Cité Soleil de Port-au-Prince. L'anti chambre de la mort. Un véritable foyer d'épidémie. Le choléra fait des ravages. Quelque 800 morts déjà. L'air est irrespirable. La vie est invivable. Le pays se transforme en un véritable hôpital. Pas moins de 12 000 personnes sont malades. Le choléra fait des morts chaque jour. Et chaque jour. Le bilan du ministère de la Santé haïtien concerne la période allant jusqu'au 10 novembre. Le ministère indique que, jusqu'à présent, la plupart des décès (540) sont survenus dans le département de l'Artibonite (nord), principal foyer de l'épidémie qui sévit dans le pays depuis la mi-octobre. Près de 3 millions de personnes vivent à Port-au-Prince, dont plus d'un million dans des camps où les conditions sanitaires sont très précaires, depuis le séisme du 12 janvier. L'ONU vient de lancé un appel de fonds d'urgence de 163,8 millions de dollars pour «éviter d'être dépassée» par l'épidémie de choléra dans le pays, le plus pauvre du continent américain. L'épidémie de choléra, maladie hautement contagieuse, est, maintenant, considérée comme «une question de sécurité nationale», a annoncé le ministère de la Santé haïtien. Si l'épidémie s'est déclarée dans le nord d'Haïti, elle a désormais atteint la capitale, Port-au-Prince. Parmi les nouveaux décès recensés par les autorités, il y a déjà des morts du choléra confirmé à Cité-Soleil. L'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), émanation de l'OMS, a pour sa part indiqué que le ministère de la Santé avait aussi fait état de 73 cas confirmés de choléra à Port-au-Prince. Port-au-Prince est un bidonville étendu où les conditions sont très mauvaises en matière d'installations sanitaires et d'eau. La vie est très dure. Pas facile même de vivoter au milieu des camps de fortune installés depuis le séisme du début de l'année. La précarité dans de nombreux camps à travers le pays est accentuée par les volumes d'eau --vecteur du choléra-- accumulés lors du passage de l'ouragan Tomas en fin de semaine dernière. Tomas, qui a fait 21 morts en Haïti, a en grande partie épargné Port-au-Prince. Le sud-ouest du pays a lui énormément souffert. La ville de Léogâne s'est retrouvée totalement inondée. Et, selon la porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, ces inondations ainsi que les nouveaux déplacements de population entraînés par l'ouragan «multiplient» les risques de propagation du choléra. Selon une projection de l'OPS se fondant sur le précédent de l'épidémie de choléra apparue en 1991 au Pérou avant de s'étendre à d'autres pays, l'épidémie apparue en Haïti pourrait faire jusqu'à 270 000 malades, si elle continue pendant plusieurs années.