Bien que désarçonnés par la LFC 2009, les concessionnaires automobiles de Biskra ne baissent pas pour autant les bras. Chacun réfléchit à une stratégie pour sortir le secteur de la panade. Les uns pensent à consentir des facilités de payement, d'autres à revoir leurs prix à la baisse et d'autres encore comptent sur la récolte des dattes, les licences accordées aux anciens moudjahidine et sur l'Ansej pour les sauver. Pour le moins estomaqués dans un premier temps par les mesures contenues dans la LFC 2009, promulguée par le gouvernement au début du mois d'août, laquelle met un terme au crédit consommation, touchant directement le secteur de la commercialisation des véhicules légers, ces concessionnaires, à l'instar de leurs homologues des autres wilaya, évaluent globalement les effets de celle-ci sur leur activité en estimant qu'elle est « inattendue et catastrophique ». Groggy, mais apparemment combatifs, la plupart d'entre eux n'entendent pas se retirer du marché de voitures lequel « demeure malgré tout attractif et rentable à Biskra », diront-ils, dans l'attente de la fin de la récolte de dattes pour avoir une meilleure vision de ce marché. Pour le représentant du constructeur Renault, « cette loi met un terme à un élan impulsé depuis plusieurs mois dans le secteur ». Celui-ci, se disant complètement démoralisé, compte néanmoins sur la notoriété de la marque qu'il représente pour tirer son épingle du jeu et poursuivre son développement en écoulant ses véhicules aux anciens moudjahidine et aux bénéficiaires de l'aide de l'Ansej. Du côté de Diamal, qui commercialise les modèles d'Opel, Suzuki et Chevrolet au show room vide de voitures et de tout client, la déprime est de mise. Le responsable qui se dit « anéanti et stupéfait par cette loi », ne pense pas délaisser ce créneau pour autant. « Des milliers de clients nous ont fait confiance et ont acquis des véhicules chez nous, nous n'allons pas les abandonner ; nous comptons développer le service après-vente, et même si les commandes ont dramatiquement diminué, je suis sûr que nos produits, qui offrent un rapport qualité-prix très intéressant, auront encore du succès, et des clients, crédit ou pas, continueront à en acheter », a-t-il assuré. Nous ayant confié avoir été « abasourdi par la soudaineté de la suspension des crédits automobiles », le directeur de Ival, représentant la marque Fiat, s'est montré, pour sa part, profondément critique envers cette loi, la qualifiant de « dague dans le dos des investisseurs ». il ajoute dans ce sens : « J'ai consenti des investissements lourds pour avoir le meilleur point de vente de la reine des Ziban ; je comptais recruter du personnel et ajouter à notre gamme de produits d'autres marques, comme Chevrolet, mais cette loi jette un froid dans notre activité et l'avenir n'est plus perceptible ; c'est dommage de priver des milliers d'Algériens de l'espoir de posséder un jour un véhicule. » De nouvelles formules de vente à l'étude Chez Famoval commercialisant les Samand d'Iran et les Geely et Lifan de Chine, l'atmosphère est carrément au deuil. Le gérant qui a remporté, en 2008, le prix du meilleur concessionnaire pour avoir écoulé plus de 300 exemplaires de la Lifan dans la wilaya de Biskra est, pour le moins que l'on puise dire, atterré par la LFC 2009 qu'il qualifie de « trahison visant à mettre en faillite les investisseurs nationaux ». Il explique, la voix pleine de colère et de dépit : « Il y a peine 18 mois, nous avons été sommés par les pouvoirs publics de nous soumettre aux normes relatives à la vente de véhicules. Nous nous y sommes conformés en consentant des investissements et des arrangements avec des associés et des créanciers, et alors que nous nous préparions à une bonne année pour équilibrer nos finances, voilà que l'on nous annonce que les crédits automobiles sont suspendus par les banques. Je fais 98% de mon chiffre d'affaires avec les ventes à crédits. » Afin de pallier à la mauvaise passe qu'il se prédit pour les prochains mois, notre interlocuteur compte mettre en place un système de vente à tempérament pour les clients qui peuvent verser 60% du montant du véhicule et s'acquitter des 40% restants sur 6 ou 12 mois, à condition que l'entreprise, la société ou l'organisme employant le client garantisse la solvabilité de celui-ci. Vendredi dernier, le marché hebdomadaire des véhicules d'occasion de Biskra baignait dans une étrange torpeur ; ce n'était pas un jour de grande affluence. Ramadhan oblige, l'animation est réduite à son minimum. Très peu de transactions et beaucoup de jeûneurs venus juste déambuler au milieu des rangées de rutilantes voitures ou antiques guimbardes mise en vente par les particuliers, pour passer le temps. Un habitué des lieux, fin connaisseur de l'argus informel, indiquera que les prix des voitures d'occasion ont amorcé, en quelques jours, une hausse variant de 40 000 à 50 000 DA, selon le modèle.