Saisissant l'opportunité de l'échec du système financier capitaliste et les prémices d'ouverture de la nouvelle administration américaine, les dirigeants des pays non-alignés ont plaidé, hier, lors de l'ouverture du 15ème sommet de leur mouvement à Charm El-Cheikh, pour un nouvel ordre politique et économique mondial (NOPEM). Avec toute la lourdeur symbolique de l'expression «nouvel ordre mondial», les Non-alignés se veulent, désormais, une partie agissante dans l'édification de ce nouveau monde du troisième millénaire. En théorie, les dirigeants des pays non-alignés veulent un alignement idéologique et politique avec les gouvernements et les organismes mondiaux, en opposition à l'ancien ordre mondial. D'après les présidents des pays non-alignés, le NOPEM assurera une participation effective des pays du mouvement dans la prise de décisions et prenant en considération leurs propres préoccupations. Raul Castro a plaidé pour la nécessité de faire participer les pays non-alignés dans toute prise de décisions concernant la recherche de solutions aux différentes crises qui rongent le monde, plus particulièrement la crise économique et financière. «Les pays riches sont à l'origine de cette crise», selon Raul Castro L'expression «nouvel ordre mondial» a été lancée par le président du Conseil d'Etat cubain, Raul Castro, qui a ouvert les travaux, en sa qualité de président du 14ème sommet. Il a énoncé que les pays riches sont à l'origine de cette crise, du fait, a-t-il expliqué, de l'impact du déséquilibre structurel et de l'absence de réalisme dans l'ordre économique mondial qui se nourrit de la consommation et de la souffrance des pays pauvres. M. Castro a souhaité que le NOPEM prenne en considération les conditions particulières dans lesquelles évoluent les pays en développement. Il a, en outre, souligné l'importance de la mise en place d'un nouveau système pour la référence monétaire à même de se mettre à l'abri de toute instabilité économique. «Nous exigeons l'établissement d'une nouvelle structure financière et économique internationale basée sur la participation de tous les pays», a déclaré le président cubain, avant de céder à l'Egypte la présidence du mouvement qui compte 118 pays. «Il doit y avoir un nouveau cadre qui ne dépend pas seulement de la stabilité économique et des décisions politiques d'un seul pays», a-t-il ajouté, apparemment en référence aux Etats-Unis. Ce nouveau système devra, par ailleurs, offrir un «traitement préférentiel» aux pays en développement, a-t-il estimé. M. H. Moubarak : «La solidarité mondiale» face aux menaces Reprenant l'expression du président cubain, l'Egyptien Mohamed Hosni Moubarak a affirmé que ce NOPEM devait être plus juste et plus équitable prenant en compte les intérêts de tous les pays et les priorités des pays en voie de développement. Cette démarche, selon Hosni Moubarak, vise à établir une démocratie dans les relations entre les pays riches et les pays pauvres tout en préservant un certain équilibre dans la représentation au sein des organisations et des institutions internationales. Il se focalisera, dans son énoncé, sur le concept de «solidarité mondiale» qui est l'unique solution face aux différentes menaces auxquelles fait face la communauté internationale, comme le terrorisme, le trafic de drogues et les conflits. Le président égyptien a assuré que seule la solidarité internationale est en mesure de venir à bout de ces nombreux défis et permettre la réalisation des objectifs de développement. Il s'est prononcé, à cet égard, pour plus de coopération et de solidarité entre les pays non-alignés qui aspirent, a-t-il dit, à la paix, la stabilité, au développement et surtout à un véritable partenariat effectif avec les autres pays du monde. Ban Ki-moon veut un sommet de l'OMD en 2010 Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, a appelé, quant à lui, à la tenue d'un sommet en 2010 sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), en vue d'encourager les pays développés à aider et accompagner les pays pauvres dans le monde, tout en rappelant avoir insisté auprès du G8, lors de son dernier sommet en Italie, pour qu'il tienne son engagement vis-à-vis du développement. Le SG de l'ONU a salué, en outre, l'engagement des pays non-alignés pour la paix, la sécurité et la réalisation des OMD, tout en exprimant son inquiétude face aux effets de la crise économique et son impact sur les pays pauvres. Omar Hassan El-Bechir pour le dialogue Nord-Sud Le président soudanais, Omar Hassan El-Bechir, a axé son intervention sur la coopération entre les pays du Sud et à conforter la solidarité entre ces pays pour la mise en œuvre des objectifs et des intérêts communs. Il a indiqué que ce sommet se tient dans une conjoncture particulière, marquée, notamment, par une crise économique et financière grave, soulignant que les pays pauvres sont les premières victimes de cette crise. Le chef de l'Etat soudanais a appelé, à cette occasion, à une large mobilisation de la communauté internationale pour faire face à cette crise, mais aussi à faire participer les pays du Sud dans toute prise de décisions au sein des instances et des organisations internationales. Le conseil de sécurité des non-alignés d'El Gueddafi Le Guide de la Révolution libyenne, comme il le prétend, le colonel Maamar El Gueddafi, a, quant à lui, proposé la création, au sein du mouvement des non-alignés, d'un conseil de sécurité qui se chargera de se prononcer sur les différents conflits susceptibles de surgir dans les pays membres du mouvement. Il a, par la même occasion, critiqué le rôle de l'Assemblée générale des Nations unies et du Conseil de sécurité qui, a-t-il dit, n'ont plus de pouvoir face aux pays riches. Maamar El Gueddafi a, d'autre part, réitéré, en sa qualité de président en exercice de l'Union africaine, la demande du continent qui exige un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. Cette exigence sera renouvelée lors de la prochaine session de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre prochain à New York, a précisé le colonel El Gueddafi, se disant convaincu qu'il s'agit là d'une revendication légitime qui aura le soutien et l'appui de la majorité des membres au sein de l'organisation onusienne. Dans tous les cas de figure, l'ordre mondial est un concept plus ou moins fixe qui est en constant changement. L'ancien ordre mondial a déjà été nouveau, tout comme l'actuel vieillira.