Plusieurs avions de chasse Rafale de l'armée française ont commencé à survoler hier «l'ensemble du territoire libyen». Les Rafale ont décollé en début d'après-midi de la base de Saint-Dizier, dans l'est de la France, où ils sont habituellement stationnés. Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé à l'issue d'un sommet à Paris qui réuni des pays européens, arabes et nord-américains, qu'il a été décidé d'intervenir militairement en Libye pour «protéger les civils». Les avions français empêchent «d'ores et déjà» les attaques des forces du colonel Moammar Kadhafi contre la population civile à Benghazi en Libye, a annoncé hier le président français Nicolas Sarkozy. «En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du colonel Kadhafi contre la population de Benghazi. D'ores et déjà, nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville», a-t-il déclaré à l'issue du sommet international sur la Libye organisé à l'Elysée. «D'ores et déjà, d'autres avions français sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés». «Ensemble, nous avons décidé d'assurer l'application de la résolution du conseil de sécurité (de l'ONU) exigeant un cessez-le-feu immédiat et l'arrêt des violences contre les populations civiles en Libye», a expliqué le président français lors d'une déclaration à la presse. «Les participants sont convenus de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires, en particulier militaire, pour faire respecter» cette décision. «En l'absence d'un cessez-le-feu immédiat», les pays réunis à Paris «auront recours à des moyens militaires», a-t-il affirmé. Les principaux dirigeants du monde -Etats-Unis, Union européenne et Ligue arabe en tête- étaient réunis samedi à Paris pour un sommet international sur la situation en Libye. L'Algérie, qui suit avec une profonde préoccupation la crise en Libye, «prend acte» de l'adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, de la résolution 1973 (2011) et «partage pleinement l'objectif de cessation immédiate des violences fratricides» dans ce pays, indique samedi un communiqué du ministère des Affaires étrangères. L'Algérie prend acte de la résolution 1973 du Conseil de sécurité «Partie prenante aux efforts de la Ligue des Etats arabes et de l'Union africaine, l'Algérie apportera sa contribution à tout effort de règlement visant à favoriser une réponse aux aspirations du peuple libyen frère dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son unité et de la préservation de l'intégrité territoriale de son pays», souligne-t-on de même source. «L'Algérie réaffirme, à cet égard, qu'il revient au peuple libyen de décider par la voie du dialogue national de son devenir» et «se tient, dans ces moments difficiles, aux côtés du peuple libyen frère et continuera à lui témoigner sa solidarité», ajoute le communiqué. Un destin qui se décide autour d'un déjeuner ! Les dirigeants de 22 pays et organisations, dont l'ONU, l'Union européenne et la Ligue arabe, s'étaient retrouvés à Paris pour un déjeuner de travail à l'invitation de Nicolas Sarkozy pour décider d'une éventuelle action militaire en Libye. L'Union africaine, initialement pressentie pour participer à ce sommet, n'est finalement pas représentée. Mouammar Kadhafi a défié la résolution votée jeudi par le Conseil de sécurité de l'ONU et un ultimatum franco-britannico-américano-arabe le sommant de cesser le feu contre les opposants libyens retranchés à Benghazi. Ses forces sont entrées samedi dans cette ville de l'est de la Libye, symbole du soulèvement contre le régime Kadhafi. L'ALLEMAGNE REVIENT DANS LE JEU Outre la France, les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Grèce, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas et la Pologne participaient au sommet de l'Elysée au niveau des chefs de gouvernement ou des ministres des Affaires étrangères. L'objectif de ce sommet est d'examiner les modalités de mise en œuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu, qui autorise le recours à la force pour arrêter la répression de l'opposition libyenne par Mouammar Kadhafi. L'Allemagne s'est abstenue jeudi lors du vote de cette résolution et était jusqu'ici le seul des pays représentés à Paris opposé à une intervention militaire. Selon une source proche d'une délégation, le président français a cependant convaincu Angela Merkel, présidente au sommet de l'Elysée, de «revenir complètement dans le jeu». Nicolas Sarkozy a accepté d'inclure dans la déclaration finale un amendement demandé par la chancelière allemande, qui précise que les signataires pourront appliquer «de manière différenciée» les résolutions et décisions. Du côté arabe étaient représentés l'Irak, en tant que président en exercice de la Ligue arabe, la Jordanie, le Maroc, le Qatar et les Emirats arabes unis. Le secrétaire général de la Ligue arabe, l'égyptien Amr Moussa, était également présent, ainsi que son homologue de l'Onu, Ban Ki-Moon, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton. CLINTON AU SOMMET DE L'ELYSEE Une source diplomatique française explique l'absence de représentants de l'Union africaine par un «partage des rôles». Un comité de haut-niveau de l'UA sur la Libye se réunissait au même moment à Nouakchott, en Mauritanie, pour déterminer les «modalités de mise en oeuvre de son mandat», selon un communiqué de l'Union africaine. L'UA a donné pour mission à ce comité de rechercher avec toutes les parties libyennes une issue à la crise. Le comité se compose des chefs d'Etat de la Mauritanie, de la République du Congo, du Mali, de l'Afrique du Sud, et de l'Ouganda, ainsi que du président de la Commission de l'UA, Jean Ping. Avant le sommet proprement dit, Nicolas Sarkozy a eu samedi en milieu de journée un entretien bilatéral avec le Premier ministre canadien Stephen Harper, puis avec le chef du gouvernement britannique David Cameron. Il a eu ensuite un entretien trilatéral avec David Cameron et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.