Le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, et le président du groupe d'amitié France-Algérie du Sénat, Claude Domeizel, demandent une reconnaissance «officielle» de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris dont le cinquantenaire a été commémoré lundi. Dans un communiqué commun dont l'APS a eu une copie, les deux sénateurs rendent, cinquante ans après la répression tragique de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 dans les rues de Paris, hommage aux victimes «oubliées du 17 octobre 1961, souhaitent que soient reconnus officiellement les crimes commis et s'associent aux différentes manifestations organisées en vue de commémorer cette triste page de l'histoire de France». La sénatrice, Nicole Borvo, du groupe communiste républicain et citoyen (CRC), avait déposé à la Chambre haute du Parlement une proposition de loi pour la reconnaissance par la France des massacres de centaines d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris. La semaine dernière, David Assouline, conseiller d'arrondissement du 20e, et sénateur de Paris du Parti socialiste avait décidé d'introduire au Sénat une demande de reconnaissance par l'Etat français des massacres du 17 octobre 1961 comme crime d'Etat. Depuis début octobre, la présidence du Sénat a basculé à gauche, une première sous la Ve République et un sévère avertissement pour le camp de la majorité de Nicolas Sarkozy, à huit mois de l'élection présidentielle. Cela intervient au moment où un appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris a récolté plus de 4000 signatures, dont celles prestigieuses d'intellectuels, d'anciens ministres et de partis politiques. A la tête des adhérents à l'appel, lancé le 12 octobre à l'initiative du journal en ligne Mediapart et de l'Association «Au nom de la mémoire», figurent l'humaniste, philosophe et ancien diplomate Stéphane Hessel, le sociologue Edgard Morin, les historiens Benjamin Stora, Jean-Luc Einaudi et Gilles Manceron, l'écrivain et ancien éditeur François Maspero, le mathématicien Michel Broué et le fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel. L'appel a aussi reçu les soutiens de toutes les forces politiques de la gauche française dans sa diversité (Parti socialiste, Europe Ecologie–Les Verts, Parti de gauche, Parti communiste et le Nouveau Parti anticapitaliste).