Il aura fallu des données statistiques en 2005, montrant que le nombre de cas déclarés de leishmaniose en Algérie est élevé avec plus de 30 220 cas, plaçant celle-ci en tête des maladies parasitaires à déclaration obligatoire, pour que les pouvoirs publics décident d'agir en conséquence. En effet, cette maladie parasitaire vectorielle qui se transmet à l'homme par la piqûre de moucherons, plus connue sous l'appellation “le clou de Biskra” est en pleine recrudescence ces 10 dernières années avec une progression géographique vers le Nord, les Hautes-Plaines et la steppe. Par le passé, la leishmaniose cutanée était concentrée dans les wilayas de Biskra, Béchar, Abadia, mais, aujourd'hui, les épidémiologistes constatent que des wilayas comme celles de Saïda et de Tizi Ouzou sont devenues des zones endémiques. D'où cette préoccupation des pouvoirs publics, du corps médical et des chercheurs de se pencher sur les causes et les raisons de la progression de la maladie et les conséquences pour la population, sachant que le réservoir de cette maladie est le rat tout comme pour la peste. À partir de 2006, les programmes de lutte contre la leishmaniose cutanée, qui laissent des cicatrices profondes et indélébiles, ont eu un coût de 70 milliards DA, sans oublier, en termes économique et écologique, l'impact que représentent les 500 000 ha de terres infestées par les rats et qu'il faut traiter. C'est pour toutes ces raisons qu'est né un projet de recherche entre le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran et le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) du Canada, financé par ce pays à hauteur de 350 000 dollars canadiens. Intitulé “Exploration des scénarios d'adaptation : leishmaniose cutanée et changement climatique”, dont la première réunion a eu lieu à Oran dimanche, ce projet d'une durée de 3 ans regroupe de très nombreux intervenants et chercheurs pluridisciplinaires : des épidémiologistes, des médecins, des vétérinaires, des infectiologies, des spécialistes des sols et des végétaux, etc. S'appuyant sur deux wilayas, Saïda et Tizi Ouzou, “présentant des écosystèmes naturels contrastés, respectivement semi-aride et subhumide, et connaissant une recrudescence des cas, notamment la leishmaniose viscérale pour Tizi Ouzou, ce projet va s'articuler sur la démarche et l'approche méthodologique écosanté pour contribuer à l'amélioration de la santé des populations”. C'est dans un contexte de changement climatique associé à la modification de l'utilisation des sols et de la dégradation de l'hygiène en général qu'intervient aussi ce projet qui devra prendre en compte ces aspects, bien sûr, avec, pour objectif final, la mise en place d'une stratégie de prise en charge de la leishmaniose et d'autres maladies similaires.