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Protection des zones humides : L'Algérie un bon élève mais… peut mieux faire
Publié dans Le Financier le 04 - 02 - 2011


S. Slama
La Convention Ramsar, signée par 134 pays, est un traité intergouvernemental qui gère plus de 14,6 millions d'hectares répartis sur 1.641 sites de par le monde. La Convention, dont le siège est à Gland (Suisse) se réunit tous les trois ans. Elle recommande des instruments de gestion, offre des assistances techniques à distance ou finance des projets de formation et de sensibilisation. En principe, la prochaine réunion aura lieu cette année.
Le rapport, qui permet de juger de l'application de la convention, compte quelques 66 indicateurs énoncés sous la forme de questions. En Algérie, la Convention est sous la gestion directe de la direction des forêts et donc sous la tutelle du ministère de l'Agriculture. L'Algérie est signataire de cette convention depuis 1982.
De par la superficie classée, près de 3,5 millions d'hectares, l'Algérie, est le deuxième pays en Afrique, après le Botswana 3ème de par le monde avec son fameux Delta de l'Okavango qui fait 6.8 millions d'hectares, Elle est la sixième dans le monde après le Canada (13 millions d'ha), la Russie (10,3 millions d'ha), l'Australie (5.2 millions d'ha), le Brésil (4,5 millions) et le Botswana.
L'Algérie se classe, dit-on, parmi les «meilleurs élèves» de la convention
En bon élève assidu et sérieux, l'Algérie se devait donc de fêter dignement la Journée mondiale des zones humides, d'autant plus que le thème retenu pour cette année porte sur «les zones humides et les forêts», avec pour slogan «les forêts, vitales pour l'eau et les zones humides». Il a été adopté pour montrer que la santé de ces zones «est étroitement liée à la santé des forêts dans les bassins versants et que la perte et la dégradation des écosystèmes forestiers entraîneraient la perturbation du cycle de fonctionnement des zones humides».
Cela tombe bien, l'année 2011 étant désignée comme l'Année de la forêt. Mais la forêt ce n'est pas seulement des arbres, c'est aussi la montagne, la faune, la flore et les populations. Les habitants vivant sur les bassins versants des zones humides ignorent jusqu'à l'existence des lacs, chott et dayas, dont la survie dépend de leurs comportements, c'est-à-dire définis par les stratégies de développement préconisées par les pouvoirs publics. Les plans de gestion intégrés, pour une surface protégée de 3, 5 millions d'ha, concerneront une surface au moins égale au double, voir au triple, de la surface protégée.
La gestion intégrée est, par définition, contraignante pour l'agriculture intensive et base sur le rendement à l'hectare. C'est dire combien les arbitrages sont difficiles, d'autant plus que les objectifs assignés au ministère de l'Agriculture sont de réduire, coûte que coûte, une facture alimentaire de plus en plus forte.
D'autant plus qu'au niveau international, le spectre d'une crise alimentaire mondiale se fait chaque année plus pressant, un véritable dilemme cornélien. Il n'est pas facile de choisir entre une gestion raisonnée et une carrière de ministre. Selon Mlle Bessah Ghania, sous directrice des Parcs Nationaux et des Groupements Végétaux Naturels, correspondante nationale attitrée pour les affaires de la convention de Ramsar, « vingt trois (23) plans de gestion intégrée des zones humides en Algérie sont élaborés, ou en cours d'élaboration, sur un ensemble de 47 zones classées. Deux plans sont déjà en application, quatre (4) en cours d'élaboration, alors que 17 autres sont inscrits ». Le plus vieux plan de gestion est celui du de Reghaïa d'une superficie de 842 ha, mais dont le bassin versant (BV) est de 105 km2. Soit un rapport de 12 (BV) pour 1 ha de réserve naturelle. Si l'on déduit le domaine maritime de 500 ha, le rapport est 30 ha de BV pour un ha de surface naturelle. La dimension du bassin versant se justifie par les pressions exercées sur le lac.
Le lac étant le réceptacle direct des eaux urbaines, industrielles et agricoles, recevant quotidiennement environ 80.000 m3 d'eau polluée par jour. La concentration des polluants, conséquence des divers rejets (industriels, urbains et agricoles) ont dépassés les normes internationales admises. Une déstabilisation du littoral par les prélèvements de sables entraînant une érosion du rivage, une démolition des dunes stabilisées et une altération des chaînes alimentaires ont été constatés. La zone de Reghaïa sera classée réserve naturelle en 1999, inscrite sur la liste RAMSAR en 2001 et bénéficiera, presque immédiatement, du projet LIFE financé par la CEE en 2002. S'il est possible de lutter contre les pollutions urbaines et industrielles, il n'en est pas de même pour les pollutions agricoles qui, plus insidieuses, s'infiltrent dans la nappe phréatique qui alimente le lac de la réserve naturelle.
La réserve naturelle de Reghaïa, qui se trouve dans le nord est de la Mitidja, est au centre d'une intense production agricole, qui s'étale sur une superficie de 1.200 ha, tributaire du pompage des eaux du lac. Une production qui fait, d'ailleurs, énormément appel aux produits phytosanitaires et aux engrais pour être rentable et compétitive. Le cas du lac de Reghaïa est un cas particulier dans la mesure où c'est le développement socio-économique des populations voisines qui pose problème.
