Universitaires, cadres ou simples chômeurs, les jeunes ont été la vedette de la rencontre de concertation sur le développement local pour la wilaya d'Alger, dont les travaux de la seconde et dernière journée ont été consacrés à la société civile. Tout le monde aura la parole pour s'exprimer. Mais ma priorité c'est les jeunes », déclare le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babes au début de la session consacrée à l'écoute des représentants de la société civile de la capitale. Investir dans le capital humain, favoriser et encourager les activités économiques industrielles plutôt que celles liées aux services, mettre des mécanismes permettant aux jeunes d'acquérir leurs habitations ou, à défaut, promouvoir le marché immobilier, développer des moyens de micro-financements libres d'intérêts ou encore rénover le système d'enseignement supérieur en s'inspirant des modèles les plus réussis étaient les principaux points sur lesquels s'accordaient l'ensemble de ces jeunes. « On représente les trois quarts de la population mais on demeure toujours exclus de la gestion des affaires du pays », déplore un universitaire en chômage. « Faites nous confiance car on appartient à ce pays et nous sommes les héritiers de la génération qui a décroché son indépendance ». Dans le même contexte, un autre jeune représentant d'une association de proximité a, lui aussi, fait remarquer que les collectivités locales « continuent à marginaliser cette catégorie même quand il s'agit de questions qui en sont étroitement liées. » « Il faut commencer par la commune si on veut instaurer une vraie démocratie participative dans le pays», a-t-il poursuivi, ajoutant que tous les diplômes obtenus, quel que soit leur niveau académique, « ne serviront qu'un décor si leurs titulaires ne sont pas directement impliqués dans le processus de développement économique et social du pays ». Enseigner l'histoire riche de l'Algérie aux jeunes générations permettrait de renforcer l'amour de leur patrie, mais « reste un geste insuffisant s'il n'est pas suivi d'une volonté réelle leur permettant de laisser leurs traces dans l'histoire », affirme un autre intervenant du mouvement associatif. La question du micro crédit a été aussi soulevée avec insistance par les intervenants qui réclamaient l'instauration de mécanismes de financement libres de taux d'intérêts et conformes aux préceptes de l'Islam. De tels mécanismes auraient un impact positif et significatif sur la relance de l'activité économique et industrielle et de constituer un tissu de PME capable de porter un appui à l'économie du pays. La rupture de la confiance entre les jeunes d'une part, et le mouvement associatif ainsi que les autorités locales, d'autre part, a été largement évoqué au cours des débats par des jeunes qui se sont révolté contre « les promesses non tenues des responsables locaux ». Par ailleurs, les handicapés ont, eux aussi, marqué leur présence à cette rencontre par leurs interventions, s'estimant lésés dans leurs droits les plus fondamentaux et dans leur « dignité d'êtres humains à part entière ». L'indemnité d'invalidité qui ne couvre qu'une partie très infime de leurs besoins et l'inaccessibilité aux moyens de transports étaient les points le plus souvent évoqués »C'est vrai que le métro d'Alger constitue un vrai joyau pour la capitale. Mais vous n'avez sûrement pas remarqué que ses bouches manquent d'équipements, et les responsables du métro n'ont pas songé à mettre en place des marches électriques à l'image de tous les autres pays », s'exclame un jeune invalide collé à sa chaise roulante. La rencontre de concertation sur le développement consacrée à la capitale est la dernière de la première étape de la démarche engagée en septembre dernier par le CNES et qui a touché les 48 wilayas du pays. Elle sera suivie dés dimanche prochain par la première assise régionale qu'abritera par la wilaya de Ouargla et qui touchera les régions sud et du sud-est du pays. Les rencontres de concertation ont permis de réorienter la vision sur la gouvernance locale La première étape de la concertation sur le développement local qui s'achève avec la rencontre consacrée à la wilaya d'Alger, a permis de réorienter la vision de tous les acteurs sur la manière dont il faut gérer la gouvernance locale et nationale, a affirmé jeudi le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babes. M. Babes a relevé, dans des déclarations à la presse en marge de la deuxième et dernière journée de cette rencontre qui se déroule au Palais des Nations, la nécessité soulignée par l'ensemble des intervenants lors des rencontres locales de repenser les modes et moyens de gestions des affaires locales en impliquant tous les acteurs du développement. ‘'C'est le point focal autour duquel se dérouleront les assises régionales de concertation'', qui seront entamées la semaine prochaine à Ouargla, ajoute M. Babes. Au-delà du côté revendicatif qui a souvent marqué les rencontres entre le CNES et les représentants de la société civile locale, des points importants ont été soulevés lors de ces rencontres et seront ‘'inclus dans les résolutions finales de la concertation et pris en charge dans le cadre du programme national de réformes politiques», assure M. Babes, répétant que ces idées reflètent ‘'le niveau de la conscience politique'' de la société civile. Pour la prochaine étape de cette concertation entamée le 5 septembre dernier à Tindouf, dans l'extrême sud est du pays, ‘'ce sera une autre paire de manche tant en matière de démarche adoptée pour le déroulement des assises régionales que pour les idées, préoccupations et attentes exprimées'', affirme, en outre, le président du Conseil. La deuxième journée de cette dernière rencontre de concertation sur le développement local consacrée à la capitale se poursuit par l'intervention des représentants de la société civile de la wilaya d'Alger quant à leurs attentes en matière d'amélioration des conditions de vie.