La grande question que tout un chacun se pose est de savoir qui a mobilisé, les pro-Moubarak - ces hommes à cheval et à dos de chameau - pour s'attaquer au peuple qui réclame à cors et à cris le départ du Rais qui bat les records de règne absolu en Egypte. Pour certains, c'est le pouvoir qui s'est créé de « nouveaux alliés » pour affronter les « ennemis ». Pour d'autres, c'est la police qui a armé et payé les «pro-Moubarak ». D'une manière ou d'une autre, c'est le pouvoir qui a ordonné, en douce et en coulisse, la guerre au sein du peuple égyptien pour tromper, leurrer l'opinion internationale. Même le Premier ministre, Ahmed Chafic, s'est excusé jeudi pour les affrontements meurtriers aux cours des dernières heures entre partisans et opposants du président égyptien Hosni Moubarak sur la place Ettahrir, dans le centre du Caire, et a demandé l'ouverture d'une enquête. «Je présente toutes mes excuses pour ce qui s'est passé hier et il y aura une enquête», a-t-il déclaré à propos des incidents de la place Ettahrir, lors d'une conférence de presse retransmise par la télévision nationale. M. Chafic, nommé Premier ministre samedi lors d'un remaniement ministériel du président Moubarak à la suite de manifestations antigouvernementales à travers le pays, a assuré que des violences semblables ne se produiraient plus. «Le but de ceux qui ont attaqué la place Ettahrir était de semer le trouble», a ajouté le Premier ministre égyptien. Des « partisans » du président Hosni Moubarak ont fait irruption mercredi après-midi sur la place Ettahrir, occupée depuis vendredi par les manifestants antigouvernementaux, ce qui a mené à des affrontements entre les deux camps. Ces violents heurts ont fait au moins 700 morts et plus de 1.000 blessés, selon des sources médicales. Le ministère égyptien de la Santé fait, pour sa part, état de cinq morts et de plus de 860 blessés. La situation demeurait tendue jeudi dans le centre la capitale égyptienne. Et le pire était à craindre en fin de semaine avec « le vendredi de la rupture », le « vendredi du début de la fin ».Ce qui est certain, mais non avoué, c'est que même au sein du pouvoir chancelant, le clanisme est de rigueur. Compte tenu de la confusion qui règne à tous les niveaux, c'est à qui mieux mieux pour sortir son épingle du jeu. Pour l'instant, le peuple égyptien est plus que jamais décidé à aller jusqu'au bout pour une « ère nouvelle ». La division au sein des masses populaires n'est, en fait, qu'une réalité criante de la faiblesse du pouvoir chancelant face à la pression de la rue. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a prié jeudi pour la fin de la violence et pour «des jours meilleurs» en Egypte, secouée par une révolte populaire contre le régime du président Hosni Moubarak. «Nous prions pour que la violence en Egypte s'arrête, que les droits et les aspirations des Egyptiens se réalisent, et que des jours meilleurs arrivent en Egypte et dans le monde entier», a ajouté le président américain, deux jours après avoir appelé M. Moubarak à entamer immédiatement la transition du pouvoir dans son pays.