Naguib Sawiris, le PDG d'Orascom Télécom Holding (OTH) a écrit une seconde lettre au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en date du 2 novembre dernier, lui déclarant qu'il reste ouvert à toute invitation de négociations, si l'Etat algérien lève les exigences qui lui ont été «arbitrairement» imposées. Dans le cas contraire, le magnat égyptien des Télécoms peut demander l'arbitrage international pour mettre fin à ce différend qui tient 6,6 milliards de dollars, le montant de cession des actifs de Sawiris, alloués par le russe Vimpelcom Russie, a rapporté avant-hier soir l'agence de presse Reuters qui a déclaré avoir examiné la lettre, adressée par le PDG d'OTH à Ahmed Ouyahia. «Nous sommes préoccupés par le fait que nous n'aurons pas d'autres choix que de demander réparation par le biais de procédures d'arbitrage international», relève-t-on de la lettre. Dans cette correspondance, adressée au Premier ministre et à trois autres hauts fonctionnaires, Naguib Sawiris a déclaré qu'il en était à sa dernière demande au gouvernement algérien, pour cesser les pressions sur son opérateur Djezzy. Sur ce registre, il a dit que Djezzy «ne pouvait pas continuer à exercer en Algérie, s'il n'y aurait pas une solution immédiate au différend - qui s'articule autour de créances fiscales et les allégations de violations des devises. Il a ajouté qu'Orascom avait déjà engagé des milliards de dollars de pertes. Quant aux négociations attendues avec l'Etat algérien qui veut nationaliser absolument Djezzy, le PDG d'Orascom Télécom a dit qu'il les a acceptées à contrecœur, car, a-t-il indiqué, qu'il était peu probable que l'Algérie payera un prix juste. Chose qu'il n'accepterait pas, a-t-il noté. Selon des sources bancaires citées par Reuters, le gouvernement algérien avait dit en privé, qu'il ne payera pas au-delà de 2,5 milliards de dollars pour Djezzy, alors que Sawiris a toujours fait référence à l'offre publique de 7,8 milliards de dollars par l'opérateur de l'Afrique du Sud, MTN. Sawiris pris dans une souricière Quant à l'incertitude de l'aboutissement de l'affaire de fusion-acquisition avec Vimpelcom, un banquier de la City (Londres), qui conseille les entreprises de télécommunications a déclaré à Reuters qu'«il y a un risque réel pour que cet accord échoue. Les Norvégiens (Telenor) ont été entraînés et je pense qu'ils sont à la recherche de raisons pour ne pas l'appuyer». Et d'ajouter : «en même temps, le gouvernement algérien tergiverse encore sur la nomination de conseillers pour les négociations avec OTH sur le sort de Djezzy. Naguib est donc pressé des deux côtés». En effet, Telenor, qui détient 36 % de Vimpelcom a à maintes fois, diffusé des doutes sur un accord avec Orascom. Fin du mois dernier, les actionnaires de Telenor ont demandé des éclaircissements sur cette fusion, auprès de Vimpelcom, avant de rendre leur décision finale sur l'opération. Et si les négociations échouent avec l'Etat algérien et une résolution favorable tarde à venir, des analystes affirment que Sawiris pourrait envisager la vente de ses actifs au coup par coup, séparément. Amr Elalfy, analyste à la CI capital, a aussi déclaré à Reuters que «le compte à rebours a commencé et d'ici un an et demi à deux ans, lorsque les calendriers des dettes d'OTH arrivent à échéance en 2013», Sawiris sera dans une situation…abominable. De son côté, la société italienne mobile Wind, qui fait également partie de l'opération envisagée par Vimpelcom, a lancé 3,4 milliards d'euros de prêts pour refinancer sa dette existante. Wind à elle seule, enregistre près de 16 milliards de dollars de dettes en circulation, selon des données de Reuters. In fine, il faut noter que les procédures d'arbitrage international peuvent s'étaler sur des années, ce qui n'arrange nullement Sawiris. La mise à mort d'OTH est déjà enclenchée, croit-on comprendre. Hier matin, Naguib Sawiris a animé une conférence de presse à Dubaï, où il a réitéré les mêmes propos de la lettre, à savoir le recours à un arbitrage international.