Comment concilier une agriculture intensive et une zone naturelle nécessairement fragile
La réserve naturelle de Reghaïa bénéficie toutefois d'un atout non négligeable ; sa proximité avec la capitale en a fait la vitrine « écologique » des pouvoirs publics, heureusement pour elle, ce n'est, malheureusement, pas le cas des 1.451 zones humides recensées dans tout le pays. Le lac Tonga, pour ne citer que celui-là, qui se trouve dans le Parc National d'El Kala fait quelques 2.700 ha et un bassin versant d'à peine 150 km⊃2;, ce qui donne un rapport de 5,5 ha de BV par 1 ha du lac. Il n'est pas dit que cela n'est pas exact, mais le lac est alimenté par les oueds El Hout au sud et El Eurg au nord, qui traversent les plaines d'Oum Teboul et d'El Aloun. Un tiers de la superficie du BV est occupé par une agriculture spéculative friande en matière de produit phytosanitaire et des engrais et connaît aussi des problèmes de pompage important pour l'agriculture. La population qui vit sur les BV est d'environ 18.000 personnes. Ramenée à la surface agricole, cela donne environ 2.000 m⊃2; par habitant. Ce qui dévoile une grande pression démographique qui n'est pas sans conséquence sur le lac. Les rejets des eaux usées urbaines dans le lac sont la conséquence directe de cette forte densification humaine. Des incendies répétés dans le bassin versant, d'où une mise à nu des sols. Mais le grand problème du lac est certainement l'élevage. Le troupeau existant sur le territoire du bassin versant du lac Tonga s'élève à 22.080 têtes (bovines, ovines et caprines). La conduite de ces troupeaux est spéculative et n'obéit à aucune norme de parcours. Les éleveurs conduisent généralement leurs troupeaux pendant la période hivernale pour les abandonner en forêt. A la fin du printemps, les troupeaux sont ramenés à la plaine au niveau des jachères, du pourtour du lac et des aulnaies dont les parties inondées offrent un pâturage à haute valeur nutritive. Les ripisylves et les aulnaies sont particulièrement saccagées par l'abattage des arbres (frêne, peuplier, zeen) sur lesquels adhère une importante masse de lierre et de smilax préférés par les bêtes (ovins et caprins, surtout). Etant trop loin de la capitale, le Tonga n'a pas toute la sollicitude des pouvoirs publics, et cela même s'il a la particularité de renfermer 82 espèces végétales dont 32 espèces sont classées d'assez rares à rarissimes dont le nénuphar blanc Marsilea diffusa, Utricularia exoleta. La faune est encore bien plus fragile.
L'Erismature à tête blanche et le Fuligule nyroca sont inscrits sur la liste rouge de l'IUCN. La première sont désignées comme étant l en voie de disparition, tandis que la Talève sultane est classée espèce très vulnérable. La wilaya d'Oran n'est pas mieux loti que celle de Tarf avec ses 8 zones humides représentant quelques 66.000 ha, dont quatre sont déjà classées comme réserves à l'échelle internationales et d'autres en instance de classement. Toutes les deux connaissent des pressions plus ou moins importantes, urbaine et industrielle : décharges contrôlées et sauvages, agriculture intensive, pâturage intense, érosion des bassins versants et bien d'autres tracasseries. Quoique classées, pour certaines en 2001, aucune n'a bénéficié, semble-t-il, d'un quelconque programme aussi infime soit-il. Aussi motivée qu'elle peut l'être, la direction des forêts de la wilaya d'Oran ne peut malheureusement que constater les dégâts.
Comme d'habitude, elle profitera des journées de célébrations des arbres, forêts montagnes et des zones humides, pour essayer comme elle peut de sensibiliser des populations en se reposant sur quelques associations bénévoles et les enfants scolarisés, heureux de bénéficier de ces sorties champêtres. Si les organismes de tutelles de ces zones (elles sont nombreuses) font la sourde oreille, localement ce n'est pas mieux L'assemblée de wilaya, et même l'administration locale, pourtant prompte à déverser une manne financière pour faire à peu près n'importe quoi, ne font presque rien pour ces zones. Aucun site ne porte une plaque indiquant qu'il s'agit d'une zone écologique protégée. Comment alors s'étonner qu'elles deviennent des décharges à ciel ouvert ? Aucune de ces zones ne fait l'objet d'un quelconque aménagement, même de fortune, en vue d'une utilisation pédagogique, notamment une tour d'observation, un local d'information, herbier et bien d'autres encore. Il est vrai aussi que l'écologie est le royaume des paradoxes, tout le monde se désole mais tout le monde pollue.
Précisions
Une erreur « gogolienne » nous a fait confondre le lac Télamine et Dayat Oum El Ghelass dans l'article intitulé « le lac Télamine pollué par Zahana » paru dans notre édition n° 1187du samedi. Il y a lieu de préciser que Dayat Oum el Ghelass, qui s'étend sur environ 300 hectares est alimentée par l'oued Tlélat et constitue un site incontournable pour les oiseaux migrateurs. Nous nous excusons auprès de nos lecteurs.


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