Les Etats-Unis ont entamé jeudi des discussions avec des responsables égyptiens sur les modalités d'un départ immédiat du président Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane,. C'est ce que rapportait le New York Times dans son édition de jeudi. Bien que M. Moubarak ait refusé de démissionner du poste qu'il occupe depuis près de 30 ans, des responsables américains et égyptiens réfléchissent à un scénario dans lequel M. Souleimane, soutenu par les militaires, engagerait immédiatement un processus de réforme constitutionnelle. Le quotidien américain cite des responsables de l'administration Obama et des diplomates arabes. Le projet est destiné à recueillir le soutien de l'armée égyptienne. Selon le journal, l'idée serait de former un gouvernement de transition auquel seraient invités à participer des groupes d'opposition, les Frères musulmans y compris, afin d'enclencher un processus qui mènerait à des élections libres et équitables en septembre. Jeudi, M. Moubarak a assuré à la chaîne de télévision américaine ABC qu'il aimerait quitter le pouvoir mais qu'il ne peut le faire par crainte du «chaos» qui s'installerait alors dans son pays. Le Times souligne que l'issue des discussions dépend d'un certain nombre de facteurs, dont la tournure que prennent les manifestations et la dynamique au sein du gouvernement au Caire. Cette information a été publiée peu après que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton eut appelé le pouvoir égyptien à entamer «immédiatement» un dialogue avec l'opposition.De son côté, le vice-président américain Joe Biden a appelé son homologue égyptien et «s'est prononcé pour des négociations immédiates, crédibles et rassemblant toutes les parties afin que l'Egypte opère une transition vers un gouvernement démocratique qui réponde aux aspirations du peuple égyptien», selon la Maison-Blanche. Le président égyptien Hosni Moubarak avait assuré dans la même journée de jeudi à la chaîne de télévision américaine ABC qu'il aimerait quitter le pouvoir mais qu'il ne peut le faire par crainte du «chaos» qui s'installerait alors dans son pays. Au dixième jour d'une contestation sans précédent de son pouvoir, M. Moubarak a dit qu'il «en avait assez d'être président et qu'il aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'il ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos», a déclaré la journaliste d'ABC Christiane Amanpour, après avoir rencontré le président pendant 30 minutes au palais présidentiel du Caire, lourdement protégé par l'armée. M. Moubarak a ajouté qu'il ne voulait pas voir «les Egyptiens se battre entre eux», après les violences qui ont opposé ses partisans aux manifestants réclamant son départ. Interrogé sur les appels des Etats-Unis en faveur d'une transition rapide du pouvoir, M. Moubarak a révélé qu'il avait déclaré à son homologue américain Barack Obama: «Vous ne comprenez pas la culture égyptienne ni ce qui se passerait si je devais démissionner». M. Moubarak s'est dit soulagé d'avoir annoncé qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle de septembre, assurant qu'il n'avait «jamais eu l'intention de se représenter». M. Moubarak a également déclaré qu'il n'entendait pas quitter le pays et souhaitait mourir en terre égyptienne. «Je ne m'inquiète pas de ce que les gens disent sur mon compte. A l'heure qu'il est, je me préoccupe de mon pays, je me préoccupe de l'Egypte», a-t-il déclaré. Il reste certain, d'un autre côté, que l'entrée en action diplomatique des Etats-Unis a suscité de vives réactions du pouvoir égyptien en place, pouvoir « qui ne permettrait aucune intervention étrangère dans les affaires nationales » et encore moins à « des pays de dicter leur volonté au Caire ». Tout laisse croire à un autre bras de fer Moubarak-Barak, pourtant très proches dans un passé très récent dans la question palestinienne.