L'affectation de 9.974 hectares pour la construction de logements ne sera pas sans conséquence sur la surface agricole utile. Des terres fertiles seront sacrifiées pour concrétiser ce projet, a reconnu hier le directeur général de l'office national des terres agricoles (ONTA), Matallah Ali qui était l'invité du forum d'Algeria Invest. En tant que responsables de la gestion du foncier agricole, nous sommes contre la distraction de terres agricoles de leur vocation. Ce dossier m'empêche de dormir», a-t-il confié pour exprimer son impuissance devant cet état de fait. Le Conseil des ministres dont la réunion s'est tenue dimanche avait annoncé l'affectation de 9.974 hectares, répartis à travers 22 wilayas, pour la construction de près de 550.000 logements publics. Le programme quinquennal 2010-2014 pour lequel ont été mobilisés plus de 20.000 milliards DA prévoit déjà la construction de milliers d'établissements d'enseignements et de formation, de centaines d'établissements de santé publique, ainsi qu'un important programme de logements qui sera réalisé par l'Etat ou financé partiellement par le budget public. Face à la forte demande, l'Etat avait décidé d'augmenter le nombre d'unités prévues dans le programme quinquennal. Près de 500.000 logements seront donc construits en plus des deux millions prévus initialement. Les pouvoirs publics vont donc puiser dans la surface agricole utile, du moins dans les villes où il y a une forte pression sur le logement, pour faire face à la colère des citoyens mécontents de ne pas faire partie de la liste des bénéficiaires affichées par les assemblées populaires communales ces derniers jours. Selon des chiffres officiels, plus de 160.000 hectares ont été engloutis par l'urbanisation depuis 1962. Le Conseil national économique et social (CNES) avait indiqué dans l'un de ses rapports en 2005 que la surface agricole utile (SAU) qui était de l'ordre de 0,20 ha par habitant en 2000 n'en représentera que 0,19 ha en 2010 et 0,17 ha en 2020. La Mitidja, qui compte les périmètres irrigués les plus performants du pays, risque de perdre quelque 20 000 à 25 000 ha durant les 20 prochaines années, toujours selon le CNES. La sécurité alimentaire de l'Algérie est plus que jamais menacée avec cette problématique du foncier agricole. Le ministre de l'agriculture et du développement rural avait expliqué récemment que l'Algérie sera obligée de sacrifier un peu de son or vert pour les besoins de son développement. Le ministère de l'agriculture subit de plein fouet la pression qui pèse sur le gouvernement en matière de logements. « Il est clair que le ministère de l'agriculture ne souhaiterait à ce qu'aucune terre ne soit touchée, mais d'autre part il y a le développement qui exige à distraire des terres pour une autoroute, une construction ou autre», a-t-il insisté en précisant que l'essentiel est que ça soit fait de manière «rationnelle». M. Mattalah a indiqué par ailleurs qu'une terre n'a été récupérée dans le cadre de l'opération de régularisation des exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) dans le cadre des 11900 dossiers litigieux. Ces dossiers pour lesquels la justice devait trancher reste donc en suspens. Jusqu'à présent, 140.000 EAC et EAI sur les 218.000 recensées ont soumis des dossiers de régularisation de leur statut aux services concernés dont 11.000 ont été traités.