L'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, se rendra, en février prochain, pour la deuxième fois en trois mois à Alger, pour procéder aux derniers réglages des dossiers économiques encore bloqués entre les deux pays. Cette fois, Jean-Pierre Raffarin, fera face à des négociateurs algériens plus pragmatiques et plus aguerris, réconfortés par les bons pronostics de la conjoncture de 2011. Jean-Pierre Raffarin, sénateur chargé du suivi de la coopération économique entre l'Algérie et la France, baptisé pour l'occasion «Monsieur Algérie», entamera le 20 février prochain une visite de deux jours en Algérie, a rapporté hier l'APS, citant une source diplomatique algérienne en France. Pour rappel, la première phase des négociations entre les deux parties s'est déroulée le 24 novembre 2010. L'émissaire de Sarkozy fera face à des négociateurs algériens plus pragmatiques que naguère, encouragés par la conjoncture économique satisfaisante de l'Algérie. En effet, d'après le pronostic des observateurs, tous les indices montrent que l'année 2011 sera bonne pour l'économie nationale. En effet, sur le plan de l'équilibre des finances, l'objectif a été atteint. Les exportations en hydrocarbures ont permis à l'économie nationale d'engranger 55,7 milliards de dollars à la fin de l'année 2010. Soit une hausse de 25% par rapport à l'année 2009. Les spécialistes tablaient sur des recettes qui avoisineraient les 50 milliards de dollars. Les cours du brut ont franchi la barre des 90 dollars et le pétrole a encore de beaux jours devant lui. Ainsi, l'exploration pétrolière en 2011 devrait connaître une hausse de 40%, a annoncé le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. «En 2010, nous avons fait 29 découvertes de gisements d'hydrocarbures. L'Algérie pourrait même exploiter ses mines de charbon, si cela est nécessaire», a-t-il assuré tout en précisant que 70% du sous-sol algérien n'ont pas été prospectés. Concernant la construction de centrales nucléaires, dont la première doit voir le jour dans une dizaine d'années, le ministre de l'Energie a assuré que l'Algérie disposait de réserves d'uranium suffisantes pour les faire fonctionner. Enfin, la conjoncture économique est en faveur de l'Algérie qui ne devrait pas quémander les Français d'investir chez elle. Avec les 286 milliards de dollars du plan quinquennal, la concurrence est rude entre les plus grandes entreprises mondiales. Le marché au plus apte et au plus efficace. Les dossiers au menu de ce second round L'envoyé spécial du président Sarkozy était reparti pour Paris satisfait de sa journée de mission, et des discussions qu'il avait eues avec de hauts responsables algériens, dont le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. «Pour la première phase de cette mission, j'ai pu aller au fond des dossiers avec les partenaires algériens», avait-il déclaré à la presse. Il avait également indiqué que les deux parties ont débattu de «manière approfondie» de tous les dossiers, «un à un avec une volonté de progrès dans le cadre de la souveraineté de l'Algérie et avons réussi à être en bons termes sur une douzaine de dossiers dont une bonne moitié est en voie de finalisation». Toujours selon l'APS, cette deuxième visite s'inscrit dans le cadre de sa mission sur la coopération économique entre Paris et Alger. Parmi ces projets inscrits au menu de ce deuxième round, il avait notamment cité l'entraînement des PME, la formation professionnelle, les transferts de savoir-faire, les transports, les mines et l'énergie, l'agroalimentaire, la pharmacie et les assurances, ainsi que les retombées en termes d'emplois qualifiés. Trois dossiers sont déjà en cours de concrétisation entre les deux pays. Il s'agit notamment de la Macif (société d'assurance) qui devrait lancer son activité en Algérie durant 2011, celui de la Cristal Union, qui ouvrira une raffinerie de sucre avec le groupe la Belle à Ouled Moussa (est d'Alger) et celui d'Alsthom qui lancera, de son côté, une usine de montage et d'entretien de rames de tramway pour les 17 projets prévus en Algérie (Alger, Oran, Constantine…) et leurs extensions. Dans la foulée, le projet d'usine Sanofi Aventis devrait prochainement aboutir. Tout comme celui du complexe pétrochimique de Total, de l'usine de verre de Saint-Gobain ou encore l'usine de collecte et de traitement de lait cru de Bretagne International. Volkswagen brûle la politesse à Renault Une délégation de haut rang du constructeur allemand Volkswagen a été reçue en décembre 2010 par le ministre algérien de l'Industrie. «Cette délégation est venue proposer l'implantation d'une usine pour fabriquer, dans un premier temps, 70.000 véhicules et faire ensuite de l'Algérie sa plate-forme pour toute la région d'Afrique du Nord allant du Maroc, l'Algérie, la Tunisie à l'Egypte», a fait savoir Mohamed Benmeradi. L'efficacité allemande aura-t-elle raison du pragmatisme hexagonal ? En tous les cas, la suite des événements s'annonce passionnante. Le constructeur automobile français Renault, qui tergiversait sur l'installation d'une usine en Algérie, ne compte cependant pas baisser les bras devant les Allemands et renouvelle son désir de s'implanter en terre algérienne. Les négociations semblent avoir été relancées. Une rencontre avait été programmée entre le géant français de l'automobile et les responsables algériens durant le mois de janvier, apprend-on. De son côté, Volkswagen a déjà mis 150 millions sur la table des négociations.