Au lieu d'installer une politique claire du médicament, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, tergiverse au lieu de prendre des décisions appropriées pour structurer ce secteur névralgique. L'interdiction de certains médicaments à l'importation semble être abandonnée. Le ministre a également annon-cé le report à 2012 de l'appli-cation de la circulaire obligeant les producteurs à distribuer leurs médicaments. Si les opérateurs et les consommateurs ont toujours dénoncé cet état de fait déplorable, le ministre de la santé a toujours promis de déclarer la guerre à la pénurie et installer une politique claire et exhaustive. M. Djamel Ould Abbès a annoncé le report à 2012 de l'application de la circulaire obligeant les producteurs à distribuer leurs médicaments. S'exprimant lors d'une réunion avec les producteurs locaux de médicaments, M. Ould Abbès a indiqué que l'application de la circulaire fait actuellement l'objet d'intenses concertations entre le ministère et ces producteurs afin de trouver une solution à cette question. Pour rappel, le premier ministre, M. Ahmed Ouyahia avait signé en mai dernier une circulaire obligeant les producteurs de médicaments à distribuer leurs produits. Il est aussi à rappeler que le ministre de la Santé avait toujours affiché son intention de ne plus soutenir les producteurs de médicaments qui contestent la circulaire d'Ouyahia les obligeant à procéder à la distribution directe des médicaments. Ould Abbès ne compte cependant pas exiger d'eux de s'y conformer tout de suite. «Il n'est pas question de revenir sur cette décision mais nous allons accompagner les opérateurs. Nous ne ferons pas peser sur eux la menace. Nous leur donnerons le temps de s'organiser», avait-il déclaré en octobre dernier lors d'une rencontre avec les protagonistes du secteur. Ould Abbès avait toujours reconnu que distribuer des médicaments est un métier que ne maîtrise pas forcément le fabricant, ce qui explique qu'il leur suggéra lors d'une prochaine réunion de se constituer en groupement d'ici juin 2011. S'agissant de la prise en charge des maladies chroniques dont les cancers, le ministre de la Santé a fait part de l'importation de 57 appareils de radiothérapie et de la disponibilité de médicaments génériques produits localement contre cette maladie. Ould Abbès a, par ailleurs révélé la signature dans quelques mois d'une convention avec des laboratoires indiens pour la fourniture de médicaments traitant cette maladie. Quant à la rareté des médicaments et leur rupture, le ministre a affirmé que le stock des médicaments avait été prolongé de trois à six mois afin que «le patient puisse obtenir facilement les médicaments», soulignant la disposition totale du ministère à résoudre ce problème. Nouvelle nomenclature expurgée de 314 produits Djamel Ould Abbès, a annoncé la nouvelle nomenclature des médicaments interdits d'importation. Le ministre a affirmé lors de la rencontre avec les producteurs locaux que cette nouvelle nomenclature des médicaments interdits d'importation intervenait dans le cadre de l'organisation du marché national, d'une part, et la satisfaction des besoins des citoyens en médicaments, d'autre part. Ould Abbès a souligné que cette nouvelle nomenclature comptait 130 médicaments dont 11 nouvelles molécules produites par trois opérateurs qui se sont engagés à fournir ces médicaments dans le cadre d'une convention avec le ministère. Il faut souligner que les listes des médicaments interdits à l'importation arrêtées depuis 2008 ont été filtrées de 314 produits. En effet, sur les 444 dénominations communes internationales (DCI) placées à ce jour sous le sceau de l'interdiction, seulement 130 produits sont officiellement interdits. La nouvelle nomenclature comporte également un autre type de médicaments (98 médicaments dont 22 nouvelles molécules produites par deux opérateurs qui sont en mesure de satisfaire les 2/3 des besoins nationaux) d'où le recours du ministère à l'importation du tiers restant, souligne le ministre. Un troisième type de médicaments figure également dans cette nouvelle nomenclature. Il s'agit de 216 médicaments dont 6 nouvelles molécules produites par un seul opérateur qui ne fournit que 1/3 des besoins. Les 2/3 restants sont importés. Le ministre a indiqué que l'objectif d'une telle décision était de mettre fin à la dépendance vis-à-vis de l'étranger» saluant le rôle de certains laboratoires qui se sont conformés à cette décision au moment où d'autres l'on «contournée» en ayant recours à des laboratoires étrangers pour commercialiser le produit dans le pays. Il a indiqué, par ailleurs, que le soutien de l'Etat intervenait dans le cadre de la politique nationale du médicament visant la promotion de la production nationale afin de couvrir près de 70% des besoins en la matière en 2014. L'Algérie comptait 98 unités de fabrication de médicaments dont 9 relevant de Saidal Le directeur de la pharmacie au ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, M. Hamou Hafed a indiqué que l'Algérie comptait 98 unités de fabrication de médicaments dont 9 relevant du groupe pharmaceutique Saidal. Dans une rencontre entre les responsables du ministère et les producteurs locaux, le responsable de la pharmacie au sein du ministère de la Santé a précisé que les 98 unités de fabrication produisaient 60 médicaments et réalisaient 15 projets qui seront mis en service prochainement. Ces projets, a-t-il ajouté, permettront la production de 359 médicaments de différents types, soit 210 appellations internationales de médicaments. La liste des médicaments interdits d'importation comprend 101 médicaments produits en 2010, a-t-il fait savoir. S'agissant des médicaments interdits d'importation et qui n'ont pu être produits localement, le même responsable a souligné qu'ils étaient de l'ordre de 19, rappelant que l'incapacité de répondre aux besoins et le manque de moyens ont empêché certains producteurs d'honorer leurs engagements. Le responsable a évoqué l'enregistrement de 1.281 médicaments interdits d'importation au ministère de la Santé depuis 2008, soit 23% de la liste des médicaments dont 80% sont génériques.