A Oran, certainement un peu plus que dans toutes autres villes, les espaces verts continuent à être la cinquième roue du carrosse. La loi n° 07-06 relative à la gestion, à la protection et au développement des espaces verts, de M. Chérif Rahmani et ses directives n'ont pas changé grand chose sauf, peut être, en matière de consommation de l'argent public pour de pseudo-études et des opérations très ciblées qui, finalement, n'apportent rien ni au citoyen ni à la ville.Certes, les promesses de mettre en place des plans verts et autres stratégies ne manquent pas. Toutes les municipalités et toutes les administrations qui se sont succédées à la tête de la ville l'ont promis. Il est vrai aussi qu'il ne viendra jamais à l'idée d'un quelconque responsable de se déclarer ouvertement être l'ennemi des arbres, des pelouses et de la verdure. Il n'y a pas très longtemps, un confrère rapportait, non sans ironie, les propos d'un élu : «Je peux pourtant vous assurer qu'à l'horizon 2012, nous aurons récupéré la majorité des espaces verts et fait de notre cité une véritable ville verte.» « Qui pourrait croire ? S'est interrogé notre confrère, des responsables qui ont consenti à l'arrachage d'arbres centenaires à Oued Tlélat, mais aussi à Chteibo et même à Oran ville.» Selon les propos rapportés par notre confrère, cet élu serait fier du travail accompli au niveau du jardin public. « En fait, de travail au niveau de cet espace vert, c'est surtout et essentiellement un rafistolage de dernière minute, exécuté avant l'arrivée des officiel pour l'inauguration des fameuses floralies. Quand à la promenade Ibn- Badis, c'est d'abord la ville, est seulement la ville, qui est responsable de sa dégradation. Quand à la rénovation du jardin, elle n'a jamais eu lieu. Jamais la municipalité, ni même la wilaya n'ont daigné dépenser le moindre centime pour ce jardin.» Selon un autre confrère, « la stratégie communale, en matière d'espaces verts est établie sur la base d'une étude divisée en trois phases et confiée, du moins pour les deux premières, à un bureau d'étude d'Arzew. La première phase, qui porte l'intitulé de diagnostic, est en fait un inventaire typologique, voire botanique des 200 et quelques hectares d'espaces verts et d'accompagnement de la voirie existant. Un travail réalisé par l'Urbor dans les années 75, repris dans les années 80 par l'Ecovert et enfin par l'URSA dans le cadre du PDAU à la fin des années 90. Durant la présentation de cette phase, le bureau d'étude ne fut pas particulièrement innovateur à l'exception peut être du « copier -coller.» Il manquait, par exemple, lors de cette présentation, l'inventaire des arbres remarquables de la ville, ou le bilan phytosanitaire, voire sécuritaire de la trame verte urbaine. En fait, la question, peut-être essentielle, à laquelle aurait dû répondre l'étude, qui ne semble pas avoir été prévue dans le cahier de charge, est « l'acceptabilité ou la non acceptabilité d'une réalisation verte par les citoyens.» Ceci, par rapport bien entendu, aux déclarations de tous les responsables qui à longueur d'année et de colonne déplorent « le manque de civisme de leurs concitoyens », mais qui ne s'interrogent jamais sur le pourquoi. La présentation de la deuxième phase du schéma directeur des espaces verts de la ville a eu lieu au début du mois de septembre dernier Et c'est, bien entendu, fait en catimini. Seuls quelques confrères triés sur le volet ont reçu les invitations. Selon les échos parvenus, le bureau d'étude propose tout simplement de mettre Oran aux normes dictées par la nouvelle réglementation. Et pour cela, il propose tout simplement d'inclure de nouvelles surfaces. En tout, 108 nouveaux hectares de verdure sont projetés. Un exercice relativement facile, la projection du PDAU d'Oran est ouverte à une multitude de possibilités. Mais il n'est pas question de trame verte et de couloir biologique, seule manière d'inscrire la ville dans le développement durable qui n'est pas seulement une expression à la mode. Le bureau d'étude ne souffle pas un mot sur le centre de la ville ou la densification du bâti est telle qu'il est aujourd'hui très difficile pour les pouvoirs publics d'y injecter des équipements aussi importants que les écoles, les parkings, les centres de soins et autres. Un centre où la spéculation immobilière est telle qu'il n'y a plus aucune chance pour un espace vert. En tous les cas, les échos apparus ça et là dans la presse ne font nullement état de solutions innovantes. De même que l'étude ne dit absolument rien sur les no mans land qui entourent les ensembles urbains de type HLM. Le bureau d'étude aurait dû aussi apporté des éléments explicatifs, voire des propositions sur les modes de gestion des espaces. Mais les journalistes présents ne relèveront pas un mot sur la participation citoyenne. Qui est, sous d'autres cieux, la clé de voûte de la réussite d'un programme concernant la cité. Difficile de concevoir une analyse des modes de gestion des espaces verts, sans le préalable d'un audit des techniques de travail des services en charge de ces espaces. D'autant plus que l'introduction d'une nouveauté, comme l'engazonnement des espaces verts et notamment des ronds points, n'est pas sans problème faute, justement, d'une gestion adaptée. Aujourd'hui de part le monde le concept d'espace vert n'est plus lié, simplement au seul jardin policé et soigné, mais à une végétalisation naturelle en milieu urbain. Dans une région semi aride où la problématique de l'eau se pose et se posera encore avec plus d'acuité à l'avenir, le jardin se doit d'être sobre et économe. Ce qui, bien entendu, ne veut pas dire laid ou hostile. Il est tout aussi étrange que le bureau d'étude qui se propose de mettre Oran au vert, ne se prononce pas sur les coûts en matière de réalisation et d'entretien des espaces verts. Mais pour ce dernier point cela apparaît plutôt difficile. Car il y a encore, dans cette ville, des secrets trop bien gardés. Enfin, durant la troisième phase à venir, et qui sera confiée au même bureau d'étude, il s'agira de la présentation des espèces de plantes spécifiques à chaque espace. Un travail déjà largement préparé par le décret exécutif n° 09-67 relatif à la nomenclature des arbres urbains et des arbres d'alignement. En fait, le plus urgent est peut-être dans l'établissement de normes de plantation. Il est aisé aujourd'hui de voir à Oran des trottoirs rendu impraticable, du fait que l'espèce plantée n'est pas adaptée aux dimensions de la chaussée. L'absence d'unité paysagère donne à nos rues et à nos boulevards un aspect disparate. De même, il nous semble bien plus important de définir et de normaliser les qualités du végétal urbain et de sa mise en terre, que de présenter un listing des espèces végétales largement connues, voir normalisées par la réglementation existante.