Quelque 81 millions de dinars devraient être dépensés cette année pour refaire quel ques espaces verts de la ville. Il serait peut être intéressant de faire le bilan financier de ces aménagements, disons… sur les cinq derniers années et, bien entendu, de faire un état des lieux. Il est tout à fait certain que le bilan serait décevant et, comme seule preuve, les constats d'une presse, pourtant généraliste. Il saute aux yeux que tout cet argent n'a pas rendu la ville plus verte et encore moins plus belle. Il n'y a vraiment pas de quoi être fier. La réponse des responsables est aussi immuable qu'imparable. L'incivisme des citoyens est un justificatif à toute épreuve. Le prétexte de vandalisme n'a jamais vraiment fait l'objet d'une quelconque analyse aussi minime soit-elle. Le vandalisme-prétexte, qui culpabilise le citoyen, n'est pas en réalité un vandalisme volontaire. Il tient d'abord dans la conception des espaces verts un peu trop sophistiquée, un peu trop fragile et pas nécessairement significatif. Mais aussi à la densité, et donc, au rapport entre les utilisateurs et la surface disponible infime dans une ville comme Oran. La troisième raison qui expliquerait l'incivisme des citoyens tient à la méconnaissance des techniques de travail ou, peut être, à l'inadéquation des cahiers de charges. Pour l'exemple, il serait intéressant d'analyser succinctement le travail sur l'engazonnement des espaces verts de la ville. Dans n'importe quel manuel de jardinage, il est clairement expliqué qu'entre la phase de travail du sol et la pose des plaques de gazon, il faut respecter un minimum de trois mois pour permettre justement au sol de s'installer. Un délai qui n'est jamais respecté sous nos latitudes. Enfin, le dernier aspect qui pourrait être évoqué est, l'absence d'une réglementation qui viendrait réguler «notre incivisme» ; un gazon n'est jamais utilisable l'année de son installation ni pendant et après un arrosage. L'incivisme des citoyens pourrait ne pas l'être vraiment en dernier ressort. Les responsables de notre environnement devraient, peut-être, méditer cette belle phrase de Gilles Clément «Montrez-moi dans quel paysage vous vivez, je vous dirais tout de votre culture, de vos valeurs et de votre degré de développement et de conscience ». Justement cela tombe bien, Gilles Clément devrait être à Oran au courant du mois de mars prochain sur invitation du CCF.