Le cabinet londonien, Oxford Business Group, (OBG) dans son dernier briefing, estime que l'avenir du secteur de la pêche en Algérie est promoteur. Le cabinet londonien indique, qu'afin d'augmenter la production interne et de réduire la dépendance de l'Algérie à l'égard des importations, le gouvernement a fixé à l'industrie des objectifs ambitieux pour les quatre prochaines années. «Parmi ces objectifs, on compte la capacité d'évaluer les stocks de poissons, la mise en place de moyens de conservation, la modernisation de la flotte de pêche, l'adaptation au changement climatique, la préservation de la pêche artisanale et l'amélioration des méthodes de formation », relève OBG, rappelant qu'à la mi-octobre, des administrateurs, des professionnels, des scientifiques et des associations se sont réunis à Alger, dans le cadre d'une conférence nationale sur la pêche et les ressources halieutiques, pour revoir les résultats du secteur et envisager des stratégies de développement. Abdellah Khenafou, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, qui a participé à la conférence, a préconisé d'accorder un rôle plus important au secteur dans l'économie nationale. Selon M. Khenafou, les ressources halieutiques du pays demeurent sous-exploitées : on ne pêche que 145 000 tonnes de poissons par an alors que le stock s'élève à 222 000 tonnes. Selon lui, le quota annuel de l'Algérie pour le thon (établi à 1 100 tonnes par la Commission internationale pour la conservation des thonidés en Atlantique, ICCAT) n'a pas été atteint. L'industrie halieutique nationale dispose de 1 280 km de côtes, de 30 ports de pêche et d'une flotte de pêche d'environ 4 500 bateaux. Ainsi, le secteur renferme un très grand potentiel d'un point de vue économique. Cependant, son développement dépend de la capacité du gouvernement à protéger les stocks de poissons et à améliorer le savoir-faire technique. Afin de moderniser le secteur, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques a élaboré des programmes pour réparer les bateaux de pêche, acheter du matériel de pêche moderne et mettre sur pied des exploitations piscicoles pilotes. Le gouvernement s'est également engagé à construire 13 marchés de gros et, au cours de la conférence mentionnée ci-dessus, il a été annoncé que trois de ces marchés étaient déjà presque terminés. L'objectif de ce programme est de surveiller la qualité du poisson, de recueillir des données de production et d'organiser le marché. Le secteur a déjà bénéficié de fonds publics : il a reçu 26 milliards de dinars algériens (248.3 millions d'euros) pour l'achat de navires de pêche. Grâce à ces achats, l'âge moyen d'un bateau de pêche algérien est passé de 20 à 12 ans. Cependant, le gouvernement pense que le nombre de bateaux est maintenant suffisant pour répondre aux besoins du secteur et a, par conséquent, suspendu le programme. Le gouvernement a également songé à interdire l'exportation de certains poissons pour augmenter l'offre intérieure et réduire les prix. Ainsi, au cours d'une intervention à la Radio nationale, M. Khenafou a exprimé son intention d'interdire l'exportation de certaines espèces, comme la sardine. Il a toutefois ajouté que « l'exportation d'espèces à forte valeur ajoutée peut être maintenue et compensée par l'importation de produits à large consommation». L'Algérie a également recours à l'aquaculture (l'élevage de poissons et de fruits de mer) pour augmenter l'offre intérieure. Afin d'encourager les investissements du secteur privé dans la production aquacole, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques mène des études de marché pour repérer des sites appropriés à cette activité, (450 ont été repérés jusqu'à maintenant) et octroie des subventions provenant du Fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture. « Bien que 12 projets d'aquaculture financés par l'argent public aient été lancés, leur viabilité est menacée par le coût élevé des aliments pour poissons, que les exploitants doivent importer », estime OBG. Pour remédier au problème, le gouvernement prévoit de réduire les droits de douane et le taux de la taxe à la valeur ajoutée (TVA) relatifs aux importations de ces produits, tel qu'indiqué dans le projet de loi de finances de 2011.