La taxe imposable aux consommateurs à l'achat d'un véhicule neuf devrait augmenter à la faveur de la loi de finances complémentaire pour l'exercice 2009, qui passerait sous peu en Conseil des ministres. Officiellement, elle vise à réduire les importations de véhicules et à pousser les constructeurs à construire des usines en Algérie. Mais force est de constater que ce sont les petites bourses, dont le pouvoir d'achat est déjà faible, qui se voient presque dans l'impossibilité de s'offrir une voiture. Des questionnements sont également posés sur l'usage des fonds générés par l'application de la précédente taxe. Les concessionnaires automobiles se sentent, eux aussi, concernés. Ils se sont réunis en catastrophe hier à Alger. A l'ordre du jour de cette entrevue extraordinaire, sont inscrites des questions liées surtout à l'augmentation de la taxe imposable à l'achat de véhicules neufs et l'interdiction du port d'Alger aux navires transportant les véhicules. Ces deux mesures ont provoqué les foudres des concessionnaires automobiles. Joint hier par téléphone, le directeur général de Diamal, qui commercialise notamment la marque américaine Chevrolet, estime que le consommateur est le premier sanctionné, mais le concessionnaire est également touché dans la mesure où ses ventes risquent de connaître des chutes importantes. « Nous étions appelés à faire des remises pour ne pas voir nos ventes chuter lors de l'application, l'année dernière, de la précédente taxe. Aujourd'hui, ne nous pouvons plus aller plus loin, notamment avec la dévaluation du dinar », laisse entendre le DG de Diamal, plongé dans une désolation. Et d'ajouter : « Le marché se tasse et pourrait se tasser encore notamment avec la dépréciation du dinar. Les banques ont constaté déjà une chute dans la courbe des crédits automobiles depuis la mise en application de la première taxe. » Depuis Paris, où il séjournait en ce moment, le directeur général de Renault Algérie, Stéphane Galoustian, ne cache pas, lui aussi, ses appréhensions. Trop d'impôts tue l'impôt « La taxe est forcément pénalisante pour le consommateur d'abord et le concessionnaire en second lieu », a-t-il déclaré. Selon lui, les compensations seraient très difficiles et « nous risquons d'être confrontés à un sérieux dilemme, celui d'honorer nos engagements avec le personnel et l'ensemble des intervenants sur notre réseau ». Les concessionnaires sont décidément dans une véritable mauvaise passe ! Surtout lorsqu'on sait que de nouvelles dispositions viennent se greffer sur les anciennes. Si la hausse de la taxe imposable à l'achat des véhicules neufs venait sanctionner à nouveau les consommateurs, les concessionnaires, eux, seraient désormais confrontés à une autre disposition liée à la fermeture du port d'Alger aux navires transportant les véhicules. Omar Rebrab, directeur général de Hyundai Motor Algérie, n'a pas hésité hier à dénoncer « le comportement unilatéral » des pouvoirs publics et l'absence de concertation avec l'Association des concessionnaires automobiles. « Il est clair que c'est le consommateur qui est appelé à mettre la main à la poche, mais le concessionnaire souffre lui aussi de ces décisions. Trop d'impôts tue l'impôt », nous déclare M. Rebrab. Pour ainsi dire, le véhicule risque d'être accessible désormais à une catégorie bien précise de la société, tandis que l'appauvrissement de la couche moyenne continue à se faire en silence, en l'absence de bonnes idées créatrices de richesses chez les responsables en charge des dossiers de l'économie.