L'absence d'un grand nombre de soumissionnaires à l'ouverture des plis pour dix blocs hydrocarbures jeudi dans le sud algérien laisse planer des interrogations sur l'investissement. Le désinvestissement dans le secteur des hydrocarbures devient préoccupant pour l'Algérie. Les investisseurs étrangers ne se bousculent plus au portillon. Les multinationales telles que BP, Shell, Total et Chevron, qui ont été pré-qualifiées pour participer au troisième appel d'offres, n'ont pas jugé utile de participer à cette dernière opération. Sur dix contrats de recherche et d'exploitation des hydrocarbures, seuls deux permis ont trouvé preneurs: la compagnie nationale Sonatrach et l'Espagnol Cepsa, qui ont remporté, jeudi à Alger, deux blocs d'exploration des hydrocarbures. Le ton rassurant du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui a estimé que «ce niveau de participation est déjà appréciable» cache mal le malaise qui gagne l'industrie des hydrocarbures en Algérie. Les investisseurs dans le secteur de l'énergie ont commencé à bouder l'Algérie depuis bien plus longtemps, sonnant le glas d'une période bénie où le pays était considéré comme un tremplin d'opportunités. Le deuxième appel d'offres n'a pas non plus drainé les investisseurs. Ainsi, sur les dix licences mises aux enchères, seules trois ont trouvés preneurs, à savoir des consortiums menés par les groupes pétroliers Total, CNOOC et Repsol. Une autre opération organisée avant celle-ci, en décembre 2008, a connu le même sort avec l'attribution de seulement quatre permis sur 16 proposés. Les compagnies ENI (Italie), Gazprom (Russie), British Gaz (Grande Bretagne) et EON Rhurghaz (Allemagne) avaient obtenu, il y a environ trois ans, quatre périmètres de recherche et d'exploitation d'hydrocarbures. A l'époque, Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'énergie et des mines avait déjà montré des signes d'inquiétudes, exprimant du bout des lèvres sa satisfaction. Il avait toutefois expliqué ce peu d'engouement des majors pour l'Algérie par les «circonstances particulières» qui prévalaient avec notamment les séquelles de la crise financière et économique mondiale et l'instabilité du marché international du gaz. Il faut dire que ces facteurs perdurent et continuent à perturber l'industrie mondiale des hydrocarbures. Pourtant, l'Algérie croyait avoir retenu les leçons avec le résultat peu reluisant de la première opération d'attribution. Le pays avait décidé d'apporter des changements dans ses conditions d'octroi de licence gazières et pétrolières afin d'attirer davantage d'investisseurs. Les modifications ont touché certains éléments concernant la soumission. Le département de l'Energie avait même ouvert des discussions avec les compagnies pétrolières et gazières afin de déterminer les raisons de ce manque d'intérêt pour ces permis. On pensait à l'époque que ces compagnies jugeaient le cahier de charges trop contraignant, mais la suite des évènements a démontré que le problème était beaucoup plus profond. L'appel d'offres du mois de décembre 2008 avait la particularité d'être le premier après l'entrée en vigueur de la très controversée nouvelle loi sur les hydrocarbures, promulguée en 2006. Ce texte réglementaire prévoit, entre autres, d'assurer une participation minimale de 51% à la compagnie pétrolière nationale Sonatrach dans tous les contrats signés avec des entreprises étrangères pour l'exploration gazière et pétrolière. Certaines entreprises étrangères se plaignent, également, de la taxe sur les superprofits lorsque les cours du pétrole dépassent les 30 dollars, introduite par l'Algérie au moment où les prix atteignaient des seuils record. L'Algérie est à la 15ème position en termes de réserves de pétrole mondiales et couvre 13% des importations de gaz de l'Europe. De nombreuses entreprises étrangères sont présentes en Algérie dans le secteur de l'Energie, dont les plus prestigieuses sont BP, Amerada Hess, Statoil, Anadarko Petroleum Corp, Repsol, Total et Gazprom. La moitié du domaine minier algérien, d'une superficie de plus de 1,5 million de km⊃2;, est encore inexplorée et le nombre de puits forés par 10. 000 km⊃2; est de 9, alors que la moyenne mondiale est de 100 puits pour 10.000 m⊃2;.