Les prix du blé ont progressé au cours de la semaine écoulée sur le marché à terme de Chicago dans un contexte d'offre restreinte, entraînant dans son sillage le maïs, tandis que les prix du soja ont fait du surplace. Après trois semaines de repli qui avait suivi des prix records, les cours du blé ont rebondi avec le retour des inquiétudes pour l'offre, concrétisées par l'extension jeudi, jusqu'à la prochaine récolte en 2011, du moratoire russe sur les exportations de céréales décrété cet été en raison de la canicule. "Cette mauvaise nouvelle va probablement donner encore un peu plus d'élan aux prix du blé aux Etats-Unis et en Europe, en particulier pour les contrats à livraison au printemps", ont noté les analyses de Commerzbank. D'autant que les investisseurs, déjà marqués par les difficultés météorologiques en Russie et au Canada, s'inquiétaient désormais des conditions en Argentine et en Australie, où la production pourrait être moins forte qu'attendu. "La dépendance accrue au blé en provenance des Etats-Unis et d'Europe est évidente dans les chiffres des exportations", alors que les exportations américaines de céréales ont dépassé le million de tonnes pour la quatrième semaine consécutive selon les chiffres du département de l'Agriculture (USDA), ont souligné les analystes de Commerzbank. Le blé a entraîné le marché du maïs dans son sillage, portant les prix à leurs plus hauts niveaux depuis plus d'un an. Mercredi en séance le contrat de maïs le plus échangé est ainsi monté jusqu'à 4,4725 dollars, un niveau inédit depuis juin 2009. Le soja est en revanche resté à l'écart. "Le marché du soja reste dans une large mesure dépendant de la demande d'importations chinoises, et n'a pas bénéficié de l'offre restreinte de blé comme le maïs", a souligné Sudakshina Unnikrishnan, de Barclays Capital. Le contrat de blé pour livraison en décembre valait vendredi vers 15H00 GMT (17H00 HEC) 7,33 dollars le boisseau (environ 25 kg), contre 6,95 dollars sept jours plus tôt. La flambée des prix du blé depuis l'annonce de l'embargo russe le 5 août dernier ne cesse de faire des dégâts. Le blé a pratiquement doublé en six mois, passant de 120 euros la tonne à plus de 231 vendredi. Si cette hausse est bonne pour les céréaliers, elle a un effet désastreux sur d'autres filières, notamment le pain et la viande. Les prix des aliments ont grimpé partout dans le monde. Selon la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, qui vient de publier son indice des prix alimentaires (FFPI), cette hausse s'élève à 5 % rien que pour le mois d'août, son plus haut niveau depuis septembre 2008. À titre de comparaison, pour l'ensemble de l'année 2009, la hausse de l'indice FFPI avait été de 10 %. "Cette envolée traduit essentiellement la hausse brutale des cours internationaux du blé au lendemain de la grave sécheresse qui a sévi en Fédération de Russie, et les restrictions d'exportations de blé qui ont suivi, explique au Figaro Luc Guyau, président indépendant de la FAO. Mais elle s'explique aussi par la hausse des prix du sucre et des oléagineux." Sucre, café et cacao ont nettement grimpé. Jeudi dernier, les cours du sucre ont atteint leur plus haut niveau depuis six mois sur le marché new-yorkais, à 20,94 cents la livre. On craint de voir ressurgir les émeutes de la faim de 2008 provoquées par des hausses spectaculaires de matières premières agricoles. Au Mozambique, des manifestations contre la hausse du prix du pain et de l'énergie ont fait 7 morts jeudi dernier.